Je crois que c’est une histoire entre la vie et moi, une relation lente, ou peut-être qu’il s’agit d’un manège qui tourne tourne tourne et je ne peux pas monter sans risquer la crise de panique et l’étalage au sol : je suis très en retard pour tout un tas de choses (lecture des blogs, commentaires ici, articles en souffrance, to do list longue comme le bras) et je crois, je compte le rester encore un bon moment il semble. Mais voici tout de même ces quelques phrases ou paragraphes pioché.es à droite à gauche le mois dernier lorsque j’ai pris le temps de les noter… (je voudrais écrire bien plus de choses dessus mais, le temps l’énergie la saturation. Alors c’est mal fait, c’est ainsi – dans le sens, jamais comme je l’aurais voulu, ce qui me fait questionner la pertinence dans le temps de cette catégorie).
Idée qui fait son chemin.
Au moment où je lis un article de blog et alors que j’étais également en train de penser – toujours deux choses à la fois – que j’allais détruire cette page-ci au moins, voir la catégorie entière, une phrase me percute que je tiens à partager (celle sur l’écriture). Et comme je sais exactement pourquoi je n’arrive pas à publier ma page (je suis lente, mais pas idiote), je supprime tout simplement ce que je n’arrive pas – plus – à partager ici. Parce que le nœud du problème est là. Je n’arrive plus à dire certaines choses, des épines longues comme des poutres qu’il me faudrait déposer et qui s’enterrent dans le silence. Cela ne me ressemble tellement pas – et cela fait pourtant des mois que ça dure. Peut-être même depuis que j’ai repris ce « nouveau » blog, je n’ai pas fait attention. Étrange vie que celle des traumas.
En résumé, je retire une citation et ce que ça m’a fait écrire. Et conserve ce partage qui me plait.

Des parents cherchent à faire disparaître le nom de leurs enfants autistes des listes de prises en charge pour empêcher leur stigmatisation.
– Chez Christine Jeanney
C’est tellement ce qui m’inquiète actuellement pour mes filles, leur diagnostic d’autisme comme la démarche trans : est-ce une bonne idée de signaler à l’état autant de choses qui lui déplaisent quand cela pourrait surtout créer une future cible dans leur dos. Si j’en suis personnellement à un pur questionnement rhétorique, de l’autre côté de l’atlantique la question n’en est plus une. Et ce qui advient quelque part finit régulièrement dans ton jardin.

Pour une fois, je suis représentée. Pour une fois j’ai l’impression d’être entendue. Je ne vais pas pouvoir poser des citations de ce qui est écrit sur cette page, sans y mettre tout le contenu. Je vous laisse lire Sophie Gliocas dans son entièreté.

Mais. Tellement.
On pourrait faire un dictionnaire de nos obsessions visuelles.
– Chez Caroline Diaz

95 % du temps, c’est exactement ce que je voudrais pour moi.
Tu veux dire. Mais tu veux qu’on t’oublie, ton existence aussi.
Te glisser près des pierres sans déchirer ta peau.
– Chez Si j’étais un arbre

Parfois il y a des personnes qui écrivent exactement là où j’en suis.
J’écris faute de peindre.
(..)La forme et sa correspondance.
Le temps qui mord en laissant tout derrière.
– Chez Si j’étais un arbre

(alors je réalise, ça devrait être une citation de juin mais elle m’a permis de réaliser ce qui m’empêchait l’envoi de l’article, donc sa place est là)
Avec Anh Mat, nous parlons de nos gestes, de nos pratiques d’écriture. Est-ce que l’écriture a besoin de devenir livre, quand elle existe dans l’échange, dans nos carnets, nos messages, nos marches. Je crois que malgré l’appréhension nous parlons sans doute la même langue, une langue pour comprendre, pour relier, une langue qui se passe de reconnaissance mais non de partage.
– Chez Caroline Diaz
Questionnement que j’ai souvent eu et qui ne demande qu’à s’étendre, est-ce que l’écriture a besoin d’être lue systématiquement, est-ce que parfois le but de l’écriture n’est pas uniquement d’avoir été posée, d’exister. Mais. Est-ce que là je n’essaye pas simplement de me dédouaner de tout ce que je peux écrire caché, puisque la force de toute créativité (thérapie ?) est d’être vue d’au moins une personne (à savoir, essentiellement soi-même, mais je me cache à moi-même lorsque je cache tout court ici, alors..). Oui, c’est la pagaille dans ma tête et aucune possibilité de mettre de l’ordre pour l’instant.

Alors je sais, ce qui suit n’est pas un blog, ce n’est pas un espace qui soit le vôtre. Mais tout de même, ça m’a parlé si fort, je le partage.
Ma belle-mère s’est abonnée à un magazine qu’elle me passe ensuite. J’y aime la langue employée, les personnes interviewées, la poésie qui se dégage de l’ensemble. J’ai pris un très gros retard dans leur lecture, alors même que je les aime énormément, ils s’accumulent donc sur la table basse ^^’ Petit extrait à propos d’une réplique du film Confession d’un enfant du siècle, Peter Doherty développe l’impact qu’elle a eut sur lui :
Je n’ai plus la formulation exacte, mais la phrase disait : « Un homme qui cherche à obtenir du pouvoir perd son âme en route.» À ce moment-là, j’avais 30 ans. J’étais vraiment heureux à bien des égards, mais je me retrouvais souvent avec mes démons. Je détestais le milieu d’où je venais et je me haïssais aussi. Je poussais mon corps et mon esprit aussi loin que je le pouvais. Cette réplique m’a permis de réaliser que ce mode de vie ne pourrait peut-être pas durer trop longtemps.
_ Que voyez-vous dans le miroir aujourd’hui ?
_ Je n’y jette qu’un coup d’oeil. Et je me préfère en plissant les paupières, pour y voir ce qui m’intéresse.
– Peter Doherty, dans le magazine Beau n°7, été 2024
J’ai l’impression que la pagaille dans la tête est plus large que je ne le pensais… ça part un peu dans tous les sens, navrée. Aucune envie de reprendre pour un article au carré, sans doute même aucune capacité de.
Et puisque nous sommes dans les citations, Mark Lawrence le dit sans doute mieux que moi, il l’exprime assez bien :
Kerrol, lui, nommait sa vocation la psychologie. D’après lui, il était dans la nature humaine de se sentir piégé, et c’était le fait de ne pas pouvoir poser les yeux sur la source de leur emprisonnement qui poussait les gens à se morfondre, en proie aux idées noires.
– Le Livre qui refusait de brûler
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Oh ! Mark Lawrence ! J’ai adoré sa trilogie « Le livre des anciens » ! Trop envie de découvrir celle de la Bibliothèque, du coup (comme si je n’avais pas une pile à ne serait-ce que me procurer longue comme le bras… :D)
Je ne le connaissais pas du tout ! Ce livre est superbe, esthétique comme style, hormis un problème de traduction sur les (moins de) cent premières pages, des phrases qui parfgois ne veulent rien dire, un peu pénible. Après ça s’estompe et je l’adore.
Une pile à lire ? Quelle pile à lire ? -_-
Mon frère vit aux Etats-Unis depuis plus de 40 ans et son fils est autiste. L’administration Trump veut faire un recensement des autistes à des fins prétendument statistiques, mais cela ressemble évidemment à une étoile jaune et à ce que les nazis ont fait pour les enfants handicapés. Mon neveu Gregory, qui a maintenant 34 ans et est parfaitement intégré dans la société, est très inquiet.
En te lisant j’en ai eu les larmes aux yeux.. il y a de quoi être inquiet. Ce monde va à sa perte, et en pleine conscience.
On sent – tu le dis – qu’il y a des choses que tu aimerais poser ici ou ailleurs mais ce n’est pas toujours facile les mots, de savoir où surtout et comment aussi.
Merci de garder cette page, on y trouve toujours quelque chose qui vient parler à soi, apaiser aussi quelques pensées sauvages.
Non ce n’est pas facile, tellement pas facile.
Mais je suis heureuse par contre, si ce partage apporte au moins à une personne, une résonance.
Je te souhaite de trouver le lieu, la manière, le moment pour pouvoir sortir ces maux, pour pouvoir libérer. On ne peut/veut pas toujours tout dire mais quand ce qu’on ne dit pas nous empêche, nous détruit lentement, peut-être alors qu’il faut trouver la voie pour la parole qui soulage.
Merci Dame, beaucoup. Il me faudra trouver en effet, d’une manière ou d’une autre..