[TW œufs d’araignée dans un cocon en fin d’article du 27 mars, on n’y voit aucune araignée]
Lundi 24 –
L’infirmière passe, pique, part. Le produit s’est dilué avec elle, je ne suis pas sûre qu’elle soit restée dix minutes ; petit fantôme que je ne saurais pas reconnaître dans la rue. Cette fois tout s’est bien passé. Cette fois, pas de malaise, de billes coincées dans l’aiguille, de piquer-repiquer, elle dit en riant « en trois mois je me suis entraînée » et peut-être ce n’était pas seulement pour en rire – ce produit est compliqué.
Nous lui rappelons qu’elle ne s’est pas payée la dernière fois (trois mois… déjà ?) et nous répond que ça ne sera pas cette fois non plus, elle n’a pas sa machine. Elle me lance un regard en coin et me dit, est-ce si grave, ce qui me rend au silence. Je ne sais pas. Je ne sais pas si elle a besoin d’argent, s’il est attendu ou non d’être payé lorsqu’on travaille, je ne sais pas si ça l’est, grave, j’aime que les choses soient justes. J’entends que la question ne doit plus être abordée.
Je me demande ce qu’il se joue pour elle.
Je décline belle-maman pour une course, je marche un peu trop et la douleur me revient, j’admire des boules de nuages saisissantes et j’oublie de les photographier (j’en attrape d’autres), je joue à un jeu de société pour faire plaisir à LeChat et finalement j’apprécie là où je pensais me crisper, j’allonge la douleur, je fouille dans ma liste d’epubs à lire, j’écarte des lectures d’autrices qui m’agacent sans les passer sous les yeux (fière je suis), je dessine juste un peu et c’est la trentième fois de l’année, je plonge dans deux langues, je prépare la nuit sans LeChat – à moins qu’il n’arrive à venir dormir par intermittence.
(il n’a eu qu’une seule sortie, à minuit, il a donc dormi contre moi)


Le soir je montre aux adoes Bienvenue à Gattaca, film qui m’avait marquée il y a bien vingt ans. Je suis ravie de l’avoir revu.
Mardi 25 –
J’ai perçu le glissement, promesse d’une guerre non imminente mais tangible, menaçante dans un frémissement dont nous ne sommes plus coutumier. Je me suis dit que je pouvais bien être un tout petit peu suédoise et ainsi mettre de côté de la nourriture pour une semaine moi aussi. La différence est que je peux me permettre de l’étaler dans le temps, une chose et une autre à chaque courses. Au grenier, un carton alimentaire pour un jour d’effondrement, sur mon bureau un cahier de dates de péremption.
Il ne s’agit pas d’être pessimiste. Seulement organisée.
Cela m’a fait prendre conscience que nous étions à flux tendu, les courses sont pour la semaine. Nous n’avons rien en cas de problème (aléatoire, sans même se tourner vers la guerre). Nous aurons désormais de quoi nous nourrir (sur un temps court) sans cuisson. Et de l’eau.
Il a fallu à la mutuelle trois messages et le dernier n’était pas aimable, pour obtenir gain de cause. Leur manque de coopération fut flagrant. 1) Pas de remboursement de la couronne dentaire, donc j’envoie un message. Réponse : facture ? 2) Envoi de la facture de près de 600 € puisqu’ils persistent dans leur « je ne vois pas de quoi nous parlons » alors qu’ils me donnent une date que je n’avais pas précisée, ils ont bien tout de leur côté. Réponse : « désolé mais nous ne pouvons pas rembourser les 30 € que vous demandez, cela ne fait pas partie de votre niveau de mutuelle » je vais les maudire sur plusieurs générations 3) je leur demande s’ils se moquent de moi, de manière aimable agressive. Réponse : aucune. Ils ont versé la somme sans même se fendre d’un message.
Le soulagement est puissant, je n’avais pas saisi que ça me pesait. Mais je suis particulièrement agacée, aussi.
Emportée dans mon élan, j’envoie un message jusqu’en Chine à la recherche du colis cosplay disparu invisible.
Je découvre que le fond d’écran de mon téléphone détermine les couleurs de toute son utilisation. Avant il était dans les teintes orange, mon téléphone aussi. Le nouveau est dans les tons bleus… mon téléphone aussi. Je trouve ça bizarrement fascinant.
Mon beau-père nous amène le seul rescapé d’une couvée que nous avons essayé de sauver (durant son absence-vacances) avec Kira, la cane ayant soudainement stoppé sa couvaison. Je n’ai jamais vu un caneton venant de naître aussi vif, il piaille, bouge, saute, nous observe, tente de manger une lanière de mon pull, je voudrais le sauver de la casserole – je voudrais les sauver tous.

LeChat répare la pompe enterrée du puits canadien, casse les deux tuyaux fragilisés par le temps, remplace le tout à la pioche.
De n’avoir plus de douleur bloquante, j’en fais trop juste par joie libre. J’arrache des herbes sauvages à plusieurs endroits du potager, en fais un tapis sous quelques arbres, déplace deux plants de fève dans le passage d’un tuyau enterré, marche sur un chemin boueux et nous rentrons sous la pluie, cuisine un plat riz carottes oignons et sauce curry presque maison (à partir d’une pâte au curry japonais trouvée du côté de Paris) (un régal), fais la vaisselle alors que mon énergie est clairement absente. J’ai mal aux mains, un peu au dos, je vais bien. Parfois, lorsque le couvercle se soulève il y a juste ce confort extraordinaire de ne pas souffrir et d’avoir une vie.
Je délaisse le japonais et je lis Libres ! d’Ovidie avec la sensation de jouer à la bonne élève. Je voulais le lire avant la rencontre, je suis un peu juste.
Mercredi 26 – Soupir(s)
La rapidité… Au réveil, un message de Chine me parvient et je m’aperçois que j’ai oublié de réécrire mon message en anglais ; j’aime beaucoup écrire en français puis en anglais le même message, afin de permette à la personne en face de me répondre dans la langue qui lui convient le mieux. La réponse est en français, mais je sens que ce doit être une traduction. De crainte de vexer la personne qui a eu la correction de me parler dans ma langue (tous ne le font pas), je reste en français.
Iel s’excuse, il y a une production de 7 à 15 jours et ils ont eux-même pris du retard. Je vérifie, il est écrit 1 à 2 jours sur le site, ce que je signale gentiment. La commande partira mardi prochain (je me demande si mon colis n’a pas été oublié, en réalité, ça fait trois semaines) et il me demande si je peux encore attendre. Je trouve tellement douce la formulation.
Je demande s’il est possible d’envoyer le colis sur un lieu où je suis, puisque je ne suis plus à l’autre. Je n’explique pas la Paris Manga, le cosplay cousu main, l’attente, la déception, la joie d’avoir porté un cosplay fait par nous, je ne dis rien des émotions mais tout de même, s’il était possible de me l’envoyer ici, ça m’aiderait. Je précise que si ce n’est pas possible de le changer, je me contenterai de l’ailleurs.
La mutuelle me rembourse enfin l’argent qu’elle me doit, je suis tellement soulagée je pourrais en parler des heures – je me fatigue toute seule.
Aujourd’hui il n’y qu’A.M. et Maa avec moi. Je m’étais promis d’y aller doucement mais la conclusion est que je ne sais pas m’arrêter : il y a du travail, je le fais. Je ressors de la matinée avec une grosse douleur dans le dos (parce que j’ai continué à travailler lorsqu’elle était encore légère). Je n’ai aucune excuse et je ne sais pas comment me protéger de moi-même.
A.M me raconte comment s’est déroulé la semaine dernière (où je n’étais pas, puisque mon dos) et c’est déroutant. AnMA lui a crié dessus que.. et bien, tout était inadmissible : venir alors qu’il n’y a pas de travail (ça n’arrive quasi jamais, et on ne peut pas le savoir à l’avance), mal se parler entre bénévoles (qui ? je suis hyper vigilante), la renvoyer chez elle lorsqu’elle vient pour la vente (elle n’est de vente qu’avec A.M. justement, c’est donc étrange puisque ce n’est jamais arrivé). Quinze minutes d’orage, sans obtenir de réponse. Je me demande si elle avait toute sa tête lorsque c’est arrivé. La suite promet, en tout cas.
Entre la vaisselle à laver et les cartes de bus à retrouver, je referme le dernier chapitre de Libres ! un peu perplexe, déjà parce qu’il n’y a pas de conclusion. Il n’y a pas non plus de solutions, et là c’est plus problématique. Si j’apprécie que soient pointés du doigt les zones grises voire noires, ou encore les zones pornographiques et/ou publicitaires de notre environnement (à fortiori sexuel), j’aurais apprécié bien plus encore des portes de sorties pour celles qui s’enlisent. Je ne me suis pas sentie très concernée non plus, j’ai trop défait les nœuds ces vingt dernières années – et les mecs avec. Tout de même, ça manque de solutions. Dire que ça ne va pas devient un peu trop simple et rabâché, ou alors c’est seulement moi qui ai besoin d’aller plus loin.
Mes tickets de bus, et il y en a pour à peu près 14€ minimum, ne sont plus valables, la machine les refuse. Je déteste cette ville, parfois.
J’arrive devant la porte du forum pour Libres ! mais elle est fermée à clé, tout le monde attend à l’extérieur qu’une personne actionne la précieuse entrée. Lorsqu’ils ouvrent à 14h30 (c’est à dire à l’heure indiquée sur le journal du festival), ils laissent passer deux journalistes badgés puis ils disent que c’est complet. Une dame s’énerve et je la comprends tellement, elle voudrait bien qu’on lui explique comment il est possible que ce soit complet alors qu’ils ouvrent à l’instant et que personne n’a pu rentrer – étrangement les journalistes ne comptent pas. On ne saura pas, elle refuse de répondre. L’obscure organisation de la commune a encore frappé, c’est plein alors que tout le monde est dehors. Incroyable.
C’était fermé pourtant des gens sont rentrés, par une autre porte.
C’était à 14h30 pourtant des gens sont entrés avant l’heure et ils n’ont pas été vus.
C’était sans réservation pourtant des lycées ont eu des places réservées (au moins deux).
C’était sans réservation pourtant des journalistes sont entrés avant et à l’heure.
Ils font venir une personnalité de renommée pratiquement internationale et ils prévoient une salle de 120 places.
Je me demande si réellement une personne ordinaire a pu entrer, en dehors des réservations qui n’auraient pas dû exister.
Pas d’Ovidie pour nous, alors.
L’organisatrice dit « si vous attendez quelques heures vous pourrez la voir quand elle sort » et nous avons toutes (oui, il n’y a que des femmes, les deux mecs étaient les journalistes) envie de rire de frustration, ce n’est pas la voir que nous voulons, mais l’écouter, une dame le lui jette à la figure et j’approuve – non le jeté, mais les mots. Une autre signale que tout le festival est un peu comme ça, il est compliqué d’entrer quelque part. Quoi que je fasse dans cette ville, quoi que je veuille voir ou écouter, c’est une catastrophe pour une raison ou pour une autre. Je me questionne fortement sur la nivellation vers le bas de la culture dans ma région, si les coupes budgétaires ne sont pas à l’origine de ces expo qui n’en sont pas, de ces salles trop petites, de la pauvreté de ce qui nous est souvent proposé. Une expo interactive sur les insectes est proposé par le centre culturel de la ville, mais à chaque fois on ressort tellement perplexe et frustré de ce lieu, cette fois nous n’irons pas voir ce qu’ils ont installé (d’autant que pardon, je les préfère vivants). Parce qu’il y aura trois stands dont Pascal qui met dans mes mains une mygale mais manipule ses bestioles sans aucun respect, et ça sera tout, qu’on sera déçu d’avoir perdu ce temps précieux à ne pas vivre autre chose. Comme chaque sortie ici. Je suis faite pour vivre la culture à Paris.
Le four est récupéré. Il trône nonchalamment au milieu du salon. Comprendre, en l’état il ne sert à rien. J’ai ce besoin insupportable de faire les choses lorsqu’elles sont là, mais je n’ai pas la capacité de le porter, de l’installer – tributaire du temps et de l’énergie de LeChat. J’ai la satisfaction de le déballer, le toucher, percevoir l’aura qu’il a. Il me va.
Je dis, « demain je fais une fournée de biscuits » et Chouette commence à m’expliquer comme je raconte n’importe quoi quand même, et les livres, j’ai pensé aux livres derrière le four ? avant de réaliser que je plaisante. Littérale, toujours… LeChat rigole tellement, il crée une pancarte avec sa plus belle écriture :


Jeudi 27 – remises en question
Dans mon rêve, je m’occupais d’une petite fille à la place de ma famille et je devais y mettre beaucoup d’énergie pour l’occuper, être présente, la protéger (l’importance de la protection était énorme), j’y passais toutes mes heures, toute ma vie, et ma famille nous regardait de loin. Tante-presque-gentille fait alors tomber des objets (des choses incongrues inconnues), je veux l’aider à ramasser mais je suis seule à le faire je m’en aperçois. Une fois que j’ai tout remis dans son panier, elle me dit qu’ils n’étaient pas comme ça. Agacée je balance au sol tout son contenu et je ramasse en emboîtant les objets ensemble mais je suis seule de nouveau alors j’arrête, qu’elle se démerde, me dis-je, j’ai déjà assez à faire avec la petite.
Au réveil, la Chine. Pour moi ils écrivent la nuit, là où pour eux le jour est présent. Je trouve cela magnifique, la nuit me parle en français. Iel s’excuse de l’erreur sur le site, me remercie de l’avoir vu, ils ont corrigé. Iel change le lieu de l’envoi sans souci et me propose même 6 € de dédommagement sur les frais d’envoi plus rapide (de 10€ plus élevés, dont j’avais fait le deuil) tout en conservant l’envoi rapide. Je l’apprécie beaucoup, je voudrais l’envoyer vers ma mutuelle pour qu’elle prenne des cours de savoir-vivre auprès d’iel.
Parce que ma mutuelle ce matin m’écrit – et en français mais bizarrement je ne m’extasie pas. J’imagine naïvement qu’elle me dit que c’est fait pardon. Pas exactement en ces termes, en fait. Elle me dit « Bonjour, vous nous avez transmis une demande de remboursement dentaire. Après vérification de votre dossier, nous vous informons que les soins du 10-01-2025 et 24-01-2025 ont déjà fait l’objet d’un remboursement de notre part le 21-03-2025. Cordialement. ». Le 21 mars, c’est la date de ma réclamation énervée. Le remboursement a eu lieu hier (26). Ils sont en tort, mais je suis celle qui exagère à demander un remboursement qui a pris deux mois au lieu de quatre jours. Je n’en peux plus. Sachant que quatre personnes différentes ont répondu de manière lunaire à chacun de mes messages, il y a une véritable volonté de la part de la mutuelle à ne pas rembourser ce qu’ils doivent et à ne pas l’assumer, surtout, quitte à faire passer leur client pour un imbécile profiteur – autant de mauvaise foi, ils devraient donner des cours. Je vais désormais être tellement derrière eux, je vais les saouler sur le moindre centime : ils vont regretter de m’avoir énervée. J’envisage bien de les quitter, mais quelque chose me dit que la situation n’est pas forcément plus glorieuse ailleurs – je vais me renseigner.
Qu’importe, je sens les nœuds se défaire de toute part et ça fait du bien.
J’étends le linge dehors et en simple tee-shirt à manche longue, dans la maison il fait 20°. Je réapprends la caresse du soleil, l’infini chant des oiseaux, la douceur d’être sous un vent léger. Je pourrais danser de joie.
Elle me demande, je peux t’appeler ? et l’angoisse m’explose la poitrine comme si j’allais me faire tuer dans une ruelle sombre. Des jours que je vivais sans, ça ne tient pas quelques mots pixelisés sur un écran. Est-ce qu’elle m’a entendu rêver ? J’ai répondu, bien sûr. J’ai répondu que j’allais bien, j’ai répondu à toutes les questions, je n’étais pas ravie de l’entendre mais de m’entendre non plus, j’ai écouté son mal de dos et elle n’est pas allée mieux après, j’ai dit, à bientôt, même si je sais que bientôt sera jeudi, de fait – à moins qu’elle ne saute l’anniversaire comme un mouton endormi. Habituellement, elle y pense. J’en suis à vouloir que personne de la famille ne m’appelle et m’oublie véritablement.
Je ne comprends pas l’angoisse.
La prise au mur n’est pas la bonne, elle relie le grille-pain au lieu du congélateur, je suis perplexe puis inquiète, je pense que tout a fondu, doit dégouliner, même si le sol est sec – étonnant. Après enquête, il s’agit de Kira qui s’est trompée de prise la veille, soit 24h de banquise dégoulinante au programme – le dérèglement climatique se tient derrière la porte blanche. Je le rebranche et je mets à sonner pour dans une heure afin de vérifier l’état.
Tout est liquide.
Je re-débranche.
Je jette quelques aliments, tel le pain en train de prendre un bain. Moins de la moitié d’un petit sac poubelle (tu sais, les blancs pour les légumes ou les pharmacies) est fichu, ce n’est pas énorme mais c’est autant de gâché tout de même. Le reste… je me lance dans un couscous improvisé et loufoque, avec trop de chou vert et trop de poivrons. J’ai pour habitude de couper des légumes l’été, de les congeler pour l’hiver, ainsi que d’y mettre des jus de cuisson en bocal ou nos surplus de sauce tomate maison ; on n’a pas tout mangé. Je prends tout et je mélange, il en reste autant et même plus dans le frigo, je crains qu’il y ait encore des pertes. C’est consternant.
LeChat remet en cause l’existence du congélateur : il dit, il consomme des centaines d’euros par an, est-ce pertinent. Je ne sais plus. Je crois que non. Ce n’est pas la première fois que nous avons cette conversation, mais c’est la première fois qu’il est vide entièrement pour tester une vie sans lui.
Il ne sera pas rallumé – si quelqu’un veut un petit congélateur de 25 ans en parfait état. Un pas de plus vers la simplicité volontaire, donc.
Au passage on s’impressionne de constater que l’appareil est plus vieux que notre couple – il date de mon premier, de couple, il était temps qu’il fasse son premier pas vers la sortie.
Je suis très en retard sur ma confiture de gingembre – des semaines sans. C’est LaSouris qui m’y fait songer, mais le morceau que je croise tous les jours dans la coupelle aussi. Demain demain demain.
Chouette souffre maintenant des deux pieds, les béquilles.
19h15 Sur le départ, Kira attrape son kimono et découvre, dans cet ordre, une toile d’araignée sur sa manche, un cocon plein d’œufs sur le flanc puis l’araignée au pied de son lit, complètement sonnée : elle vient de se faire éjecter de son lieu de ponte. Elle met la bestiole qui ne marche plus droit, dans un bocal percé. Elle va mieux, plus tard.
22h20. Tentative de sauver le cocon collé sur le kimono de Kira, parce qu’il n’est pas envisageable que cette énorme araignée reste là, ni ses petits, c’est non non non, pas négociable. À la plume, le cocon est décollé avec une grande délicatesse du kimono et déposé sur un chiffon découpé.

Pour la suite de l’histoire, l’araignée a boudé son cocon (elle ne le reconnaît pas ? l’odeur a changé avec le tissu) et a été relâchée au bout de 24h. Et parce qu’ils vont avoir besoin d’aide pour sortir, Kira a gardé les œufs dans une boite fermée par un tissu pour que l’air passe (je n’en peux plus de ce que cette gamine nous fait faire) et va donc devenir la nouvelle mère.
Si.
Vendredi 28 – Premiers bzzzz
Je rêve que je fais un avc, ce n’est pas très grave, quelque chose de l’ordre de l’AIT, je suis déstabilisée par ce qui m’arrive, les gestes un peu désordonnés et les mots emmêlés, et lorsque je me réveille du sang coule de mon nez, je n’ai que le temps d’attraper un mouchoir.
Je plonge les mains au milieu de petits corps vibrants et confiants, le premier essaim de l’année et le plus gros jamais vu par moi mais aussi par mon beau-père. Si heureuse d’être là.
Article à venir (comme tant d’autres, en cours).

Je ne sais pas si ce sont les abeilles ce matin, pour la première fois depuis longtemps j’arrête soudain de lire et même de réfléchir et je regarde les herbes folles du jardin ployer et rien ne me traverse, ni une pensée ni une émotion, je suis plongée dans le printemps.
Nous partons marcher alors que le vent souffle fort et froid. Nous croisons des chenilles noires aux yeux rouge (mélitée du plantain), des punaises rouge et noir (gendarme ou pyrrhocore), quelques abeilles, le printemps s’installe mais l’ensemble me parait frileux, froissé, où sont les insectes ?
Je cuis les morceaux de tous les bocaux d’aubergine anciennement congelés, je prépare un caviar d’aubergine délicieux certes, mais c’est une course contre la montre avec les aliments. Le chou vert n’a pas supporté d’attendre 24h, il est parti au compost. Honnêtement, ne pas avoir de four nous complique la tâche, et nous avons bien trop de nourriture pour quatre personnes.
Tu viens ? Je t’invite.
Nous regardons sur Youtube depuis les Pays-bas, une première partie de « Le retour de Don Camillo » et la qualité nous impressionne (Le petit monde, visionné en DVD via la médiathèque, est bien moindre).
Je ne suis pas adepte des vieux films, mais là je prends vraiment plaisir à les revoir (plaisir qui s’arrêtera là, en fait).
Samedi 29 – Déménagement
Depuis la cuisine j’admire le frêne, celui qui effraie les voisins ; de petites feuilles apparaissent et je suis toute à ma joie de le voir se verdir et bientôt créer un écran entre eux et nous. Quand soudain, l’écureuil grimpe à toute vitesse le long de son tronc, je le perds de vue dans l’amandier, angle mort depuis la fenêtre.
Émerveillement devant cette vie.
Hier j’ai installé la nouvelle version de Gimp, constaté qu’elle s’était installée à côté de la première et que j’avais donc deux fois le logiciel sur l’ordinateur, je supprime donc l’ancien. Ce matin je me prends la tête avec la nouvelle version, Kira dirait qu’elle est claquée au sol (je me contenterais de dire que je l’ai désinstallée, perplexe et effarée). Celle-ci modifie l’image quasiment seule c’est déstabilisant, une manœuvre en arrière et hop elle s’invente un passé, remet de la couleur là où je voulais du noir et blanc ou intensifie des couleurs genre flash là où j’avais travaillé en douceur, je n’en peux plus. Virée, donc.
Je galère un peu, mais je retrouve ma version de novembre avec joie – je ne suis pas prête de (re)faire une mise à jour.
L’après-midi nous bousculons toute la cuisine afin d’intégrer le nouveau four et renvoyer la cuisinière et le congélateur. Nous vidons des placards surchargés, jetons des herbes sèches égarées ou donnons des objets, c’est une danse entre les meubles et le sol : ce qui était à droite passe au fond, ce qui était au fond passe à droite et soudain la cuisine est une vraie cuisine. C’est étrange comme une disposition ou une autre fait toute la différence. Ne manque que le carrelage au mur – presque, hum.
J’appelle ma grand-mère et je suis perplexe d’être déjà samedi, d’avoir à l’appeler, c’était un peu hier non, qu’elle paniquait ? À quel moment de ma semaine particulièrement occupée, samedi est revenu pour que je puisse l’appeler – je ne saisis pas.
Elle est apaisée, aujourd’hui.
Dimanche 30
9h25. Je me lève un peu tard, j’ai travaillé plus longtemps le japonais et l’anglais. Je fais attention de ne pas réveiller LeChat – il ne faut jamais réveiller un chat. Mes yeux passent sur le four et je suis consternée, il ne fonctionne plus alors, déjà ? C’est quoi ce décalage monstrueux, mille fois pire que le précédent. L’autre se contentait de ralentir doucement depuis un an ou deux, au bout de quelques jours nous avions quatre ou cinq minutes de retard (on le remettait à l’heure, il perdait du temps, on lui redonnait l’heure mais lui jamais ne nous la restituait intacte, nous ne vivions jamais ensemble). Mais là tout de même…
Et puis un doute. Je regarde de nouveau et tout de même, une heure pile ? Je vérifie et ce n’était que le changement d’heure… ; je me suis excusée auprès du four – ne jamais vexer un objet lors de son premier jour.
Je me prépare avec une joie plus intense que nécessaire, à jeter la cuisinière à la déchetterie (étonnamment ouverte un dimanche). LeChat la dépose au milieu d’autres gros appareils et je la perds de vue comme ça, elle disparaît de ma réalité, lorsque je la cherche je ne la trouve plus. J’envoie dans une benne en contrebas du polystyrène et un pot d’acrylique figé, c’est particulièrement apaisant. Je ne sais pas ce qui en moi à tant plaisir à (besoin de) jeter, j’aime faire le vide, c’est peut-être autant de moi qui ne s’y projette pas, ne s’y fracasse pas.
Lundi 31
LeChat me demande, est-ce que Kira aura la capacité de se rendre à la convention manga ? Mais il faut bien comprendre que cette gamine rampera jusque là-bas s’il le faut.
Je passe 40 minutes à apprendre le japonais et je reconnais presque tous les hiraganas (je les oublie aussitôt), je perds un temps fou sur un jeu et c’est très bien ainsi, j’étends une machine dans les rafales de vents et je mets plus d’épingles, je cuisine des sablés dans le nouveau four et un cheese-cake (pas au four). Le soir LeChat et Kira vont cueillir des asperges dans la forêt juste à côté et je fais cette sauce au curry japonais, il lance la cuisson à la vapeur des pommes de terre et des asperges et on mange ce plat, absolument divin. LeChat a ce constat, « c’est quand même fou, on mange mieux chez nous qu’au restaurant ». C’est pas faux, et d’ailleurs on n’y va plus – il faut dire qu’ici, ils ne sont pas formidables.
Nous jouons à Exploding Kitten, quand Corail tente de s’installer dans la toute petite boite – tout l’humour est pour nous.

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. Youtube : The life of death, de Marsha Onderstijn
. Art : Jean Martin Sculptures (site, Instagram)


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Je sais pas si ça peut servir mais ma mutuelle c’est la Macif, jamais eu aucun problème, ils sont rapides, précis, efficaces, et te prennent pas pour un voleur (ils m’ont remboursé un ordinateur portable volé sans faire d’histoires, pourtant ils auraient pu.)
MAIS. ENFIN. AMBRE. Je t’ai fait écouter Nachtblut il y a des mois, avec Antik, sur mon blog, même que t’avais pas aimé le reste de leurs morceaux 😀
Ah bah super, merci hein pour Life of Death, j’ai bien chialé et y’a même pas une fin heureuse !! (mais c’était trop, trop mignon)
Merci beaucoup ! J’ai regardé leurs offres mais en comparant avec la mienne il y a une différence de 21 € (plus cher) par mois. À l’année ça fait 250 €, c’est beaucoup. Je vais voir comment sont nos futurs rapports ceci dit, si je dois passer mon temps à me battre, partir sera plus utile. Plus de 10 ans que je suis chez eux, c’est bien la première fois que je rencontre un problème (mais si ça se dégrade comme ça a l’air de prendre le chemin, je ne resterai pas).
Paaaaardooooon ^^’ Ah oui Antik en effet XD Et justement, comme j’ai peu accroché à part une, ils sont passé dans une case « existent pas ». Alors que ces deux chansons-là (plus haut), superbes, grosse écoute du coup.
Désolée .. tu sais j’ai beaucoup hésité à la partager, ça fait deux mois qu’elle traîne dans mes liens du coup. Je la trouve magnifique et triste c’est vrai, je pleure chaque fois (mais je pleure pour tout). Mais si beau, aussi <3
Oui moi aussi je pleure pour tout, mais là j’étais juste tellement triste !! Tu as bien fait de le partager, ça a l’air d’être un projet d’études en plus !
Je me rends compte que je ne suis pas claire, parce que la macif assure tout chez moi, mais bref pour mes frais dentaires ils m’ont remboursée très rapidement, à hauteur du devis initial (encore heureux certes).
C’est tout le problème, « encore heureux ». Ça m’a sciée que ce soit si compliqué cette fois.
(et tu étais très claire déjà 🙂 )
Et (pardon, je suis pénible). Est-ce que tu sais que tu as mis mes deux morceaux préférés de l’album ? Et je sais pas, il m’émeut, le chanteur, tellement il semble concentré et pas trop dans la pose, même si maquillage black metal et tout le toutim.
(tu n’es jamais pénible, jamais) Hé hé ^^ Ce sont les deux meilleures, vraiment. Grande fan de ces deux morceaux. Et j’aime beaucoup son maquillage, ses longs cheveux magnifiques, l’univers qu’il a. J’ai eu un ami metalleux (il était venu à mon mariage habillé de noir, tee-shirt metalleux et tout, j’ai adoré) depuis je pense souvent à lui lorsque je découvre un nouvel artiste auquel j’accroche (on s’est perdu de vue par hasard).
Bref, ce chanteur est très beau (juste étonnament statique ^^)
Oui, c’est un truc qui me marque beaucoup chez lui, on dirait qu’il est timide, en fait. Je trouve ça assez rafraichissant, en fait, le metal étant un milieu où il y a aussi beaucoup de frime et un côté grandguignolesque -qui me plaît aussi, mais.
Sur cet album il y a la dernière que j’adore aussi, même si l’hommage à Ennio Morricone frise le plagiat, ça va trop trop bien avec les voix black 😉
(je me trouve pénible parce qu’au lieu de rédiger UN commentaire je continue d’y repenser après et évidemment il faut absolument que je partage tout ce que ça m’évoque et c’est comme ça que tu te retrouves avec trois commentaires, je me dis que limite tu dois être déçue, en mode « cool, plein de gens m’ont lue ! Ah non, c’est juste Kalys grmbl » :D)
Les quelques métalleux que j’ai connus étaient de grands timides ^^ J’ai fini par me dire que c’était un trait de caractère assez récurent 😀 (et peut-être que la frime est là pour cacher cette timidité ?).
Je ne m’en souviens plus, je l’écouterai de nouveau !
Mais non pas déçue du tout (mais quelle idée épouvantable). J’aime au contraire, c’est une manière comme une autre de correspondre avec toi 🙂 C’est donc « cool un message de Kalys » ^^ Ne t’empêche pas !
Et puis (au passage !) je n’ai aucune envie que plein de gens me lisent, en général ça me fait fuir XD (et du coup je crée un blog ailleurs, c’est pénible, j’espère arrêter ce fonctionnement idiot d’ailleurs)
« je suis plongée dans le printemps. » mais j’adore tellement cette formule ♥
J’ai voulu regarder ton lien et puis j’ai vu vos commentaires… je vais attendre un peu donc 😉
Comment vont le caneton et le four ?
Quel choc, Bienvenue à Gattaca ! j’avais aussi été ébranlée par ce film que j’avais vu ado, et peut-être même au ciné à l’époque…
😀 je revis tellement avec le printemps !
La vidéo est magnifique mais aussi, triste. Mets la de côté pour la voir un jour, plus tard oui ❤
Les deux mots mis ensemble m’ont fait frémir XD Le caneton va très bien, il grandit il est beau tout plein. Mon beau-père a acheté deux canetons pour compléter, ils sont donc trois à piailler 🙂
Et le four est une merveille. Il est même mieux que celui que nous avions, la chaleur tournante tourne pour de vrai, il cuit parfaitement, j’en suis ravie. Il est juste lent à préchauffer, mais je lui pardonne.
Choc, c’est le mot. Ce film est magnifique, et si juste. J’avais peur d’être déçue en le revoyant mais non, superbe, toujours.
😅 oui attention, j’ai bien précisé le caneton ET le four, et non le caneton DANS le four ! 🤣
Non il a très bien vieilli ce film, même si je n’aime pas trop trop cette expression…
Les aliments décongelés peuvent être recongelés s’ils sont cuits… mais j’arrive après la bataille / le couscous.
La confiture de gingembre m’a dépitée : elle est délicieuse, mais s’est mise à pourrir au bout de quelques semaines quand la recette indiquait quelques mois de conservation… Je ne sais pas ce que j’ai mal fait, normalement il faut des mois avant que ça fasse ça. Est-ce la même chose pour toi ou tu ne lui as jamais laissé le temps de se comporter ainsi ?
(Réactions très culinaires cette fois-ci)
Ah je pensais que c’était fichu, je n’ai pas tenté plus loin. Je saurai !
Damned je n’ai toujours pas fait ma marmelade, heureusement que le gingembre résiste longtemps.
Je ne suis pas certaine de l’avoir gardée aussi longtemps, mais tout de même si parce que j’en mange juste un bout de cuillère tous les jours (quand j’en ai, humm) donc ça dure longtemps dans le frigo il me semble. Je n’ai rencontré aucun problème.. y avait-il du citron dedans ? Ça conserve bien avec.. Quelle était ta recette en fait ? C’est rude de l’avoir perdu :/
(j’adore ^^)