(page qui va s’étoffer tout au long du mois, ceci afin de les réunir au même endroit)
2. Aujourd’hui bleu
J’ouvre les yeux mais rien n’est bleu aujourd’hui. Une amie m’a envoyé Le muguet rouge, le ciel est gris, les biscuits sont chocolat, mon bureau est noir, le chat orange. Rien n’est bleu sinon peut-être celui sur ma jambe, pas encore résorbé.
Est-ce qu’on peut se parler ? J’ai du bleu pour ton demain.
3. Aujourd’hui taper
Ça n’a rien changé à l’angoisse, mais j’ai tapé un sanglier. Je veux dire, plusieurs sangliers. Ça n’était pas arrivé depuis… je ne sais plus. Chouette m’a demandé de jouer avec elle alors je me suis connectée à Wakfu et j’ai tapé avec elle des monstres qui n’avaient rien demandé, avec la joie d’être simplement ensemble pendant une heure. Parfois, j’aimerais savoir plonger dans un jeu, m’immerger et frapper, frapper, frapper jusqu’à valser ce qui me dévore, hurler avec les poings ce qui reste en dedans, caché.
4. Aujourd’hui le plus petit des petits riens
.
5. Aujourd’hui acheté
Blanche m’a appelé et nous avons discuté d’Ovidie, de son dernier livre et des précédents que je ne connais pas et elle m’a dit attends, attends je vais les acheter pour le boulot et pour moi, et j’ai peut-être doucement envié cette facilité décontractée de la carte bleue qui claque sur des livres.
6. Aujourd’hui que deviendra cet enfant plus tard ?
Découverte de la journée citoyenne, celle où Kira ne pourra pas se rendre (bien que LeChat pense que si, bien sûr, ça va le faire, toujours optimiste et peut-être qu’il a raison, que j’ai tort, qu’elle réussira à parler, répondre, et qu’on ne le paiera pas ensuite par des semaines de down, j’abandonne), du recensement obligatoire, celui pour lequel elle est en retard ; il va s’agrandir jusqu’à ce que la MDPH statue sur son handicap. En attendant, on va profiler bas, pas de permis, pas de vote à 18 ans, pas de diplôme jusqu’à ces 25 ans, si nous n’arrivons pas à l’exempter. Alors ce que deviendra cette enfant, je ne sais pas, elle criera peut-être des mots dans les histoires qu’elle écrit.
7. Aujourd’hui surprise
. Surprise-sourire par les mots laissés sous une critique
. Surprise-sourire par ceux laissés par ici
. Surprise de m’apercevoir que j’aime profondément les mots qu’on me laisse, bien que je sois moi-même une silencieuse-née
. Depuis un livre emprunté à la médiathèque, je tente un dessin plus difficile que depuis l’ouvrage de Lise Herzog où elle me prend par la main, où je ne vois pas comment rater (améliorer, oui). Et je suis surprise, non par la fidélité que je ne recherchais pas (heureusement), mais par le résultat dans le mouvement. Il n’est pas extraordinaire, j’en vois tous les défauts. Juste, j’ai réussi à rendre la position en seulement quelques minutes. Je l’ai gâché avec le mauvais crayon, noir indélébile enragé, lesté d’une cape que je ne voulais même pas, essai idiot idiot idiot ; mais la surprise était là, juste avant le coup fatal qui a tout gâché. Je ne cherche même pas à reprendre, agrandir, arranger la cape.
Ne confondrais-tu pas les crayons.
8. Aujourd’hui une question lue quelque part
Que s’est-il passé pour qu’entre l’intention et le livre qui s’envole jusqu’à toi, il se passe tant de jours qu’on puisse les compter en semaines ?
– Blanche
9. Aujourd’hui tentative de liberté
Étrange moment que d’envisager, la veille, un départ d’Instagram assez vague en vue de liberté, pour au réveil lire que Meta se rallie à Trump, et se mettre cette fois dans la démarche volontaire d’attraper un semblant de liberté ailleurs – départ éminemment politique, donc. Qui ne servira pas à grand chose.
10. Aujourd’hui livre posé
Sur ma table basse du salon, il y a tous ces livres qui m’attendent, entre trois ans ou quelques jours, selon l’arrivée. Des livres reçus par la poste ou donnés à la main, toujours par Blanche. Trois sont réellement à moi, un choix très personnel – de la poésie. Ces livres, je les attrape depuis le début de l’année avec pour mission de les décimer rapidement – et d’arrêter de m’embêter avec. J’en ai éjecté quelques uns, lus rapidement d’autres, tous périssables. Celui-ci l’est également, périssable, mais là où je m’attendais à le reposer très vite, je l’ai finalement conservé. Une sorte de mélange de personnages très bien composés (hormis le principal qui semble sans consistance), de feel-good pénible puis intéressant puis pénible, de tragédie pas folle, lu d’une traite ou pas loin. Pas trop mal, en somme.
J’aurais pu le poser, mais il s’est laissé lire. Il repart dans une boîte à livres (pas la mienne, elle a bel et bien disparue de la mairie).
11. Aujourd’hui à midi pile
Je quittais les livres. Je laissais derrière-moi tous ceux que je ne prenais pas, j’en emportais deux de dessin et de cuisine et la petite bibliothèque a fermé la porte pratiquement sur nous. Une presque mise à la porte, il y avait encore quelqu’un après nous.
12. Aujourd’hui, description du comportement des humains
Au troisième essai, ma grand-mère décroche, mais peut-être lui ont-ils signalé que le téléphone sonnait ? Mon oncle est là, il commente toutes les réponses qu’elle me fait. Là où je ne comptais pas dire que j’avais appelé dans le vide la veille, lui insiste, « si elle a appelé plein de fois hier mais vous n’avez pas entendu ». Il la vouvoie – dois-je rappeler le milieu d‘où je viens. Nous sommes au téléphone à trois, il ne m’a pas dit bonjour mais il est là, dans la conversation, je ne sais plus soudain, qui est surveillé, d’elle ou de moi.
Je préfère raccrocher.
13. Aujourd’hui ce qui ne fonctionne pas
Je l’ai cherchée partout – et visiblement très mal. Impossible de remettre la main sur la carte de vœu reçue la semaine passée, je n’en reviens pas d’être si mal organisée alors que je classe tout : elle aurait dû être dans la pile » à gérer », en attente bien en vue pour la réponse. Je l’ai égarée, et avec elle sa nouvelle adresse. Formidable.
(retrouvée demain)
14. Aujourd’hui transparences
Je ne suis que cela, transparences.
Ou peut-être pas.
15. Aujourd’hui j’attends
J’attends qu’elle ouvre, que mes mains se réchauffent, que mes mains arrêtent de me faire souffrir, de pouvoir rentrer et boire de l’eau, qu’il soit l’heure de manger, que le thé refroidisse, que la crise d’angoisse déroule tout ce qu’elle a à dire, que la musique l’efface, que le gâteau cuise, que ça colle parce que là ça colle pas, que le gâteau refroidisse, que le téléchargement se termine pour crier ma joie, un miracle maintenant qu’elle est partie à la retraite et qu’on a merdé, de regarder le concert, des réponses aux multiples questions qui me traversent, que le rhume trépasse et me rende mon cerveau.
16. Aujourd’hui mal
J’avais faim, terriblement, je ne sais pas pourquoi, mon repas de midi était très bien, très nourrissant. Mais là j’avais vraiment faim alors j’ai proposé un second tour à cette galette des rois pas si formidable mais qui se laissait manger ; l’une des collègues m’a proposé aussi une part de l’autre galette faite maison et c’était délicat de refuser. C’est comme ça que j’ai mangé trop de galette et que mon estomac n’a plus été d’accord. Très inconfortable. Comme la chaise. Deux heures assise sur une chaise en fer, la douleur m’a forcée à me mettre debout en plein milieu d’une phrase de l’une des personnes.
Tout ça pour une réunion qui n’a pas servi à grand-chose – est-ce que parfois une réunion fait vraiment avancer le monde.
17. Aujourd’hui, film dont vous êtes le héros
L’héroïne, fatiguée de ne pas sauver le monde, est partie se coucher – elle ne s’est pas sentie concernée par le thème.
18. Fragment d’aujourd’hui raconté en recette de cuisine
1 soleil nuageux
1 machine de linge bien mouillé
10 gros livres empruntés
1 appel délirant
Quelques courses
Une pincée de rires et de conversations
Séparer le soleil des nuages, garder au frais. Hacher le linge sur une corde, l’étaler et attendre qu’il sèche, puis le ramasser à la nuit pour qu’il conserve finalement un peu d’humidité (toujours changer d’avis en cours de recette). Peler les livres pages après pages, y ajouter quelques rires et conversations. Bien mélanger, puis incorporer le soleil avec délicatesse. Chauffer doucement les courses, ajouter un appel délirant en plein milieu. Ne pas hésiter à rajouter davantage de délire si la pâte est un peu légère. Goûter, rectifier un peu la température. Étaler le linge sur le tout, attendre une heure. Rajouter un thé à l’orange à la recette (il ne faut jamais suivre à la lettre, j’insiste).
Cuire à 11°, pendant une journée entière : la soirée est prête pour la crise d’angoisse inattendue.
19. Aujourd’hui dilemme
Marcher ou m’asseoir.
La chambre ou l’abandon.
Parler ou écouter.
Lire ou jouer.
Dessiner ou écrire.
Rester en pyjama ou m’habiller.
Fermer les yeux ou ouvrir.
20. Aujourd’hui sans pitié
Le mental m’assomme d’idées brouillonnent, le corps m’assomme d’étourdissements.
Chacun à sa manière, sans pitié.
22. Aujourd’hui la force
L’énergie s’est envolée, l’écriture dissipée. Mais qu’est-ce qu’on pourrait bien avoir à dire encore ? Avec quelle énergie.
23. Aujourd’hui mélange
Je mêle les épices au sucre, les épices à la farine, les mots au papier, les émotions au crayon, j’emmêle les cheveux dans le vent, les lettres dans les mots, la vulnérabilité et le souffle, et puis je rectifie, redresse, range, affronte, je rends lisible ce qui n’a plus de sens.

25. Aujourd’hui ce qui vous empêche d’écrire
La peur.
L’angoisse du point de départ – quelle est ta première phrase pour te dire -, de n’avoir rien à dire – est-ce que tout le monde n’a pas déjà raconté la vie et la mort et tout ce qu’il y a entre -, de ne pas savoir la fin avant de m’y mettre – vers quoi te diriger, sur quoi te lever les matins, quelle sera ta dernière phrase -, de dérouler sans saveur – l’ennui sans fin d’un livre qui n’avait rien à murmurer -, de m’emmêler dans l’enfance et tomber dans un gouffre – d’avoir trop à raconter, finalement -, de n’avoir aucun sujet – choisis, toi -, de ne pas écrire dans le bon ordre, de l’écriture ratée explosée, de la page blanche, de la page noire, d’en dire trop, de ne pas en dire assez, de rater, de poser mon propre jugement sur les mots choisis.
La peur.
Alors. le silence.
27. Aujourd’hui journée des pieds
L’otite, la douleur inhérente, le dos douloureux, le bruit de l’aspirateur (de chantier) que je ne peux occulter avec le casque (l’otite), les mails de l’asso, la nuit lamentable, la table et la chaise de l’enfant dans le passage parce qu’en attente de partir, la BD brouillonne, la critique d’un livre… tout me casse les pieds jusqu’à me crisper. Parallèlement c’était une bonne journée, et c’est peut-être ce qui est le plus étrange.
28. Aujourd’hui bu
J’ai écrit, sa présence dans mon dos, perturbante. Je n’ai pas réussi à me faire le thé dont j’avais envie, et je ne me l’explique pas, je veux dire elle ne gênait pas, elle lisait, tout était calme, il y avait la place d’elle dans le canapé, moi au bureau et la tasse à côté de moi, il y avait ce possible et alors rien. J’ai bu de l’eau, plus tard j’ai pris mon nouveau traitement à la cortisone et jamais je ne me suis offert cette chaleur entre les doigts et l’âme.
Il me semble que le thé accompagne un silence et une solitude, ou alors une amitié. Rien n’était réuni.
J’ai raté sur un vide et il me faudrait creuser ce qu’il ne s’est pas passé.
29. Aujourd’hui une princesse
Je suis certaine de l’avoir dit quelque part un jour, je ne suis pas une princesse, aucune fée ne m’a rendue jolie, je ne sais pas comment renverser un pot de paillettes sur moi et je ne suis même plus intéressée. Aujourd’hui j’avais une chevelure hirsute, la faute aux vagues boucles indomptables du lavage de cheveux d’hier soir. Je ne suis pas princesissable, pas davantage instagramable (ça va avec, ces choses). Parfois l’homme qui partage ma vie m’appelle Princesse, ça me suffit. Ou petite fée, et je préfère.
Et puis ce matin, j’ai trouvé ce pendentif. Un peu lourd, j’ai peur de ne pas en supporter le poids, mais si beau. Il y a bien de quoi dans la vie se sentir princesse, finalement.
30. Aujourd’hui oublié de
J’écris sur la survie par les mots toute la matinée, à trois endroits différents : la probabilité était de combien que ça se produise, en même temps. J’en oublie le repas, lorsque je relève le nez il est 13h.
La journée se déroule de manière chaotique (orage, une vis des lunettes qui se perd dans la maison et ma vue qui en pâtit jusqu’à la migraine), j’en oublie les activités des enfants.
Et parce que mercredi j’ai oublié mon écharpe, celle que j’ai cousu moi-même, (qui a été mise en vente par AnMa, d’où l’oubli), je suis retournée ce soir, sous la pluie, la récupérer avant la vente de samedi…
31. Aujourd’hui moment lumineux
Alors que je dessinais, le soleil est passé par la porte d’entrée, un soleil brisé, éclatant, presque douloureux. J’ai baissé la tête mais ne me suis pas déplacée, et j’ai peint à l’encre noire, la plus obscure des créatures.

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J’ai commencé à le faire aussi… et bon on est le 13 et j’en ai déjà raté plusieurs, et je me déteste pour ça. Mais bon, je m’accroche, je veux m’accrocher.
Courage pour Kira ♥
Ce n’est pas facile de le faire tous les jours, encore moins pendant une année (d’ailleurs la règle dit bien que ce n’est pas obligatoire). Mais je suis comme toi, je voudrais y arriver sans oubli ^^’
Disons que si je n’ai pas envie ou pas d’inspiration, ok je zappe mais quand je SAIS quoi écrire mais que je ne me sens pas ou qu’il y a autre chose qui m’en empêche, là non pas d’accord ^^
Je vois tout à fait le problème ^^’ Pas évident de toujours tout caser