La maison de O. est assez impressionnante. C’est une maison ancrage, une maison tellement solide, avec des racines si profondément enfoncées dans la terre, on ne peut que bien dormir tant on se sent en sécurité. Plus que tout cela, c’est une maison gardienne. Je ne suis pas certaine d’avoir les mots pour exprimer ce qu’elle m’a fait ressentir, sinon ce bien-être puissant ; elle ouvre les bras et on peut s’y reposer du monde.
C’est une maison que j’ai connue il y a vingt-deux ou vingt-quatre ans, dans laquelle O. a fait tant de travaux, elle a abattu tant de murs, elle est désormais méconnaissable. Le résultat est très réussi (et s’il ne l’avait pas été, ça ne m’aurait pas regardé davantage, mais dans les faits, c’est superbe).
À l’extérieur le jardin est zen, agréable, posé, à l’image des murs qui l’encerclent. Le désespoir-épuisement de la veille a disparu, balayé par une maison qui apaise – j‘étais là où je devais être.
Au réveil, je suis sortie prendre quelques photos. Je l’ai fait un peu pour m’entrainer, un peu pour la beauté, un peu pour faire lien avec le lieu, ce n’était pas très clair et je n’ai pas creusé ; j’ai suivi le mouvement – avec le chien énorme et adorable sur mes pas, qui se demandait sans doute ce que je pouvais bien faire. J’entendais O. parler de la cérémonie à son père, depuis le Viet-Nam. C’est étrange cette fascination que j’ai pour les pays étrangers, cette joie d’être sur la route et découvrir l’ailleurs. Je ressens encore sur la langue, le goût de ce pays pendant que je cueillais son jardin en douceur.








Je me suis éloignée de O. sortie elle aussi, elle était toujours au Viet-Nam et ce n’était pas ma place. Je suis rentrée contempler les vestiges du mariage dans les pièces de la maison gardienne. Des bouteilles ou des verres étaient dispersées à des endroits improbables, déposant une pointe de souvenir très touchante dans l’espace.
J’y ai admiré les peintures de la mariée, de ses amies aussi, ainsi que les meubles anciens, avec la sensation, bien réelle, d’être au milieu d’antiquités. J’ai toujours aimé, vestige de ma vie avec ma mère qui récupérait toutes les vieilles choses. Elle avait trouvé un jour, dans les poubelles – elle faisait les poubelles, c’est aussi d’elle que je tiens de récupérer ce qui peut servir peu importe la provenance – un très vieux téléphone, noir, à cadran rotatif, sublime, le cliché du vieux téléphone dont le combiné repose sur le socle – il pouvait appeler, mais ne sonnait plus.
O. a conservé beaucoup de ce qui appartenait à sa grand-mère, lorsqu’elle a hérité de la maison. Elle oscille depuis entre modernité et passé, avec une belle harmonie.







J’apprends à débroussailler l’appareil photo, mais toujours il y a cette zone de flou généralisée que je n’ai pas encore comprise. Ça viendra.
Je retiens de ce mariage que O. a peu changé en ce qui concerne le consentement et l’ascendance sur autrui (un baiser obtenu sur insistance encore et encore sur une autre femme hétéro un peu sonnée ensuite, que je viens d’apprendre, qui s’ajoute à son ami jardinier), qu’elle n’est pas excusable ni de ce qu’elle m’a fait ni de ce qu’elle fait encore, qu’il était urgent que je guérisse de ce lien pour pouvoir accompagner la suite avec elle, qu’elle sera toujours dans le coin comme une sœur ou une cousine ou une sorcière ou enfin un lien indestructible avec lequel on se doit de composer les yeux grands ouverts même si l’amitié au cœur, que la perfection n’existe pas et chez personne, que je suis profondément autiste en société (ce que j’ai tendance à oublier tant je m’en suis extraite), que j’aime et j’ai besoin de passer par la photographie pour m’épanouir, que je vis pour les voyages même si la voiture me fait mal, qu’entrer dans un atelier m’anime profondément et que mon lien à la peinture me manque.

Smoke and shadow dance as one
Under moon or under sun
Chains will break, the past will fall
From the ashes I will call
Hear the crackle, feel the spark
A burning heart in the deepest dark
Raise your hands, ignite the sky
We live, we burn, we never die
I am fire, I am storm
A raging heart forever warm
Let the world be turned to gold
In the heat, my story’s told
I am fire, I am free
The flame of fate burns wild in me
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Dire que j’ai pris cet espace pour que tout fonctionne mieux que l’autre XD (je n’ai pas reçu ton commentaire par mail, vu par hasard). Je n’ai pas assez d’énergie pour gérer, ça va être là aussi repoussé aux calendes grecques.
Merci ♥
Il y a des endroits comme ça, solides, que l’on crée à partir de soi et qui sont des refuges pour soi et les autres.
Les photos/tes photos sont superbes. Et cette musique 💙
J’aimerais beaucoup que ma maison ressemble à un tel endroit, solide, ancré. Protecteur.
Merci beaucoup 🙂