Nous nous étions déplacés l’année dernière pour la même acrtivité (ou alors il s’agissait de l’année d’avant, c’est possible, je ne retrouve pas trace de photos pour me donner un début d’idée temporelle et là-dessus, je ne suis pas très bonne). Ce que je sais, c’est l’araignée. En février 2022, j’ai tenu ma première mygale (grise) dans les mains, en tremblant pas mal – la phobie qu’on tient à distance, ça fait danser les nerfs. Et quelque part entre 2022 et 2024, je l’ai tenue une seconde fois afin de m’assurer que je la tenais toujours à distance cette phobie, et c’était au milieu des rapaces de cela je suis certaine. Mais quand, mystère.
Il sera aujourd’hui aussi question des mygales, mais je vais mettre les photos sous scellé, promis : tu ne verras que si tu le souhaites, comme ça pas d’angoisse.
Le soleil n’était pas au rendez-vous, le temps était couvert et les photos sont relativement sombres. Pour les curieux, j’ai shouté au 105 mm, l’objectif que j’utilise pour un peu tout. Sur la photo mise en avant de l’article, on voit un enfant embrasser la chouette effraie : il s’agit du fils de deux des fauconniers. Enfant que j’avais vu endormi en poussette, la fois précédente.. le temps passe.

Pour la fête de la nature, la fauconnerie Gryffondor a été invitée. Tout de suite, un peu de magie nous frôle avec les ailes des rapaces, on ne peut le nier. C’est un peu étrange, mais j’ai observé ces oiseaux avec tristesse le plus souvent, parce que leur cage, leur lien, leurs humains attachés et les pattes liées. Et sans doute est-ce lié à mon angoisse de la veille et des oiseaux mourant de faim, un peu partout…
Ils nous présentent quelques oiseaux, parmi ceux qui acceptent de voler. La jeune femme nous l’annonce tout de suite : nous n’assisterons pas à un spectacle. Les rapaces ne sont pas affamés afin qu’ils soient certains qu’ils volent d’un fauconnier à l’autre comme c’est le cas ailleurs, ils sont bien nourris et travaillent seulement s’ils le souhaitent.
La fauconnière a quelque chose de l’ordre de l’oiseau, ici, j’imagine qu’à cotoyer les rapaces, on en intègre des postures, des regards. Une prestance. Est-ce qu’elle parle chouette ?



Cette petite chouette effraie a une jolie histoire, d’ailleurs. Elle leur a été offerte par un fauconnier qui ne la supportait plus : elle était agressive, refusait de travailler, mordait, griffait, il n’arrivait pas à en tirer quoi que ce soit – moi aussi j’aurais mordu, griffé, et j’aurais refusé de travailler avec cet homme. En dessous des mots j’ai cru entendre la maltraitance, la malnutrition – peut-être que l’homme mordait griffait à sa manière. Ils l’ont nourrie mais surtout, ils l’ont laissée tranquille pendant très longtemps, jusqu’à ce qu’elle ait l’envie d’être avec eux, de s’approcher. Jusqu’à ce que, d’elle-même, elle ait l’envie d’aller de l’un à l’autre, sans contrainte, devant un public.
Il faut la voir voler, légère et fine, pour saisir toute sa délicatesse.



La chouette effraie retourne sur son perchoir, et un hibou nous est présenté. Celui-ci je dois reconnaitre qu’il a une prestance, une présence, qui se rapproche de l’engueulade. Je me suis sentie jugée. La chouette effraie était gracile, le moyen duc est bien plus sévère. De l’ordre du renfrogné. Il est majestueux et il le sait. Son vol est plus rapide, moins discret, je rate toutes mes photos en plein vol – il vole aussi moins longtemps que la chouette, il n’est pas très motivé. Et puis il a repéré des chiens et à partir de là c’est plus compliqué. La jeune femme a bien dit « cachez vos chiens » et un homme a eu le réflexe de lui mettre la main sur les yeux… ce n’est pas ce qu’a dit la dame, pas du tout. Elle ne craint pas pour ses oiseaux, mais pour les bêtes à poils ^^ Toute une affaire de l’en détourner. C’est un prédateur certes, mais le rapace peut attaquer.
Si quelqu’un a vu Grey’s Anatomy (j’ai adoré cette série, je suis faible et j’assume), le fauconnier a un petit quelque chose de Jesse Williams (alias Dr.Jackson Avery) (je suis dingue du regard de cet acteur, je suis faible et j’assume aussi).





Le suivant à être présenté est un.e faucon pèlerin, et je crois que je n’avais jamais réalisé comme c’est un oiseau immense… Elle est en tout cas extrêmement bavarde. Il est facile de savoir où elle se trouve à tout moment, elle parle, elle parle, elle parle… elle a beaucoup à dire.


Je n’ai pas retenu le nom de l’oiseau qui suit, je ne sais pas comment j’ai fait pour l’oublier. Je vais l’appeler « rapace » au moins je suis sûre de ne pas me tromper ^^ C’était sa première fois devant un public, et il s’en est donné à cœur joie : les chiens l’ont bien intéressé (et pendant un bon moment, plus moyen de le faire voler). La fauconnière se met donc à parler. Elle nous explique qu’ils sont attachés parce que ce sont des oiseaux très territoriaux et qu’ils pourraient se battre, mais qu’ils sont libres de voler comme et où ils veulent. C’est donc tout naturellement l’instant choisi par ce rapace pour s’envoler de nouveau, et de préférence ailleurs : sur le toit. Le faire revenir n’a pas été une mince affaire, et je n’avais pas avec moi le gros objectif pour le photographier là-haut.

Extrêmement expressif lui aussi, il explique clairement que la selle du vélo ne lui revient pas ou qu’il préfère rester dans l’arbre, ou encore que la forêt l’attire particulièrement. Personnellement, j’ai la fausse impression qu’il sourit, un peu comme si nous étions un bon repas ou qu’il se savait plus fort.




Le spectacle qui n’en était pas un se termine, sous les cris des oiseaux qui continuent de voler plus loin ou de s’exprimer, notamment la fauconne crécerelle – une alarme sur plumes. Nous passons voir Pascal et toutes ses bestioles, même si je ne suis jamais certaine de savoir ce que je pense exactement de sa manière de les traiter ou de sa propre personne. Il y a quelque chose qui ne va pas, mon alarme se déclenche chaque fois que je le vois. C’est un copain de mon beau-père, pas de ma belle-mère – et je soupçonne, pour la même raison elle et moi, même si je sais qu’elle ne sait pas dire pourquoi. Moi je sais, avec précision. Je crois que les animaux l’empêchent simplement d’être une autre personne, et c’est très bien. Parfois, c’est une bonne chose que des animaux soient enfermés si ça protège de quelque chose de plus grave encore. Cela me reste détestable et cet ensemble m’est difficile. Je vais le voir pour continuer le travail sur ma phobie, pour être sûre qu’elle ne se réinstalle pas en douce. Et parce que je sens une résistance en moi, justement, alors je lui demande de prendre une mygale. Comme il sait que les deux autres fois j’ai eu la grise très calme, il me dépose la noire et orange, plus active. Qui pour l’occasion, reste assez calme, c’est raté pour la gestion de la bestiole qui me marche dans les mains… elle n’a fait que bouger deux pattes.
Une main n’y suffit pas, il faut mettre ses deux mains bien à plat. Elle ne me voit pas, je ne suis qu’un support.. cela reste perturbant.
Photos des mygales (cliquer pour les voir)
Dans les mains de Kira :
Dans les miennes :


Je n’irai pas jusqu’à dire que j’avais envie de la caresser, et même si en ressortant j’avais un peu les mains moites, je m’en suis très bien sortie. Je n’ai plus vraiment peur, disons qu’il reste en creux une petite appréhension. J’ai également pris un gros scorpion noir dans les mains ; je n’ai ressenti pour lui qu’une immense curiosité. Son nombre de pattes ne m’a pas intimidée, c’est donc vraiment une question de forme, la phobie de l’araignée – ou ce qu’il en reste.

J’ai observé les serpents de loin, pris d’assaut pas des adultes en adoration ou anxieux ; je sais que de ce côté je n’ai rien à travailler non plus (et qu’ils sont lourds dans le cou, autant éviter). Nous avons quitté les stands puis le parc, riches de nouveaux souvenirs. Et même si j’ai cette difficulté avec les animaux privés de liberté, j’ai aussi une ambivalence certaine et j’apprécie de les voir, simplement. C’est comme recréer un lien au vivant, un peu tronqué mais pourtant précieux.
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Tes photos sont vraiment belles et le gros plan sur le hibou porté par l’alias du Dr. Avery m’a fait rire. Je l’imagine nous apostropher : Oui, je kiffe Grey’s Anatomy et alors ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
Moi aussi, j’ai bien aimé la série — enfin les saisons que j’ai vues avant de la perdre de vue. J’adorais le côté faussement froid du personnage de Cristina Yang, notamment (peut-être juste neuroatypique, maintenant que j’y repense).
Merci d’avoir caché les photos de la mygale, je crois que je n’aurais jamais poursuivi la lecture de l’article sinon. Voir la bestiole bouger ses pattes suffirait à me faire frémir de peur et de dégoût, l’imaginer frôler mon pied en chaussette m’arracherait des hurlements, alors je n’ose même pas imaginer la sentir dans mes mains nues, ça me semble de la science-fiction qu’une ancienne arachnophobe puisse décider de s’y exposer d’elle-même.
Merci beaucoup ! Mais oui, tellement 😀
Complètement neuroatypique pour moi, je confirme l’impression. Pour l’avoir vue jouer dans une autre série, il me semble que c’est l’actrice elle-même qui est concernée (et non le rôle).
Je comprends tellement… je me souviens très bien de la panique pour une photo sur un magazine (que j’envoyais voler à travers la pièce par réflexe).
C’est parce que j’ai avancé sur la phobie, que j’ai passé le cap de la prendre dans mes mains la première fois. Les deux fois suivantes, c’est pour être sûre que ça ne revienne pas. Mais je comprends que ça paraisse dingue, je sais même intimement que c’est dingue. L’arachnophobe en moi n’est pas si loin, elle se crispe encore même si elle me laisse faire.
C’est vrai que Sandra Oh avait les mêmes attitudes révélatrices dans The Chair (Directrice en VF, je regrette que la série n’ait pas été poursuivie). Difficile cependant de savoir si l’actrice est ainsi ou si, ayant joué une fois cette partition, elle a ensuite été castée dans des rôles similaires (dans Grey’s Anatomy, son personnage est clairement écrit en ce sens).
Comment as-tu avancé sur la phobie ? Est-ce que c’est quelque chose que tu voulais profondément surmonter ? Est-ce que ça s’est fait tout seul petit à petit ou as-tu dû demander de l’aide ? Maintenant que j’ai été confrontée (seule)(en hurlant) à de grosses araignées poilues qui font du jus quand on les écrase, je tolère mieux les toutes petites toutes fines et leur laisse la vie sauve tant qu’elles ne sont pas trop proches du canapé ou du lit (par contre, ça fait plus de toiles à aspirer).
Pareil, j’avais beaucoup apprécié cette série. C’est possible en effet que ce soit un « problème » de rôle…
Il y a eu plusieurs étapes, dont une indépendante de ma volonté : on a emménagé dans un hameau de trois habitants, dans le Cantal. La maison était à côté d’une ferme, ce qui impliquait des millions de mouches, et donc d’araignées (maison gruyère) et ce malgré les moustiquaires que nous avons installées. Faire trois pas dans une pièce, c’était risquer de se prendre en pleine tête une araignée sur son fil. C’était effrayant. Elles se promenaient partout, tout le temps. Beaucoup de crises de nerfs, j’étais terrifiée pour dormir (quand je dis partout, c’est partout). On est resté 6 mois, ce fut éprouvant. On a fui (pour cette raison et surtout d’autres, comme la maison impossible à chauffer, elle ne gardait pas la chaleur), mais j’ai survécu aux araignées : je suis sortie de là en ayant toujours peur d’elles, mais beaucoup (beaucoup) moins.
Conclusion, y être confronté régulièrement, ça aide.
Ensuite Kira a développé un amour passion pour elles : plus elle m’a montré de ces bestioles, plus je me suis calmée (étalée sur une année ou deux), jusqu’à atteindre un palier qui ne baissait plus. C’est là que j’ai réussi à prendre la mygale dans les mains. Après elle, la phobie a encore régressé, avec parfois quelques sursauts. D’où la deuxième prise dans les mains, puis la troisième. Pour ancrer.
Je pense que de se confronter à elles, avec le temps ça apaise le plus gros de la phobie : le cerveau le voit bien, on est toujours en vie. Et ça fait du bien de réagir plus calmement ! De même que visiblement, désormais les petites sont acceptables pour toi.
Chez moi aussi maintenant je laisse des araignées dans des coins, elles mangent les moustiques ça me va 🙂
Des photos magnifiques et j’ai appris quelque chose sur le vol des rapaces – pas certaine de pouvoir regarder à l’avenir un autre « spectacle » en sachant cette vérité là. Je sais qu’il y en a d’autres que je préfère sûrement ne pas voir – car que dire d’un monde qui met l’animal en souffrance pour le ‘plaisir’ des yeux humains?
Bravo pour avoir tenu cette mygale dans ta main! Pas phobique des araignées mais ça me rappelle ma phobie des chats…
Merci 🙂
Oui c’est dur, très dur, une fois qu’on sait. J’ai arrêté beaucoup de choses comme ça, pour ne pas risquer d’envoyer un message « je cautionne ». Mais il y en a sans doute tellement qu’on ne sait pas :/ Cela demande en permanence de réfléchir, se poser des questions, chercher. Quel monde lamentable, souvent.
Merci ^^ Oh mince… des chats ? Ça doit être dur ça. Du coup, est-ce que c’est difficile pour toi que je mette des photos de Corail ?
Tout comme toi, j’ai appris à composer avec.
Fut un temps je ne pouvais pas aller chez des personnes qui avaient un chat ou il fallait l’enfermer dans une pièce et encore l’angoisse était là pendant toute la durée de la visite. J’ai le souvenir d’une voisine qui mettait son chat sur le pallier avec sa litière quand ses enfants lui rendaient visite, pour sortir et rentrer dans mon appartement c’était un enfer. Je pouvais rester des heures derrière ma porte à trembler avant d’oser sortir.
Et puis un jour je me suis rendue compte que toutes mes amies sans exception avaient des chats. Donc petit à petit je me suis habitué à leur présence, à les voir passer entre mes jambes, à les caresser.
Je ne suis pas encore 100% à l’aise, c’est à dire que si je vais chez des amies, je ferme toujours la porte de ma chambre. Me retrouver avec un chat près de mon lit en pleine nuit reste une angoisse. Mais je peux vivre avec et je n’ai plus à appeler quelqu’un quand j’en croise un dans une rue!
Oui d’accord je vois. Tu as beaucoup avancé sur ta phobie, franchement bravo, je sais comme c’est dur. Des chats, il y en a partout et chez plein de personnes :/ Et cette voisine, quel sans-gêne tout de même, le palier n’est pas un espace personnel 🙁
Au final on a travaillé notre phobie de la même manière : par confrontation involontaire ^^’
Ah je n’aime pas trop les spectacle d’oiseaux non plus, justement parce qu’ils sont attachés… mais celui-ci a l’air bien, j’aime leur état d’esprit. Tes photos sont magnifiques et je crois comprendre que tu as autant craqué sur les oiseaux que sur le fauconnier ! 🤣
Pour le rapace dont tu as oublié le nom, je trouve qu’il a la physionomie d’un aigle mais je ne suis pas spécialiste…
Mais ils étaient mignooooons 😀 c’est une bonne excuse ça !
Je suis d’accord, il a tout de l’aigle ! À un moment je prendrai le temps pour chercher vraiment.