Lundi 10 : la veste et un peu le collier
J’ai une vision d’ensemble du cosplay qui n’intègre pas les détails, je les ai invisibilisé pour faire émerger les grands lignes des vêtements et c’est une erreur de débutante. Je suis pourtant habituée à voir les petites choses, c’est même ma manière de fonctionner lorsqu’il s’agit de photographier ou peindre, mais là, ils n’existent pas dans ma réalité. J’ai failli tout rater à cause des détails. Et ils ne manquent pas, merci aux studios Fortiche ^^
Il faut dire aussi qu’on n’a pas pris 20 minutes pour réfléchir à ce qu’on faisait. Je n’ai pas regardé comment créer le costume ni l’ordre de création, j’ai cherché ce qu’il me fallait comme matière première. C’est très très différent, et ça a bien failli être un problème.

Kira retrouve une énergie jusque là absente, elle est présente, joyeuse, à fond. Il fallait me le dire qu’il suffisait d’un cosplay pour la retrouver, je veux bien en faire toutes les semaines moi des cosplays.
Parce que la robe me fait peur, je m’occupe de la veste en premier – je repousse joyeusement à plus tard.
J’ai toujours très peur de gâcher le matériel que j’utilise, aussi en général je tourne plusieurs jours voire semaines autour d’un projet avant d’oser me lancer (lorsque je n’arrête pas le projet totalement). Mas il y a cette deadline… Les trois jours explosent la tergiversation maladive et le syndrome de l’imposteur dans la foulée, et je me lance, ciseaux et épingles en main, avec l’assurance que 1) c’est une veste Shein, je ne vais pas détruire grand chose et 2) au pire Blanche a une veste sacrifiable donc si je me rate elle me rattrapera (pensée magique au possible, elle n’aurait jamais eu le temps). J’en oublie de prendre une photo avant toute modification, c’est donc ici déjà en cours : j’ai peint la fermeture éclair en rose (au feutre à alcool) et j’ai épinglé les revers.
Kira a pris la photo, j’étais occupée à sacrifier un drap.

Je colorie au feutre à alcool noir, la fermeture de droite, pour qu’elle ne se voit pas trop. Je n’ai pas de tissu rose, je n’ai pas de bleu non plus, je n’ai pas grand chose en fait, donc je découpe un drap house des enfants, blanc. Et Kira le badigeonne de bleu (Copic B05) puis de rose (Graph’it 5160), au feutre à alcool. Entre la veste et les manches, on y a vidé les feutres… RIP.

Pendant qu’elle colorise, je m’occupe du « bijou » de la robe ainsi que du (premier) futur collier avec une lanière d’un bijou bizarre (trouvé à la fripe samedi), un ruban qui traînait dans mes affaires et les attaches d’un soutien-gorge – je n’ai pas d’attaches plus pertinentes. Le tout en noir.


Lorsqu’elle termine le premier revers, je m’attaque au second que je couds puis qu’elle colorise. Parce qu’il a un bord doré, je colore en marron-jaune ce petit morceau mais je ne suis pas satisfaite du rendu, et je ne vois pas comment l’améliorer. Nous pensons aux attaches sur certains sachets type pain de mie, mais c’est compliqué, même en le collant. Le problème est mise de côté – pour ne pas dire ignoré.
Lorsque LeChat rentre vers 18h, il lance un tas d’idées farfelues géniales et il commence à travailler sur la veste. Il a acheté deux trois petites choses, comme une petite pince à tissu pour le coin doré, et un Posca pour les volutes. Il customise, s’amuse.
On mange un peu sur le pouce et puis on regarde la suite d’Arcane ; j’apprécie le repos, j’ai les mains fatiguées.
À 22h, je me lance pour un petit truc à coudre, j’en ai pour quinze minutes tout au plus, c’est donc tout naturellement que je m’arrête à minuit dix-huit (idem pour LeChat). Je suis un peu fatiguée ^^
Mardi 11 – Plus tard : la robe
Le matin j’ai bien trop mal aux doigts pour coudre et puis je me dis que j’ai encore du temps devant moi, ça va bien se passer. Je n’essaye pas DU TOUT de repousser le moment de la robe. Du tout. Pourtant il faut bien que je m’y mette, l’horloge continue son manège infernal impatient stressant. L’après-midi j’arrête d’ajourner le problème, de toute façon, là, il faut que j’avance. Je découpe une première fois le pantalon blanc afin de retirer le voile fin qui le recouvre, puis une seconde fois pour retirer tous les petits fils restés dans les coutures, c’est long, si long.

Je commence par ajouter un panneau à partir du bas du pantalon découpé, afin de rendre la jupe ample (comme lorsque Powder tourne lors de sa danse à quatre images par secondes, petit clin d’œil à Ekko) mais c’est un fiasco, le tissu tombe mal et je dois défaire tout ce que j’ai fait. Ça laisse d’ailleurs un petit décalage dans le tombé de la jupe, tout le problème que ce soit un pantalon au départ – et ça me rend dingue.
Je prends la décision (merci à moi) de ne pas coudre entièrement et donc ensemble le haut et le bas, mais de seulement faire un point (pas merci à moi) sur les côtés. Le pantalon devenu jupe est un peu trop grand pour Kira, je ne peux pas le laisser en jupe sous peine que ça glisse de ses hanches, donc je couds. Mais, ça serait trop simple sinon, le haut et le bas ne font pas la même circonférence et je n’ai ni l’énergie ni le temps (ni les compétences) pour tout démonter et mettre à la bonne taille : je choisis donc deux points sur les côtés des vêtements pour les relier, ce que je fais à la main.
Ce qui laisse entièrement libre le haut et le bas, moins ces deux points. C’est important parce que je n’ai pas anticipé du tout la bordure rouge. Ce qui fait que lorsque j’en arrive là, si j’avais cousu ensemble haut et bas, il n’y avait aucune place pour elle. Les deux points cousus me compliquent drôlement la vie malgré tout, au lieu de faire le tour de manière simple, je dois stopper aux points avec un débord pour rejoindre les deux.
Pour la-dite bordure, j’ai acheté une robe à la fripe dans laquelle je découpe tout ce dont j’ai besoin : bordure du bas de la robe, bordure du milieu de la robe (sur le haut donc) et bordure du corsage. Je l’incruste donc sous le haut (voilà pourquoi je suis soulagée de ne pas avoir cousu les deux ensemble : j’ai la place pour l’intégrer en dessous), et je couds à la machine par-dessus une couture déjà existante sur les tissus de la robe, histoire de ne pas en rajouter.
Corail en a par-dessus les moustaches de ma non-disponibilité, donc elle créé les moments câlins, quitte à jouer avec les aiguilles ou pousser les ciseaux. Je n’ai pas le temps dire non, elle saute sur la table et se couche : elle sait, elle sait que c’est un problème. Mais elle s’en fout, les câlins c’est important. Et elle a raison.


Le soir, nous regardons le dernier épisode d’Arcane (et je m’aperçois, à le revoir, que je ne ressens plus du tout ce qui m’avait posé souci au premier visionnage : non le dernier épisode n’est pas si rapide que ça, tout s’enchaîne parfaitement, c’est fluide et sans urgence).
Et comme la veille, nous reprenons la couture à la suite. LeChat avance magnifiquement sur la veste : il découpe une partie de mon travail pour améliorer ce que moi je ne m’étais pas sentie de faire : un décroché dans la veste. Il galère un bon moment. Le coin doré au feutre est désormais obsolète, je le repeins en bleu mais ça donne un vert moche, on dirait qu’on a renversé du café sur la veste. LeChat a pour mission de racheter demain un coin pour cacher cette horreur, tant pis s’il n’est pas officiellement présent.

Il sacrifie et découpe une de ses chemises, noire, pour récupérer le col et le coudre à la veste, couds un morceau de drap qu’il colore de la même manière que le revers. Il prend aussi une de ces ceinture et la découpe, il récupère les boucles et les colle en bas de la veste. Nous ne savons pas comment intégrer des franges et je suis pour lâcher l’affaire mais ça chagrine un peu tout le monde. Au final on les abandonnera, faute de temps et/ou d’énergie (LeChat avait dans l’idée de découper des morceaux de la même chemise et d’en couper des franges puis de le coudre).
On s’arrête cette fois à 23h30 – in progress.
Mercredi 12
Le matin je vais à la fripe mais je suis si épuisée, je pars à 11h00 pour tenter de garder de l’énergie pour le cosplay. On a abattu un boulot monstrueux qui inclut les vêtements que j’avais mis de côté dimanche, je n’en peux plus.
Je retourne à la robe, pas encore terminée. Je réalise au bon moment, alors qu’on regarde une image de l’animé, que pour un peu j’oubliais le bijou… je l’intègre sans heurt. Je l’attache avec un ruban marron qui s’intègre parfaitement au bordeaux sur le devant de la robe, et à l’arrière comme rien n’est apparent, je couds les petits anneaux sous le rebord blanc du haut, et sur le tissu bordeaux : invisible, mais solide.

Ça ne serait que moi, maintenant que j’ai réussi à tout intégrer, je ferais une couture pour rehausser la jupe, mais ni Kira ni LeChat sont convaincus, alors la robe reste ainsi, avec ce tissu plissé.
Alors que je coupe les derniers morceaux du tissu bordeaux pour le corsage, Corail s’installe et ce n’est pas négociable. Tu le vois bien, que ce n’est pas négociable.


C’est un peu la course, en réalité. Je termine le collier noir (et il me prend une heure tant il est difficile de coudre les rubans rouges), puis j’entame le collier à la pierre verte, mais sans la pierre, c’est Blanche qui le terminera de son côté. L’espèce de rond creusé est en réalité un bouton, trouvé sur une veste en laine… trouvé le matin même, à la fripe.
Comme je ne peux pas m’empêcher de pointer les défauts, je me suis rendue-compte que lorsque les lanières rouges se sont défaites (parce qu’elles se sont défaites évidemment, avant la couture), je les ai remises dans le mauvais sens : les trois petites sont en réalité de l’autre côté, j’ai un bijou avec effet miroir. Qui le verra, à la convention ? Personne je pense, mais je le sais et ça m’énerve de m’être ratée alors que j’avais fait attention au départ.



Je blanchis les boutons trop beige avec un feutre acrylique blanc puis dépose un vernis transparent (parce que le feutre colle…) et je couds les deux premiers boutons à partir du bas, mais ça ne va pas. Ils sont trop lourds, ils tombent vers le bas malgré tous mes efforts (sur la photo, ils sont à plat et donc encore parfaits). Je trouve d’autres boutons plus plats et bien blancs qui auront le même résultat, mais j’ai l’idée de couper à la pince les attaches à l’arrière puis de les coller sur le tissu. Ça rend parfaitement, mais comme je n’en ai que 5 il n’y aura au final que 4 boutons collés.



Je n’ai pas de photo plus grande, mais c’est bien mieux que les grands boutons de gauche
Nous passons la soirée sur tous les détails, comme deux croix sur la manche de la veste, deux traits au-dessus de l’anneau cousu, les manches roses et blanches de la veste, les coins dorés à y ajouter, de fausses coutures (à défaut de véritables) sur les manches, des rivets à droite et à gauche toujours sur la veste. Nous faisons le choix de ne pas alourdir le haut de la robe avec un laçage, même s’il était faisable. Nous terminons à 23h et nous sommes trop fatigués pour une séance photo. Le lendemain c’est le départ sur Paris, il n’y a pas davantage de photos, c’est un peu triste mais on fait ce qu’on peut !
Coût total :
. 12 € de petites marchandises : des boutons (dont on ne va pas se servir au final), un feutre Posca doré, des attaches dorées pour les coins, des rivets
. 2€ de vêtements : la veste, le haut
. de la récupération dans les placards (qui ont en leur temps coûté 1€ chacun) : ceinture, drap, chemise, et des rubans
Total : 14€ réels, et 3€ de vêtements sacrifiés
Temps total : 3 jours
Samedi 15

Nous recevons une photo de la convention. Kira n’a pas supporté la perruque prêtée par Blanche (maux de tête) et l’a retirée, elle n’a donc pas les cheveux bleus, mais visiblement cela n’empêche pas du tout la reconnaissance entre Powder ^^
J’adore les arrondis de sa robe, même si ce n’est pas fidèle le rendu est doux, parfait.

L’expérience fut assez dingue. La satisfaction d’avoir réussi dans les temps (et d’avoir réussit tout court) n’exclut pas la frustration des défauts, je ne vois que ça, les défauts, le mercredi soir je suis épouvantée par eux. Je dois beaucoup respirer et m’empêcher de parler pour ne pas gâcher la joie de tout le monde. C’est tout de même éprouvant d’être comme ça, à ne voir que ce que je rate.
La nuit qui suit la réalisation, je dors bien, sans insomnie, sans cauchemars, je dors même huit heures, c’est fou. Par contre je le paye en douleurs dans le dos et le cou, il semble même qu’un nerf se pince de nouveau, ça me rappelle la hernie discale et me fait peur, forcément. Depuis, je me remets doucement. Je suppose que c’est dû à la position penchée sur la machine à coudre, très penchée puisque j’ai dû retirer mes lunettes pour y voir quelque chose de proche.
J’espère que je vais me remettre, si je fais attention… mais c’est dur qu’encore une fois, je ne puisse pas simplement faire quelque chose sans conséquence physique.
Mais je n’ai aucun regret, on s’est bien débrouillé pour seulement trois jours de travail ^^
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Un milliard de fois oui les étoiles dans les yeux pour les projets complètement fous qui ne nous laissent pas le temps de douter et qui nous font nous dépasser, collaboratif en famille qui plus est ❤️ ! Vous pouvez être fiers 🙂 !
On l’est 😀 Je n’en reviens toujours pas de ce qu’on a réussi à créer, mais oui rien ne vaut en effet un projet complètement fou ^^
Et bien dis donc bravo ! un super projet familial collectif et réussi ! 👏👏 et j’espère que Kira a aimé la Convention
Un régal ^^ (je ne ferais pas ça tous les jours mais génial). Kira a adoré oui, tellement elle veut retourner à la prochaine sur Montpellier 😀
Lu comme un récit d’aventure ! J’adore toutes les trouvailles créatives pour que ça colle au mieux. 🙂
^^
C’est ce que j’ai préféré, les trouvailles créatives !