Samedi 8
C’est rapide, dans ma famille. On ne s’embarrasse pas de formules alambiquées. Après avoir eu ma grand-mère au téléphone, ma tante-marraine me rappelle : elle ne souhaite plus être intermédiaire entre ma grand-mère et moi, elle en a marre de se déplacer (elle est à 10 minutes), elle fatigue (je comprends), elle dit « essaye d’appeler quand il y a quelqu’un dans sa chambre » (18h30, ou 18h15, ou 18h10 ou..). Je savais que ça ne durerait pas, j’étais déjà étonnée qu’elle l’ait fait jusque là. Cet appel va donc devenir un stress et une course aux aides-soignantes, qui n’ont pas que ça à faire elles non plus.
Je ne sais pas ce que je dois en conclure avec ma tante, je reste étonnée de la rapidité voyage-déballe-dents-sourires puis « j’arrête ». Je n’ai pas envie de conclure des choses, j’évite de conclure des choses. Elle a le droit d’être fatiguée et agacée, autant que j’ai le droit d’être inquiète pour ces appels.
Dimanche 9
Je tente de ne rien faire, échoue. La vie ici ne m’a pas attendue, je rattrape le linge – ou alors, c’est lui. Je suis ensevelie, mais allez savoir pourquoi, j’aime m’occuper du linge – c’est méditatif. Je fais deux machines pour éponger le débordement, il en reste autant. Il va falloir qu’il arrête de pleuvoir juste une journée, s’il vous plaît ?
En fin de journée, je pars en chasse d’un truc qui me détende. Je tente un jeu récent, Foundation, cra**é installé joué désinstallé. Avant, j’aimais. La construction, c’est mon truc, mince. C’est un avant très vieux où j’avais 20-27 ans et où j’étais forcée de jouer à quelque chose. On change… ou alors j’étais forcée. Juste.
Qu’est-ce qui ne va pas.. difficile à dire. Je pense qu’il plaira sans problème à d’autres. Il va, globalement, et le design est agréable. L’interface n’est pas parfaite, mais assez bien expliquée même si parfois manque de clarté. Mais il faut être derrière chaque travailleur (que tu penses occupé à bâtir et en fait non, il est reparti). En fait voilà, je me suis ennuyée. Il parait bien, mais ce n’est plus mon type de jeu, si ça l’a été un jour.
Quel est mon type de jeu, alors ? Je ne sais pas.
Avant j’aurais répondu, la construction…
Pendant que je suis au téléphone avec Blanche, LeChat va voir le voisin. Il est seul, comprendre aucune femme à impressionner autour de lui, il est zen. L’homme qui m’a crié dessus l’autre jour n’existe plus, c’est un homme nouveau et charmant qui écoute, parle, expose, discute, entend très exactement les mêmes arguments que les miens, mais c’est un homme qui les prononce et ça se passe magnifiquement bien. Il me fatigue.
LeChat a tenu sur le haut du frêne qui ne sera pas coupé, point. Mais il l’a rassuré sur le fait qu’il s’occuperait des branches qui vont vers chez lui (la base, une évidence mais d’accord), qu’il retirera toujours celles qui sont mortes, qu’il va être derrière l’arbre, le surveiller, vérifier sa santé régulièrement, et qu’ils vont continuer à discuter ensemble des besoins de chacun. Un vrai diplomate, mon mari. Lorsqu’il a évoqué les petites branches des lilas qui avaient peut-être repoussé, le voisin a balayé la chose d’une main en disant que ce n’était pas un souci.
Soupir.
Lundi 10
J’ai toujours une tonne de linge, de la pluie de nouveau, et un départ prévu dans la semaine. Et une fatigue sans nom, aussi. Ça attendra, donc.
J’attrape Aloft de la même manière que le précédent viré, un jeu qui a l’air très beau et je confirme, il l’est. Les arbres, la verdure, les fleurs, il a tout pour me ravir. Kira me tombe dessus, elle le veut aussi, nous voilà à jouer toutes les deux l’une à côté de l’autre. Le jeu n’a qu’un seul défaut, il m’épuise rapidement et surtout lorsque je dois voler. Les mouvements, je crois. Mon cerveau ne suit pas.
Mais je l’apprécie vraiment.

Film
Nous regardons avec les filles Pour 100 briques t’as plus rien, un vieux film des années 80 qui m’avait beaucoup fait rire à l’époque. Il me semble que la dernière fois, je l’avais vu avec mon grand-père.
Il passe difficilement (pour ne pas dire que non, il ne passe pas, ça ne va pas être possible) la problématique du genre, les femmes nues les unes après les autres, les réflexions genrées, c’est insupportable de sexisme. Mais pour le reste, c’est toujours aussi drôle, les répliques excellentes.
Mon grand-père, très chauvin et surtout très Lorrain, ne supportait plus Anémone depuis qu’elle avait mis ensemble la Lorraine/Alsace et l’Allemagne), et si moi-même je ne l’ai pas souvent appréciée, ici quelle actrice !
Visible sur Dailymotion, en deux parties.
Mardi 11
Je m’emmêle dans mes réponses sur les blogs mais corrige à temps, cette fatigue est lassante.
J’ai fini par comprendre, je me suis demandé ce qu’il se passait soudain pour que je tombe dans les jeux, ce n’est pas spécialement dans mes habitudes ; je ne suis pas du tout une gameuse (n’en déplaise à Blanche qui m’assure que si, parce qu’elle m’a vue à jouer à Wakfu il y a des années de ça). Disons, je fuis. J’ai besoin de me changer les idées, de faire une pause, de ne penser à rien, de vider la tête de ses dents noires. La réponse est discutable, mais puisque la question n’est pas là j’en déduis que je peux. J’ai besoin de ne rien analyser réfléchir digérer entendre comprendre, repassez plus tard.
Nous pâtissons un cheesecake. Sans vanille, pas la même marque de spéculoos. Les nouveaux biscuits (bio) ne sont pas terribles, je rajoute de la cannelle mais le goût comme l’odeur échappe à la justesse de ce dessert, il dérape, Kira grogne, scandalisée. Je pense mettre du citron à la place de la vanille et puis je suis dérangée quatre fois au téléphone, le citron se fait oublier, la crème n’a que le sucre lorsqu’il se retrouve au frais. Il ne ressemble à rien de ce qu’on connaît, il se mange tout de même, ce n’est juste pas le meilleur (et en vrai c’est la faute aux spéculoos).
Alors que je suis sous la douche me reviennent deux moments, presque en même temps, du jeudi.
. Tante-marraine me dit en parlant de mon maquillage de la veille (très simple) « tu étais mignonne hier quand tu es arrivée ». Puis soudain « enfin tu es tout le temps mignonne bien sûr. Même sans maquillage. Si tu te coiffes. » – c’est semble-t-il sujet à débat. Ce qui confirme ce que je pense de moi, je ne suis pas jolie heureusement qu’il y a le maquillage.
. Je mets la table, elle me donne les couverts. Et là dans ma tête une alarme se met à sonner : la fourchette, à droite ou à gauche ? Je le sais je le sais je le sais, je réfléchis vite, je tranche consciemment, je pose à droite, ouf heureusement que j’y ai pensé.
_ Ah tiens, tu mets la fourchette à droite toi ?
Merde. Je le sais pourtant hein… j’ai changé les fourchettes de côté, du coup..
. Ma tante-marraine me fait parler de J. (frère de ma grand-mère, donc) et de ce qu’il s’est passé. Puis soudain, elle me dit :
_ Moi de toute façon depuis ce qu’il m’avait fait hein…
Mes oreilles se dressent. Je sais pour ma mère (les mains très baladeuses, sa poitrine, la plainte à sa mère, la réponse « tu as dû t’imaginer des choses » et le classement de l’affaire et surtout, surtout, le silence, après, forcément)(oui elle m’a tout de même envoyé chez lui en vacances), mais ma tante, non. Alors je lui demande de préciser.
_ Mais je t’en ai parlé, je jouais avec son fils, un problème avec un jouet, J. m’a giflée.
Ah. Oui, non.. on n’est pas sur le même sujet mais d’accord…
C’est marrant, parfois les gens tu leurs racontes un truc bien moche et après ils te disent « c’est comme moi » et en fait non, il y a trois mille kilomètres entre les deux sujets.
Rancunière ma tante, par contre.
Aujourd’hui noir
Lorsque j’ouvre les yeux il fait encore sombre. La minette a dû m’entendre me tourner, elle arrive sur mon épaule, s’installe. Ronronne dans le noir. Je replonge malgré l’inconfort, elle a ce petit quelque chose de réconfortant contre la nuit, qui m’apaise.
Mercredi 12
Je ne vais pas à la fripe, l’épuisement est trop grand. C’est le jour de AnMa, elle a les clés, il n’y a pas de travail, je peux. Je me préserve pour le voyage de demain. Malgré ça lorsque Hirondelle vient récupérer les clés pour la semaine prochaine, elle me fait la remarque que j’ai l’air épuisée. Je viens de faire deux fournées de biscuits, vu le médecin, passé un temps fou en pharmacie, discuté avec ma tante-presque-gentille (on ne l’arrête plus), je reviens d’un séjour compliqué, la fatigue s’est invitée c’est vrai, avec la douleur. J’aimerais que ça ne se voit pas, que ça ne me vieillisse pas, que ça n’arrive pas, même, que je sois le plus souvent possible avec une énergie formidable. Vœu pieu.
Il va falloir que je m’invente un espace enthousiaste et sans miroir.
Film
Le soir je regarde la fin de Timeless avec Kira (trois siècles après l’avoir commencé). De beaux moments, vraiment. Sans l’éclat de folie du concert où je me suis rendue, même si j’ai adoré les robots ; ce côté futuriste était réussi, juste sans étincelles sur le temps long du concert. Les danseurs sont toujours aussi impressionnants, les costumes superbes (surtout en rouge lorsqu’ils dansent sur Sans contrefaçon, c’est d’une beauté).
J’ai manqué d’une vue plus importante sur les films passés en arrière-plan, j’aime beaucoup voir les fans (les gens sont beaux, touchants) mais son spectacle m’intéresse tout autant et on ne le voit pas assez. Côté mise en scène, l’entrée et la sortie sont superbes mais ensuite il n’y a pas grand chose de visuellement impressionnant comme dans ses autres concerts (est-ce que je m’habitue donc si vite ? je me déçois). Ça tient peut-être aussi à la qualité de l’image visionnée, il va falloir que je m’achète les DVD. Et puis il y a les robots, j’en reparle mais ils sont magiques, fascinants, leur chorégraphie est hallucinante, ils sont comme vivants. Lorsqu’ils sont présents, il y a une sensibilité folle qui émane d’eux, particulièrement percutante avec l’actualité et les IA : l’écho est intéressant dix ans après le concert.
Une de mes chansons préférées, J’ai essayé de vivre.
Le choix des chansons est d’une mélancolie terrible, sensation légèrement dépressive par moment, elle part sur une tristesse qui m’a atteinte. Le contraste est d’autant plus saisissant avec Nevermore que j’y étais, j’imagine. Pour autant, elle est une artiste puissante. Je suis admirative de son style, de ce qu’elle donne, de son univers (la choré et le décor sur Oui mais non, excellent, ou encore les araignées sur Désenchantée sont extraordinaires).
Très bon concert même si j’ai préféré « le mien », la magie opère : la voir, l’écouter, merveilleux…
Aujourd’hui l’imprévu
Justement l’imprévu, je suis en train de le cadrer, de lui refuser sa place la plus grande même s’il s’invitera forcément et que ça ne sera pas grave puisque tout le reste aura été calé : j’ai trouvé où nous mangerons vendredi, réservé la crêperie, visionné et écrit les différents trajets à faire dans tous les sens possibles pour les deux jours, imprimé le billet de l’expo, les biscuits sont prêts, je leur ai trouvé deux boîtes.
L’imprévu pourtant, ce fut la vanille que je n’avais toujours plus, la sonnerie du four que j’ai oublié d’enclencher, les biscuits plus cuits et finalement meilleur (je retiens)
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. Artiste de rue : Krimsone


. Instagram : un tag de Antonio Montana – je craque facilement avec un regard
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Magnifiques ces dessins, merci pour le partage !
Avec plaisir 🙂