Mardi 7 – vivante
J’avais mis de côté il y a quelques temps une expo amusante sur Montpellier, de nuit. Mais entre le froid, les fêtes, la grippe et ma tête, j’ai complètement oublié le projet. Je retombe sur elle par hasard dans mes marques-pages – il était temps, elle s’arrête dimanche – et c’est ravie que je la propose aux adoes (exit la surprise : entre le prix des billets et la route à faire, mieux vaut qu’elles en aient l’envie). C’est là que je me dis que finalement, en 2025, je garde l’argent pour les expos (là où l’année dernière j’ai acheté des carnets de voyage, et l’année d’avant ben… rien). J’adore.
L’effet sur moi est instantané, je deviens comète dans un ciel parsemé de nuages – je n’avais jamais saisi comme je vivais pour l’art.
Je déplace une fois encore le goûter de Noël chez mes beaux-parents, à dimanche. On va finir par y arriver.
Je m’agace (depuis la nuit des temps) sur l’incapacité de mon blog à intégrer (entre autre) un code iframe dans mes articles, un contenu embarqué donc. Il gère youtube, instagram et… c’est tout. Je ne considère pas qu’il s’en sort avec Spotify, il pose un extrait ridicule – nous sommes sur l’arc d’une perte de sens totale. Je recommence mes recherches et j’obtiens finalement la réponse par hasard sur un commentaire égaré, la seule qui explique tout en effet : il faut un accès premium à cette version de wordpress pour que l’option code fonctionne. Les fourbes. Je les déteste prodigieusement. RIP le player de France Inter, donc – sera posté en lien, dans Partages.
Je. déteste. que. du. code. me. résiste.
– même si en vrai, ça fait longtemps que je suis dépassée.
J’accumule les vidéos en attente, d’Arcane. – complètement accro aux détails. L’art, encore.
Mort d’un tortionnaire raciste antisémite misogyne homophobe, ne risque-t-on pas à en parler autant, de voir à sa suite, se relever des imbéciles.
Je prends le temps de nettoyer, rajouter, éliminer des mails dans la boucle de l’association. Je l’ai déjà fait. Certaines ne tiennent aucun compte de ce que j’explique, elles ne savent pas gérer un mail, ne veulent pas savoir. Alors je recommence, pour n’oublier personne.
Lors de notre promenade sous un soleil presque tiède (deux jours qu’on n’allume pas le four – cette phrase), nous avons été accompagné par le chat gris du quartier-de-l’autre-coté-des-champs, et à notre retour chez nous attendait la chienne des voisins, celle avec qui nous partons souvent marcher. Pour la première fois, elle était calme, apaisée, pour la première fois allongée au sol à présenter son ventre au lieu de courir dans tous les sens. Il y avait là quelque chose de bouleversant dans cet abandon total, dans cette confiance, ses yeux fermés.
Ma belle-mère hypnotise Chouette, pour que demain soit un long fleuve tranquille, pour que demain soigne sans crainte, pour que, demain, elle puisse se laisser approcher sans panique. Elle revient de la séance avec une magnifique énergie pas vue depuis longtemps.
Aujourd’hui surprise
. Surprise-sourire par les mots laissés sous une critique
. Surprise-sourire par ceux laissés par ici
. Surprise de m’apercevoir que j’aime profondément les mots qu’on me laisse, bien que je sois moi-même une silencieuse-née
. Depuis un livre emprunté à la médiathèque, je tente un dessin plus difficile que depuis l’ouvrage de Lise Herzog où elle me prend par la main, où je ne vois pas comment rater (améliorer, oui). Et je suis surprise, non par la fidélité que je ne recherchais pas (heureusement), mais par le résultat dans le mouvement. Il n’est pas extraordinaire, j’en vois tous les défauts. Juste, j’ai réussi à rendre la position en seulement quelques minutes. Je l’ai gâché avec le mauvais crayon, noir indélébile enragé, lesté d’une cape que je ne voulais même pas, essai idiot idiot idiot ; mais la surprise était là, juste avant le coup fatal qui a tout gâché. Je ne cherche même pas à reprendre, agrandir, arranger la cape.
Ne confondrais-tu pas les crayons.

Mercredi 8
La dentiste n’a pas trouvé la carie vue par l’urgentiste, je suis toujours impressionnée par les différences médicales d’une personne à l’autre. Un jour ma généraliste avait vue de l’arthrose partout dans ma colonne et les cervicales (elle expliquait ainsi mes douleurs, « vous voyez la grande tache, là ? ») quand le rhumatologue a dit, je ne vois rien. Sensation de clignoter.
Il n’y a pas eu d’anesthésie – source d’angoisse panique. Le dernier gros soin avait dû se faire sous anesthésie générale à l’hôpital, nous partions de loin. Elle a tout de même pu lui faire un petit soin des deux côtés ; ses dents travaillent et l’empêchent de manger, ça devrait donc être réglé, maintenant.
Elle grandit – et l’hypnose.
Bonheur de réécouter les anciens Archive. Je n’aurais pas pensé pouvoir un jour y retrouver un plaisir sans arrière-pensée. Et puis finalement c’est Pulse qui me ramène en arrière. Où peut-être les mots que je lis d’un blog que je découvre, sur lequel la musique se chevauche avec une exactitude qui me sonne – le hasard existe rarement, avais-tu remarqué. L’Univers a un humour morbide, et moi les larmes aux yeux.
Je m’inscris au blog.
Je sais.
Au travail de LeChat, conclusion d’un bras de fer entre le boss et lui où lui l’emporte (la loi pesant de tout son poids sur l’affaire), au détriment du lien patron-employé, après que le boss ait convoqué la juriste (appel à un ami), vérifié auprès du syndicat (vote du public) puis appelé son avocat (50/50) qui lui a répondu « s’il y a un accident vous êtes dans la merde ». Il a choisi la légalité – mais l’égo. Là où il pourrait être reconnaissant de ne pas faire une connerie, la rage. Il préfère dire « je suis bon prince, je t’accorde de travailler 6 jours » au lieu des 7 du départ, comme si ça venait de lui (assorti d’un « je m’en souviendrai » qui réfute aussi sec son geste « généreux »).
Faudrait voir à pas trop protéger les employés quand on peut les exploiter facilement (la réponse D).
Je reçois un courrier qui me rappelle que j’en ai trop en retard, accompagné d’un livre qu’elle a adoré et que j’avais moi, abandonné quelque part l’année dernière (elle ne s’en doute pas). J’imagine que je vais devoir lui donner une seconde chance, ne serait-ce que parce que c’est Blanche et qu’il est question de jumelles – je ne peux pas faire autrement, les deux sont liés. Au moins le titre est-il toujours aussi beau, tout comme l’objet. Il rejoint la table basse.
Les impôts me contactent d’un « je n’ai pas trouvé de numéro de téléphone » sonnant un peu désespéré – si vous saviez madame – pour compléter la feuille d’impôt de ma mère. Mais qu’est-ce que j’en sais moi de la case 7D et du montant donné à l’aide ménagère en 2023. Est-ce si important, au vue de ses ressources si lamentablement basses que l’état devrait avoir honte, de songer à une réduction d’impôt impossible ? Ubuesque. Un peu comme l’angoisse survenue à la lecture de son nom : n’importe quoi.
Et puis je réalise. Elle était seule, 97xx € par an. Nous avons le double, pour quatre. Soudain, je ne sais plus qui était la plus pauvre des deux…
Je rêve d’un thé dans une librairie avec une personne amie, de mains autour d’une tasse amusante (bleue, peut-être) et de mots apaisés, d’une pâtisserie dingue, d’une chaleur réconfortante autour de mes épaules – une peine soudaine dans la solitude d’un foyer où je ne le suis jamais, seule. Je crois que c’est le livre reçu qui m’a basculée triste, parce que l’absence.
Aujourd’hui une question lue quelque part
Que s’est-il passé pour qu’entre l’intention et le livre qui s’envole jusqu’à toi, il se passe tant de jours qu’on puisse les compter en semaines ?
– Blanche
Jeudi 9
J’ai vu les infos déplaisantes, on a cuisiné des biscuits aux épices – et on sent presque le piment, presque, pas assez d’après Kira – j’ai viré un livre (passé par Blanche) au bout de dix pages et réussi à lire (en entier mais en le regrettant) un autre de la même autrice et donné par la même personne, j’ai cherché comment dégager Instagram que je n’utilise de toute façon pas vraiment (la facilité du coup de pied, forcément), Corail a miaulé mille fois pour que je m’asseye mille fois avec elle (je me suis assise 999 fois), je suis venue à bout de la bassine de linge en écoutant comment la révolution française avait pris forme (puis j’ai dessiné, la vidéo était vraiment longue), j’ai rangé le salon et presque mon bureau, j’ai enfin créé les enveloppes pour les boutons à vendre pour la fripe, j’ai discuté littérature, j’ai oublié la lettre à écrire et le soir, lorsqu’ils sont partis au sport, j’ai eu une heure et trente minutes de solitude avec moi-même, ce qui n’était pas arrivé depuis un mois. C’est là que je réalise comme j’aurais besoin de vacances. Seule.
Aujourd’hui tentative de liberté
Étrange moment que d’envisager, la veille, un départ d’Instagram assez vague en vue de liberté, pour au réveil lire que Meta se rallie à Trump, et se mettre cette fois dans la démarche volontaire d’attraper un semblant de liberté ailleurs – départ éminemment politique, donc. Qui ne servira pas à grand chose.
Vendredi 10
La dentiste m’oblige à garder la bouche ouverte pendant 40 minutes, c’est douloureux. Sur le chemin (les deux), des larmes de froid coule sur mon visage, que je ne peux même pas effacer.
Aujourd’hui livre posé
Sur ma table basse du salon, il y a tous ces livres qui m’attendent, entre trois ans ou quelques jours, selon l’arrivée. Des livres reçus par la poste ou donnés à la main, toujours par Blanche. Trois sont réellement à moi, un choix très personnel – de la poésie. Ces livres, je les attrape depuis le début de l’année avec pour mission de les décimer rapidement – et d’arrêter de m’embêter avec. J’en ai éjecté quelques uns, lus rapidement d’autres, tous périssables. Celui-ci l’est également, périssable, mais là où je m’attendais à le reposer très vite, je l’ai finalement conservé. Une sorte de mélange de personnages très bien composés (hormis le principal qui semble sans consistance), de feel-good pénible puis intéressant puis pénible, de tragédie pas folle, lu d’une traite ou pas loin. Pas trop mal, en somme.
J’aurais pu le poser, mais il s’est laissé lire. Il repart dans une boîte à livres (pas la mienne, elle a bel et bien disparue de la mairie).
Samedi 11
Ma grand-mère a un œil au beurre-noir immense, un pansement sur la main droite et un fil d’oxygène en travers du visage. J’ai reçu la photo avant de lire les mots, appelle-nous. Si j’atteins ses 97 ans je lui ressemblerai tellement.
Une infection urinaire est à l’origine des chutes, la grippe a fait le reste. Elle qui n’est jamais malade. Même la covid au plus fort de l’épidémie, elle avait été testée positive sans aucun symptôme.
J’essaye de la joindre, quatorze fois. Elle est à côté de son téléphone, mais elle n’entend pas. Métaphore familiale, un peu.
Le soir on prépare les sandwichs, on prend un itinéraire plus long pour cause de « route fermée » et on marche pendant une heure et quarante minutes au milieu de sculptures illuminées.

Je n’ai pas pris le fauteuil, je teste ma résistance. Et heureusement, le sol est caillouteux ça aurait été l’enfer pour LeChat. Je m’en sors bien, d’ailleurs : je bouge. Je photographie, je teste, j’avance, je reviens en arrière, ils sont loin devant et je finis par les rattraper, on s’en met plein les yeux d’une lumière éthérée ou au contraire intense, selon les lieux. Certaines sculptures sont isolées, d’autres forment un thème – je ferai un article plus complet. C’est de toute beauté, parfois très enfantin parfois plus extraordinaire, comme ses oiseaux.
Là où finalement je ne fais pas attention, emportée par les bulles et lumières, c’est lors du spectacle devant le château. Je photographie, je me fixe devant les grands-immenses avec enfants sur les épaules – je suis petite. C’est beau, féerique, mais très sombre, je finis par arrêter les photos tant j’ai l’impression que ça ne rend rien – et j’ai tort, je le sais plus tard, ce manque de confiance en moi tout de même – j’admire alors, ça se passe entre moi et moi. Tellement, lorsque le spectacle est terminé, le bas de mon dos hurle lors du premier mouvement pour partir, j’en pleurerais. Vingt minutes sans bouger suffisent à me flinguer, c’est épuisant d’être moi. J’apprends, j’apprends toujours – j’oublie aussi vite.
Nous quittons les lieux un peu plus tôt que prévu, dès la fin du spectacle : j’ai trop mal, et LeChat et Kira ont les pieds transformés en glaçons.
Je prends du CBD et je me cale sous les draps contre une bouillotte, et je dos mal, très mal – trop mal.

Aujourd’hui à midi pile
Je quittais les livres. Je laissais derrière-moi tous ceux que je ne prenais pas, j’en emportais deux de dessin et de cuisine et la petite bibliothèque a fermé la porte pratiquement sur nous. Une presque mise à la porte, il y avait encore quelqu’un après nous.
Dimanche 12
Je ne suis pas sortie du lit, je sais que la cheville ne me supportera pas. Je prends l’atèle, je la cale serrée et c’est un soulagement : ça fonctionne. J’avance dans la vie tenue par des tissus ou des bâtons, parfois des roues – rarement les roues, je n’aime pas les roues. Le plus étonnant est qu’on ne voit rien de ce qui me tient debout, je suis cachée. Toujours.
C’est au téléphone avec Blanche que je m’aperçois que le coude hurle au contact, impossible de m’appuyer au bureau. J’ai tenu l’appareil photo trop longtemps ? J’imagine. J’imagine un corps qui danse, court, marche, stagne, saute, grimpe, câline, pousse, s’assoit, porte, lave, soulève, remonte, se baisse, cuisine, jardine, peint, tient, bouge, attrape, mange, joue, rattrape, travaille, parle, bricole, respire, cloue, découpe, dessine, coud, lit, colle, écrit, chante, se lève, rit, téléphone, conduit, embrasse, visite, tourne, se retourne, prend, balaie, tire, nage, photographie, s’appuie. Sans souffrir.
Nous avons regardé, mais on ne sait pas très bien ce qu’on voit. Quelque chose entre l’hémorragie interne ou l’escarre – je les démarre toujours là, aussi ça perturbe l’œil. Quelque chose de bleu-rouge-noir pas joli. Quelque chose qui me pourrit la vie, il semble que je m’appuie souvent sur le bras gauche, je crie plusieurs fois. Bien. Quelque chose de l’ordre de la colère alors, je suis cassable sur une soirée à tenir un truc lourd. C’était un test pour ma sortie de février, je crois que je l’ai raté. J’ai un mal fou à accepter.
L’après-midi nous fêtons noël chez mes beaux-parents, ce noël reporté on ne sait plus combien de fois. Nous mangeons des crêpes et une salade de fruits maison, et je ne sais pas si c’est la fatigue ou si j’ai chopé un virus mais je gère mal le sucre, j’ai le ventre en vrac toute la soirée – mais dors parfaitement bien la nuit, j’en déduis la fatigue.
Je repars avec un beau livre sur les jardins, il me donne l’impression d’être un carnet de voyage intérieur, tout en photos et mots-douceur, et puis un pendentif de fenêtre, une sorte d’attrape-soleil que j’ai hâte de poser (même si je n’aime pas beaucoup le doré, je lui préfère l’argent gris).
Le soir je réalise que je n’arriverai jamais à quitter Instagram. Ce n’est pas pour ce que je poste, ni pour ma modeste communauté, ni pour les liens que j’y ai. C’est bien plus problématique : c’est mon ouverture sur l’art, c’est là que je découvre beaucoup de mes artistes peintres préférés, là que j’y trouve les plus jolies dingueries quel que soit le domaine (même si je ne tire pas tout de ce média).
Alors… partir…
La politique ? Humph. Je n’ai jamais été très militante.
Découverte du soir qui me scotche et me donne envie de peindre – par Instagram, absolument. Dis-moi comment je pars quand c’est à tout un univers de possibles créatifs que je me fermerais ?
Aujourd’hui, description du comportement des humains
Au troisième essai, ma grand-mère décroche, mais peut-être lui ont-ils signalé que le téléphone sonnait ? Mon oncle est là, il commente toutes les réponses qu’elle me fait. Là où je ne comptais pas dire que j’avais appelé dans le vide la veille, lui insiste, « si elle a appelé plein de fois hier mais vous n’avez pas entendu ». Il la vouvoie – dois-je rappeler le milieu d‘où je viens. Nous sommes au téléphone à trois, il ne m’a pas dit bonjour mais il est là, dans la conversation, je ne sais plus soudain, qui est surveillé, d’elle ou de moi.
Je préfère raccrocher.
Partages
. France Inter : Arcane, série de légende (où on fait la connaissance du studio français)
. Art : Une société de nettoyage dessine Godzilla sur la façade d’un barrage au Japon
. Instagram : j’ai un truc avec les théières ^^’ ; Petr Vaclavek
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« j’ai eu une heure et trente minutes de solitude avec moi-même, ce qui n’était pas arrivé depuis un mois. C’est là que je réalise comme j’aurais besoin de vacances. Seule. »
C’est ce que je vis mal, si peu de temps seule aussi, si peu de temps pour me ressourcer. Et puis je me dis que ce temps viendra et quand il sera là peut-être aurais je envie d’autre chose?
Je te comprends pour Instagram…il y aussi des choses qui font du bien, pourquoi s’en priver sous prétexte que…
C’est difficile, pour se construire, se reconstruire, avancer, réfléchir, de ne pas avoir de temps seul.e. Je crois qu’on en aura toujours besoin.
Pour Instagram, je ne désespère pas. J’ai besoin de temps et d’énergie pour me pencher dessus, et en ce moment je n’ai pas ça de disponible. Mais je vais y venir, m’organiser (pour ne pas être privée).
En effet il aurait été dommage de rater cette jolie expo !
Dès que j’ai temps et énergie, je fais un article (j’ai 10 000 articles en préparation, c’est formidable)