Mercredi 19 – Responsabilités
Ma belle-mère vient me voir, elle a reçu un mail de D. qui ne veut plus être trésorière de la friperie et demande à trois personnes parmi les très anciennes, si l’une veut reprendre, précisant que demain à la réunion elle fera signer les papiers officiels. C’est un lâchage rapide, efficace, qui avait pointé deux trois fois le bout de son nez, sans succès, depuis quelques mois. Je m’étais demandé combien de temps ça tiendrait, la réponse est donc six mois. Et ma belle-mère, qui ne veut plus rien à voir à faire de cet ordre après avoir créé cette fripe il y a vingt et avoir été trésorière, a pensé que je pourrais, moi. J’ai bien objecté que j’étais déjà présidente (mais ce n’est pas antinomique) ou que je n’étais pas motorisée pour déposer l’argent à la banque, elle suggère de déléguer. Me voici « obligée » demain, de me rendre à la réunion que je voulais éviter à mon dos, pour parler d’une trésorerie dont je ne veux pas. Pour une fois, la réunion est réellement importante – j’ai une fâcheuse tendance à envisager les réunions en terme d’importance réelle au lieu de penser sociabilité première.
Jeudi 20 – Résistance(s)
Je travaille sur le projet photos. Je le regrette dans ce qu’il bouscule et l’apprécie dans ce qu’il bouscule – c’est qu’il y avait nécessité, j’imagine. Mais je boucle sur les photos, je dévie dès que je dois choisir, je retourne écrire ou je fais tout autre chose, la sélection ne se fait pas. L’écriture est un problème que je ne résous pas non plus. Je ne vois pas comment m’en sortir.
En parlant d’anglais, ça fait quatorze jours aujourd’hui que je me suis remise au japonais et… à l’anglais. Je ne dirais pas que j’y vais en intensif, loin s’en faut – je laisse ça à LeChat. Mais je travaille l’un et l’autre. Pour l’anglais, c’est venu du japonais : l’interface de duolingo (que je m’étais promise de ne pas utiliser pour apprendre une langue, c’est donc raté) étant en anglais-japonais de base (pas de français dans cet apprentissage), je passe de fait par l’anglais. Sans problème, ai-je constaté. Ce qui m’a fait me dire que ça suffisait comme ça, je pouvais peut-être poser le trauma à côté, là, et pas le reprendre en partant merci. J’apprends donc deux langues en même temps, je suis motivée. Pour l’instant je passe régulièrement des leçons pour l’anglais, j’ai un niveau certain côté vocabulaire : c’est gratifiant. Mais à force de manipuler la langue, j’ai des mots qui me viennent en anglais dans les conversations, comme s’ils étaient plus pertinents que ceux en français – c’est perturbant.
Pour le japonais je rencontre une petite difficulté d’apprentissage concernant les hiragana, l’appli m’en proposent trop à la fois et je les mélange ; je vais devoir passer par un cahier (donc à l’écrit) avant de pouvoir continuer – il se trouve que j’en ai un, récupéré en boîte à livres et que LeChat a gommé pour moi.
À la réunion, je perds des couleurs au rythme des minutes qui passent, il est difficile de rester assise sur une chaise aussi dure sans gémir la douleur qui s’installe. C. se propose pour la trésorerie, ajoute presque gênée « enfin sauf si quelqu’un veut le faire ? » et c’est dans un bel ensemble que les sept autres personnes présentes répondent non avec enthousiasme : je suis moi-même bien soulagée.
En juin nous fêterons les 20 ans de la friperie (et les trente ans de l’association), et en septembre je fêterai de mon côté mes 5 ans de présence. Déjà.
Vendredi 21 – Sortir
Je cherche et j’y passe la journée, un four pour remplacer le notre qui a définitivement décidé de brûler : il a cramé d’autres fils. Apprenez que les fours posables sont tous d’une qualité douteuse, absolument tous, j’ai même vu un commentaire qui parlait d’un porte qui s’était gondolée sous la cuisson. Comme nous ne voulons plus de cuisinière afin de désolidariser ce qui tombe en panne, je finis par trouver un four encastrable pour notre cuisine qui ne peut pour l’instant, rien encastrer. Notre espace déjà bancal va le devenir davantage, et je ne le pensais pas possible.
Lorsque j’atteins le stade où être assise est plus douloureux que debout, nous partons marcher à quelques pas. Corail nous suit, intrépide, sous les moustaches de Caramel, chat voisin. Chouette, toujours en béquilles, vient un peu également, agacée d’être enfermée. Puis rentre pendant que nous partons marcher davantage, parce que ça épuise, les bâtons de soutien. Le printemps tente une sortie sous la grisaille pluvieuse, mais la fleur d’amandier se refuse à moi malgré tout.




Samedi 22 – Pliure
Je me lève bizarre, un peu mal au ventre, je vais pourtant manger cette pâtisserie qu’il m’offre comme un secret d’amoureux avant de retourner aux obligations parce qu’on ne peut pas refuser une échappée. Nous passons payer le four choisi sur internet, il arrivera mercredi, sous les yeux perplexes de la vendeuse qui n’a rien eu à faire pour nous le vendre. Aux courses je verdis je crois, il me dit « tu veux aller dans la voiture pendant que je termine ? » et j’accepte, j’ai des aiguilles dans le ventre, des nausées, un vertige léger. J’ai ces fichus aiguilles toute la journée que j’assomme à coup de doliprane parce que quoi d’autre, je reste allongée : debout ou assise c’est encore plus intenable de se faire transpercer le ventre.
Dimanche 23
Blanche a la réponse aux aiguilles. Virus qu’elle a développé au lendemain du départ de Kira (deux heures d’aiguilles, veinarde) et que Lutin.e a développé également dans la foulée (comme moi). On pourrait se demander légitimement ce qu’il en est de Kira, mais elle va bien, elle. J’ai donc attrapé un virus qui joue à saute-mouton.
J’allonge les aiguilles toute la journée et par voie de conséquence, je me remets à lire depuis deux jours.
LeChat travaille sur la maison. Les agrumes sont sortis de la serre beau-parentale (plus de risque de gelées), le citronnier rouge est planté, les misères également mise en terre pour un test de survie, et surtout, un loquet est installé pour pouvoir fermer la salle de bain. Meilleure invention du monde, le loquet.
Le soir nous terminons le dernier épisode de Hazbin Hotel (les enfants en sont fans un peu comme avec Arcane, de mon côté j’ai beaucoup apprécié mais pas autant. Son côté irrévérencieux est un régal, par contre) et nous jouons à Spicy. J’aime particulièrement cette photo que LeChat a prise à la va-vite :

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. Scuplture : Penny Hardy, son site, instagram



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Jeudi 20 pour toi, mercredi 26 pour moi. Du temps libre parce que les rendez-vous ne se bousculent pas et je n’en profite pas. J’attrape le livre au lieu d’en profiter pour mener à bien plusieurs projets en cours… parfois, je m’en veux d’être comme ça et d’autres fois, non. Aujourd’hui, juste un peu 😉
J’espère que tu n’as plus mal et que les aiguilles se sont barrées pour te laisser tranquille !
On fait vraiment ce qu’on peut <3 ce n’est pas toujours facile.
Je suis guérie \o/ ce soulagement !
« Mais à force de manipuler la langue, j’ai des mots qui me viennent en anglais dans les conversations, comme s’ils étaient plus pertinents que ceux en français – c’est perturbant. » Tout à fait d’accord, il y a des termes qui passent mieux en VO ! Et c’est bon signe, ça veut dire qu’on s’imprègne vraiment de la langue. 🙂
J’imagine (j’espère !). À l’inverse le japonais m’échappe totalement dans le quotidien, je sens bien la différence entre nouvelle langue et ancienne (dans mon cerveau) ! En tout cas cela me plaît bien d’avancer enfin en anglais, l’apprivoiser.
Je rebondis moi aussi sur « « Mais à force de manipuler la langue, j’ai des mots qui me viennent en anglais dans les conversations, comme s’ils étaient plus pertinents que ceux en français.» Ca m’arrive aussi souvent, c’est ce qui arrive quand on s’immerge dans une nouvelle langue et que cette langue devient presque plus simple que la 1ere.
Bravo en tous cas pour cet apprentissage!
J’espère que les aiguilles appartiennent au passé. C’est terrible quand ça déchire le ventre comme ça.
Belle semaine!
Pour ma part l’anglais garde sa part de « c’est vraiment pas facile » dès que je sors de l’appli, mais effectivement de s’immerger crée de drôles d’automatismes/remplacements !
C’est bien passé oui, merci 🙂
Douce semaine à toi aussi !