Je ne dors pas beaucoup.
J’angoisse.
Je n’écris plus sur la liste.
J’ai perdu pied sans même creuser.
Faire et se défaire.
C’est ce qui me vient, je découds.
Je ne lis plus, je ne crée plus, je n’ai même plus faim.
Ce couvercle que je cherche à légèrement fissurer, m’est tombé dessus toute entière de la manière la plus sournoise qui soit : par l’enveloppe courrier recommandée accusante. Je suis entrée dans une anxiété sociale violente, un rejet de l’autre et de moi-même qui me laisse sans force et sans vie sur le canapé. Je sens physiquement le brouillard dans la tête qui m’empêche de bouger. J’ai commencé par fuir mon bureau qui donne sur la fenêtre dans une vue plongeante chez les voisins massacrant avec rage (et en jetant chez nous les branches, au passage c’est illégal) notre frêne, des bambous et les lilas (ceux-là même que ma voisine refusait que je touche parce qu’elle en aime les fleurs, et qu’elle a massacré lundi donc) – uniquement ce qui dépasse chez eux, et qu’on aurait dû faire ce week-end (mais nous étions trop pris). Leur inconstance et bêtise me sont devenues épidermiques, et je ne sais plus si je fuis le conflit de manière générale ou leur connerie de manière ciblée. La chape de plomb désormais en place me fait dire que j’ai élargi une partie de ce couvercle de la colère-rage. Ou il n’y a aucun rapport avec et simplement, je vais mal.
Je suppose que je ne devrais pas ignorer non plus l’impact de la périménopause, installée depuis 7 ans maintenant (je sais, j’ai commencé jeune) et qui en ce moment est particulièrement lourde. J’essaye d’y voir le signe que ça arrive en bout de course mais je ne n’y crois pas trop. J’ai l’impression que j’ai coché la case « pour 10 ans ». Pour démêler ce qui lui appartient, ce n’est pas évident. Est-ce que je pleure uniquement parce que les hormones l’ont décidé ? Est-ce que je suis épuisée, douloureuse, vacillante, insomniaque, anxieuse, angoissée, irritable, déprimée, stressée, sans aucune mémoire, seulement parce que mon corps joue à la corde à sauter ? C’est déjà compliqué de se connaître, de se comprendre, il faut encore y ajouter une cause santé.
Parce que je ne dors pas, l’infirmière me demande si je connais la mélatonine sauf que j’en prends déjà, je ne dors juste pas, même avec. Elle me suggère d’augmenter la dose et je songe qu’en effet pourquoi pas, pourquoi ne pas tenter d’assommer les idées les pensées la solitude les hormones les voisins la planète, assommer pour ne pas tomber trop loin. La nuit suivante je dors profondément par à coups, c’est étrange mais je me réveille toujours autant de fois avec autant d’insomnies derrière, associé à un besoin de dormir proche de la nausée. C’est impressionnant, la résistance. Mais ce sommeil plus profond lorsqu’il était là me fait du bien, c’est toujours ça. Dans la journée qui suit j’oscille entre un abattement féroce et une énergie minimale intéressante, je fais même des gaufres – bizarrement là-dessus, l’appétit était là.
J’ai rêvé que j’avais cousu quelque chose dans la chair de ma main, mais j’ai oublié tout le reste.
Des fils, des câbles.
Sur le dos de la main.
L‘importance était pourtant ailleurs.
Je remonte néanmoins, dans l’angoisse certes mais je remonte, et je ne sais pas si c’est parce que je le mets sous le couvercle ou si j’avance, juste. C’est tout le côté dramatique, je n’ai aucun recul pour le savoir, rien ni personne pour me dire que ça ira, que le voisin n’aura aucune nuisance possible en dehors de courriers pénibles, que je vais arrêter de devenir folle par hormones interposées, que les humains vont réaliser leur connerie et arrêter de consommer n’importe comment, qu’ils vont arrêter de se tuer, que chacun va enfin regarder le dérèglement climatique dans les yeux et le contrer, que nous allons prendre soin des arbres des plantes des animaux du vivant, que la planète va s’apaiser et reprendre par magie les cycles de saisons anciens, les guerres s’arrêter, le fascisme reculer. Je sais que j’ai forcé l’écriture pour ça, pour remonter, parce que je ne veux pas lâcher, et que ça aide d’écrire. Mais je ne sais pas si je fais les choses dans le bon ordre, si je n’ai pas, juste, encore empêché une émotion de s’exprimer.
Partages :
. Série : The Pitt (saison 1), ma critique
. Musique : Amenra – A solitary reign
Cette chanson me fait pleurer, chaque fois. Une souffrance et une délivrance…
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Je regarderai The Pitt, tu donnes vraiment envie. Mais je n’écouterai pas Amenra, bien entendu 🙂
« Avoir l’air intact en se blessant lentement. »
Rarement entendu un truc qui résonne aussi fort. Je la ressortirai lors des 250 entretiens psy qui m’attendent.
Merci ♥
Tu me diras ce que tu en penses ?
♥
Pour la mélatonine, mon papa avait eu des doses de cheval en prescription (plus proche des 7-8 g que des 1,9 g vendus en parapharmacie) et ça l’avait aidé à dormir au-delà de 4-5h du matin… si jamais cela peut être une motivation pour tester. Dans un autre registre, le boyfriend m’a offert de la tisane au CBD et ça ralentit presque physiquement l’angoisse : mon cerveau n’a plus l’énergie de boucler, les boucles de pensées s’évanouissent à mi-chemin. Cela ne dure pas très longtemps, mais le répit est agréable — et salutaire quand vient le moment de s’abandonner au sommeil.
Anyway, vivent les gaufres.
Merci beaucoup, j’ai lu ton commentaire hier et je me suis dit qu’effectivement j’étais loin du compte et j’ai encore augmenté ma prise : j’ai dormi, pratiquement d’une traite. Un seul réveil à 5h30 (ce n’était pas arrivé depuis si longtemps, habituellement je commence vers 1h), et encore je me suis rendormie (à 6h je ne dormais toujours pas, mais ensuite… pouf). Je ne l’ai pas vu venir mais j’aurais pu y penser : l’angoisse/panique a fortement diminué. J’imagine que je tiens une grosse part de son origine.
Je prends du CBD pour mes douleurs (en gouttes à avaler), mais je n’ai jamais testé en tisane pour me calmer. Je vais en parler à LeChat pour qu’il m’en prenne. J’espère que c’est agréable à avaler ^^’
(les gaufres chocolat chantilly, c’est la vie)
A mon avis, le manque de sommeil dévaste encore plus les choses qui sont parfois déjà fragiles… j’espère que depuis tu vas un peu mieux et que tu as retrouvé le sommeil
Ah oui The Pitt ! je l’ai récupéré, il faut que je trouve un moyen de la regarder confortablement (cad pas sur l’ordi, ça me soule) et j’écoute Amenra, je ne pleure pas (encore ?)
J’ai augmenté la mélatonine et je n’ai eu qu’un seul réveil cette nuit : c’est assez incroyable, de dormir. Ça m’a apaisé 75% des angoisses/paniques, je manquais « juste » cruellement de sommeil (il va quand même falloir que je m’occupe de ces angoisses, mais au moins maintenant c’est à un niveau à peu près gérable). Je ne serais pas très étonnée que ça soit aussi à l’origine d’un manque de concentration de plus en plus difficile à gérer. Rien que ce soir mon mari arrive derrière moi, j’écoute une musique sur le pc, le casque sur les oreilles à moitié retiré parce que juste avant j’écoutais de la musique sur le téléphone (mise en pause, quand même), et il me dit « mais tu n’étais pas en train de regarder une vidéo il y a 5 minutes ? » J’avais oublié, j’étais passée à autre chose parce qu’une idée était intervenue au milieu… terrible.
Bref. Je vais d’ailleurs aller me coucher ^^
Oh tu me diras ce que tu en penses ? Pas sur l’ordi ? Mais où alors ?
Va savoir sur quelle corde cette chanson appuie chez moi… ^^’