Mardi 1 et la s(f)uite des jours
J’échoue à m’en sortir le premier jour sans tout faire planter (trois fois), mais je travaille enfin sur un blog dont tous les liens vont fonctionner. À terme. Si j’arrive à reprendre mes marques dans un monde qui a bien bougé en trois ans – ça me fatigue déjà. La canicule ne m’aide pas, je coule doucement avec le blog. Non mais vraiment, c’est quoi ça, Kubio. Là où avant je mettais les mains dans le code avec joie, je me retrouve avec une IA qui prend en main rien du tout, et certainement pas moi. Héberger mon espace devait me soulager, pas me compliquer la vie. Cinq jours passent avant que j’arrache Kubio et tente de reprendre un espace clair. Évidemment, le widget imposé a mis la pagaille en partant, l’enfer reste, mais moins. Je fais sans et c’est le bordel, alors je remets en place le widget et j’arrive à quelque chose de pas trop mal qui ne me ressemble pas, je ne sais plus où j’en suis.
Faites un blog.
– en réalité, c’est chouette, aussi
Je pense qu’il faut juste que je répare la page sans Kubio (mais il a tellement planté ses serres dans le blog, je peux mettre le thème que je veux, tout est planté sans lui). La joie du progrès.

La température affichée me choque tellement, je demande à mes beau-parents leurs propres mesures – identiques. La bonne nouvelle, la maison : l’inertie thermique fonctionne à ce stade, on garde nos 28° C même lorsque dehors ça continue de grimper de +4°. Je ne suis pas pressée de savoir à partir de combien on passe à 29°…
Les jours défilent et s’embrouillent les uns dans les autres, je ne prends pas de notes et je ne me souviens de rien. Je plonge dans la canicule et le blog, l’une et l’autre liés pareillement. Un après-midi où tout est noir et gronde, on attache sous la pluie les tomates trop libres. Il fait si chaud. L’orage éclaire ma fatigue lorsque je suis soulagée de m’en éloigner avec un livre. Le casque sur la tête et la musique dans les oreilles, je sens l’orage au-dessus de nous gronder à travers les vibrations dans le canapé, j’ai la sensation d’être intégrée à la colère du ciel, bien malgré moi. La chaleur regarde l’orage, s’esquive le temps de l’éclat, revient dès qu’il s’échappe. Dehors, il fait lourd et humide. Avec des branches brisées sur le terrain et les herbes couchées au sol, j’observe la conclusion de la violence des vents.


J’enchaine les chutes et les hausses d’énergie et chaque fois que la vue est dégagée j’en profite, je plonge dans mes retards. Je range enfin les photos d’identité de ma mère (mais juste avant, comme un animal, je sens si l’odeur de cigarette est là), et à l’avenant tout le bureau ; il retrouve une âme. Je rêve deux fois de Virginie comme si elle n’était jamais morte et je ne sais plus qui d’elle et moi à tort, me vient l’idée que je ne suis pas à la bonne place et je me décale de quelques mètres – ne suffit-il que de cela.
Au loin Kira s’effondre, en incapacité de sortir ; je tente d’écouter ses larmes et sa détresse, impuissante. Blanche la trouve recroquevillée dans un coin. Et pourtant malgré cet effondrement, elle a réussi à partir avec tout le monde ; je ne sais pas si elle le voit comme une victoire, mais moi, tellement..
Les jours se ressemblent tous dans la douleur, aussi. Les orthèses sont difficiles à supporter avec cette chaleur et pourtant bienvenues, l’ambivalence dans toute sa splendeur. Je suis censée avoir moins mal parce qu’il fait chaud, ce n’est vrai que si je me brûle les mains sur le tableau de bord de la voiture, je m’y collerais bien toute entière) ; la douleur reflue, puis revient lorsque je les retire. Je songe à offrir mes mains à la science – et le corps, tant qu’on y est.
Je plonge dans la musique, mais surtout avec Colt.
Lorsqu’il se l’est senti, LeChat a parlé à son patron de sa demande d’heures réduites, sachant qu’il lui serait difficile d’obtenir une réponse positive. Il lui donne étonnamment la réponse dès le lendemain (jeudi ?) : il veut le garder. Il veut tellement le garder, il lui crée un poste-horaires rien que pour lui. Nous sommes tellement bouleversés et soulagés, nous le fêtons au restaurant japonais – il fallait bien ça ^^
Vendredi 4
Chouette et moi prenons le bus pour PetiteVille, nous avons sa carte d’identité à faire émerger de la paperasse. Trente minutes avant le départ je m’aperçois que le bus de retour n’existe plus sous la même forme, ce qui change tout. Avant nous avions un bus, maintenant il y en a deux avec une pause d’une heure entre les correspondances. En pleine canicule, perdus dans la campagne. Je cours pour cuisiner un truc emportable et étendre la machine lancée, mais j’arrive à être à l’heure. Ces bus vont finir par disparaitre, à ce rythme. Le nôtre met dix minutes de plus pour arriver (soit 55 minutes au total) et le chauffeur demande même si quelqu’un va à (il cite deux lieux) et comme personne ne répond affirmativement, nous allons enfin au terminus (sinon on rajoutait encore combien de temps ?). Ubuesque, la question des arrêts escamotables. Si quelqu’un y attendait son passage, tant pis pour lui ?
À la mairie, nous vivons un instant de grâce. La dame a en main tous les papiers (prénom masculin, auquel on ajoute la lettre M de masculin dans la petite case genrée) et tout le long de l’entretien elle dit « elle » en parlant de Chouette assise devant elle, même pas habillée avec une robe. Nous n’avons pas compris, mais nous avons adoré.
Nous nous réfugions ensuite à la médiathèque, censée être fraîche comme une rivière mais pas tant que ça : panne de plusieurs climatisations depuis deux semaines (dommage, nous sommes là pour cinq heures). Je croise ma vidéothécaire adorée, nous discutons tant et plus, jusqu’à ce que nous parlions de la ligne de train qui relie PetiteVille à GrandeVille : mes deux annulations récentes de trains ne sont que deux parmi d’autres, ils sont effectivement en train de supprimer cette ligne du réseau ferroviaire. Des personnes se battent pour la garder, mais. Voilà qui va m’isoler (nous isoler) gravement s’ils vont jusqu’au bout.
Une médiathécaire passe à côté de moi, à la main elle actionne un petit ventilateur portatif. Il fait chaud, si chaud… les conditions de travail sont compliquées par un système vieillissant qu’il faudrait remplacer… ils n’ont, disent-ils, pas l’argent.
Je lis mon premier livre depuis.. je ne sais pas vraiment. J’arrive à lire des pages par-ci par-là, mais pas d’ouvrage en entier. La chaleur, sans doute ? Ou trop de choses à faire. Ici je suis obligée de me poser, je n’ai vraiment rien d’autre à faire qu’attendre que l’heure passe. Et c’est si agréable.
Samedi 5
L’extrême chaleur diminue grâce aux nuages installés dans le ciel, c’est un immense soulagement. On ne dépasse pas les 31°, je me surprends même à dire qu’il fait bon (alors que tout de même, je suppose qu’il fait chaud). Je crois que la chute de dix degrés me fut assez brutale ^^
J’appelle ma grand-mère, un peu perdue dans les heures. Elle ne voit plus, ni les personnes qui la touchent ni les lumières qui apaisent. Elle a sa presque nuit, ses ombres à peine. Il fait si sombre, je ne sais pas comment elle ne se noie pas entre ses pensées et le vide. Que fait-elle, entre le réveil et les repas, que fait-elle ? Que ferais-tu s’il faisait tout le temps nuit.
Dimanche 6
La grisaille est une couverture si puissante (d’ailleurs il fait un peu sombre), la température baisse de manière incroyable : à 16 h, il fait meilleur dehors (23) que dans la maison (27), la bascule est arrivée en 15 minutes. On arrête tout et on part marcher sous quelques gouttes de pluie, on mange des mirabelles sur le chemin (aller et retour), on parle de plein de choses, c’est tellement apaisant de remettre en fonctionnement ce corps qui en avait tant besoin.
Dès que le soleil perce les nuages, la température remonte sévèrement… un yoyo fatiguant. Le soir je suis sans énergie, j’ai froid. Je me retrouve avec une veste alors qu’il fait 26° dans la maison, je vois complètement l’ironie de la chose ^^’ Est-ce que mon corps le sent ? La pluie a finalement fait chuter la température, la nuit s’annonce basse… je ne réalise pas encore comme elle annonce la fin pour quelques jours, de la canicule – merveilleuse pluie.

Partage
. Création : Helvelle et Sylve
C’est enfantin, adorable.
(cliquez sur les images pour les trois vidéos d’insta, on y voit le processus créatif)
Je n’ai pas trouvé de site officiel, seulement Etsy et Pinterest (et TikTok mais là, c’est au-dessus de mes capacités de partage)


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beeeeeeuuuuaaaah !
(j’vois pas pourquoi on met des TW sur les araignées, mais pas sur les chenilles) 😀
Une vague de larmes intérieures quand tu évoques ta grand-mère. C’est douloureux, mais tes mots sont sublimes.
J’oubliais : qui est ce chat ? 😉
Aaaaaah mais je n’en avais aucune idée 😮 En effet, pourquoi ? ^^’ je prends une note mentale !
<3
C’est un jeune chat rencontré en promenade. Il était un peu craintif au départ (Chouette était sur patins, c’est bruyant et flippant) mais une fois seule avec lui, il s’est approché et j’ai pu le caresser ^^ (au retour, le chat noir et blanc était devenu beige, maison à chats visiblement 😀 )
Tout ce qui ressemble à un tube digestif, sur pattes ou non, me révulse. Je ne sais pas d’où ça me vient, mais tu peux être sûre que si je me retrouve avec un truc pareil sur les mains je crie en sautant partout 😀
Y’a quelques semaines j’ai vu mon premier mille-pattes. Heureusement qu’il était dehors, sinon tout le quartier m’aurait entendue 😛
Trop chouette tous ces chats ♥
Sublimes ces chansons… Elles me parlent toutes les deux.
Les instants de grâce sont rares, il faut les savourer. Ils nous relient à l’humain qui demeure quelque part, en chacun, mais ne se montre pas souvent.
Ravie qu’elles te parlent à toi aussi 😀
Je les chéris, j’en prends soin <3
Ravie de te découvrir dans ton nouvel espace 🙂
J’ai mis du temps à venir ici, quand je suis fatiguée ou mal, je n’arrive pas à lire les blogs, parfois c’est trop et je ne veux pas être dans un mauvais état d’esprit quand je viens te lire toi ou Kalys, je veux être bien et vous entendre. Donc je reviens mais visiblement j’ai du retard à rattraper. Au fait pourquoi tu as déménagé ton blog ?
J’aime beaucoup l’idée que tu viens lorsque tu es prête (je fais la même chose pour vous lire, comme pour répondre aux commentaires).
J’ai déménagé parce que l’autre m’agaçait sévèrement : la moitié des liens sont morts et il est impossible de réparer la chose, je ne pouvais pas choisir vraiment le thème du blog, impossible d’installer des extensions, etc. Pas libre. Ici au moins j’ai l’opportunité de tout casser ^^ puis de réparer par moi-même. Et surtout je me sens enfin chez moi, donc libre d’écrire.
Après, mon hébergeur semble avoir quelques ratés de temps en temps, rien n’est parfait.