J’espérais lire quelques livres du Challenge Solidaire, mais j’ai oscillé entre oubli et auteurs qui ne m’intéressaient pas, ce n’est jamais arrivé faute d’intérêt. Je vois ce défi un peu comme un échec personnel, je me suis donc réinscrite pour 2025 – je n’y vois aucune raison de réussir mieux, mais il me plaît sur le principe.
Je ne reparle pas des Carnets de l’apothicaire, je l’ai déjà fait souvent les dernières fois : ils sont toujours aussi sympathiques, lancez-vous les yeux fermés.
J’ai eu quelques ratés littéraires, des rencontres qui n’ont pas eu lieu et qui m’avaient été conseillé par la même personne : nous ne sommes pas livre-compatibles, ce n’est pas grave.
Précisions sur ma notation Babelio
. 0.5 ⭐n’aurait pas dû être écrit
. 1 ⭐pas beaucoup mieux, mais il y a pire
. 1,5 ⭐pas terrible
. 2 ⭐c’est assez mauvais mais certaines choses sont à sauver
. 2,5 ⭐ impossible de trancher entre ça m’a plus et j’ai détesté, vide intersidéral
. 3 ⭐ pas mal, sans plus
. 3,5 ⭐bien, quelques réserves
. 4⭐ j’ai adoré
. 4,5 ⭐ presque parfait
. 5 ⭐ perle rare
Décembre, 20 lectures


Je suis Camille, de Jean-Loup Felicioli
4,5 ⭐
Camille est une petite fille née dans un corps de garçon. Le sujet, encore rare, est traité avec intelligence, délicatesse, respect, douceur. Ici on parle avant tout des désirs et besoins de l’enfant (avoir des amis), il n’est pas question de pédagogie mais d’humanité et pudeur. Un ouvrage optimiste qui fait du bien.
Album jeunesse, pour les enfants.
Le Livre du feu, de Christy Lefteri
3,5 ⭐
Enchantée par son précédent livre (L’apiculteur d’Alep), j’en attendais peut-être trop. Je l’ai pourtant beaucoup aimé, sa poésie est brûlante, les scènes familiales sont délicates, l’incendie bouleversant. Je n’ai pourtant pas réussi à m’immerger, je reposais souvent le livre tant c’était dur, je n’ai pas eu d’empathie évidente pour les personnages qui sont comme figés, et les sujets m’ont paru effleurés. Un livre intéressant, sans être son meilleur.

Il y a dans les histoires quelque chose qui nous permet de mieux appréhender le présent. Quand nous écoutons les tribulations des héros et la façon dont ils en viennent à bout, il nous est plus facile d’imaginer survivre aux nôtres. On peut raconter aux enfants un conte de fées encore et encore, parce qu’il y a dans leur cœur une énigme qu’ils ont besoin de résoudre sans même le savoir.


Sous les flocons d’Inverness,
de Mouna Bouslouk
2 ⭐
J’ai connu l’autrice dans une autre vie (une femme adorable que j’aime beaucoup), j’avais même relu-corrigé son premier manuscrit (Le voyage de Lisa). Nous nous sommes un peu perdues de vue depuis. Par curiosité j’ai donc entamé ce livre, choisi parce qu’il a gagné un prix (afin de mettre toutes les chances de mon côté, je me doutais que c’était très « romance »).
Vous devez commencer à le savoir, je n’aime pas les histoires d’amour (surtout si elles n’ont que ça à raconter), ce n’est donc pas une réussite en ce qui me concerne. Par contre l’histoire est parfaite pour qui aime le genre, vous pouvez y aller les yeux fermés. L’écriture est agréable, juste on est dans les clichés du genre mais c’est ce qui est attendu.
Le tome 2 m’a par contre été très difficile, je n’ai pas accroché à l’histoire dans son entièreté qui m’a paru rocambolesque et même improbable. J’ai donc préféré ne pas le noter pour ne pas lui baisser sa note générale : je ne suis pas le public ciblé, et puis c’est tout (dommage, parfois).
Mouna si tu me lis, je suis heureuse de ton succès 🙂

Ma vie 4 étoiles
3,5 ⭐
Plusieurs problématiques ou thématiques sont abordées : fauteuil roulant, paralysie cérébrale, autisme, Alzheimer, grands-parents vieillissants, les clans à l’école et même la pâtisserie (elle m’a appris que la cuillère à glace s’appelait aussi cuillère à cookie, ma vie a changé). C’est un bon livre, avec une réserve : la religion. Traduit de l’américain, le décalage culturel est brutal : la religion y prend une place démesurée que nous ne connaissons pas en France, et ça m’a fortement crispée.
Livre jeunesse pouvant être lu par un adulte (mais limite).


Mylène Farmer, Carnets de voyages
3,5 ⭐
Trouvé par hasard chez Gibert pour 2,80€, je ne me suis pas privée pour me l’offrir. Et j’en suis heureuse, rien que pour les belles photos (sur un papier de bonne qualité). Le bémol : la familiarité de l’auteur (« la belle » toutes les trois pages), le ton parfois condescendant, les adresses dévoilées alors que secrètes. Ceci mis à part, j’ai aimé suivre l’artiste à travers la France ou le monde, complété de références historiques pour les lieux ou bâtiments.

Lakbay, échappées dessinées
5 ⭐et la rencontre de l’autrice.
L’ouvrage est d’une grande beauté. Les dessins sont magnifiques et les voyages recensés laissent presque un petit goût de trop peu, tant j’aurais aimé en lire et en voir davantage sur chacun (pourtant ce partage de peintures et de mots est intense, généreux, intime même). J’admire son coup de crayon tout autant que sa faculté de rencontrer l’autre. Des hommes, des femmes, des enfants passent sous son crayon et son pinceau, un émerveillement à chaque page.
Un beau livre d’art.


Un livre de jours, Patti Smith
4 ⭐
Lu jour après jour sur l’année écoulée (avec quelques retards parfois), j’ai aimé me plonger dans le mélange parisien et américain de l’autrice, dans ses souvenirs, ses tristesses, ses joies. Poétique autant que personnel, le livre est une version spécialement française ; depuis que je le sais je me demande quels mots et photos ont ornés la première parution, je serais curieuse de comparer, et même ça me plairait d’avoir les deux dans ma bibliothèque. Pour voir encore une autre facette de Patti Smith.
Livre d’art, photos en noir et blanc.
Rien n’égale l’atmosphère des vieux polaroids – à part peut-être un poème, une phrase musicale, une forêt enveloppée de brume.

Être à sa place, Claire Marin
3 ⭐
Ce livre est à la fois intéressant par son thème et ennuyeux dans son résultat. Les chapitres font 3 à 5 pages, tout est survolé, lisse. Il lui manque une profondeur, un récit, une plongée dans le cœur et le corps humain. L’autrice décline toutes les manières possibles de prendre une place (vide, à prendre, imposée, transfuge de classe, j’en passe), ça aurait mérité de doubler, tripler, les pages pour plonger vraiment.
Philosophie légère, agréable, sans plus.

Réconcilier celui que l’on est devenu et celui que l’on n’a jamais cessé d’être. Renaître à soi dans la complexité de celui que l’on est devenu.

La chair est triste hélas, Ovidie
Ovidie explique, dans un livre au langage soutenu, pertinent, intelligent qui fait un bien fou, pourquoi elle a renoncé aux relations hétérosexuelles depuis 4 ans. Elle livre son expérience personnelle et psychique avec lucidité, au travers d’un cheminement de pensée aussi bien intimiste qu’universel (et c’est bien le problème). Je me suis retrouvée en elle dans ma première partie de vie, ça secoue. J’ai eu la chance de trouver une autre trajectoire, un autre type d’homme, pas elle (pour l’instant ?). Alors ce pas de côté, hors culture du viol, hors patriarcat, hors société, avec colère, tristesse, force.
Et puis les dernières pages, qui l’éclairent elle, son parcours, ses désillusions, sa détresse. Comme nous toutes, une histoire qui trace un chemin duquel il y a besoin de s’extraire pour ne plus jamais accepter la maltraitance, les viols, la violence. La domination.
Ce livre est un témoignage, personnel j’insiste. Il n’est pas question ici d’un essai. Mais il parlera à quelques hommes et beaucoup de femmes (et je l’espère, pas à toutes). Il saute à la gorge, et le premier mécanisme de défense qui passe par-là se met en place avant même d’avoir compris pourquoi. Sa colère, son honnêteté sans filtre, m’ont demandé une déconstruction (rapide, et indolore ne vous inquiétez pas) : pourquoi est-ce que ça activait mon malaise, et contre elle qui plus est ? Parce qu’elle posait en mots un désarroi effrayant, parce que les nuits à avoir peur j’ai connu, parce qu’on m’a appris à courber la tête et que celle-ci peine toujours à rester droite.
Le livre est percutant, peut-être maladroit, écrit avec colère, mais nécessaire.
Une injonction à prendre soin de soi.
Il (Ce texte) est tout ce que je ne peux dire, tout ce que je m’interdis de verbaliser de peur que mes mots dépassent ma pensée. Il est une violence qu’on finit par regretter, mais par laquelle il faut passer pour trouver l’apaisement.
Ce texte est la fureur qui m’embrase et me consume.
L’année 2024 s’est achevé là, sur ce constat patriarcal. Il y a eu de bons livres au milieu des fausses notes, c’était un mois bien agréable sur le plan littéraire. J’ai dans l’idée de ralentir les lectures jeunesse (fantasy, etc) à l’avenir, j’y trouve rarement un grand plaisir désormais ; je suis peut-être devenue méchamment sélecte, mais la qualité d’écriture n’y est pas souvent (ou dernièrement absente dans mes choix ?). Je verrai.
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Ovidie, c’est noté. Pour moi et pour ma frangine.
Ce qui est étonnant, c’est que j’ai vu plusieurs métrages d’Ovidie (du p*rn*, donc.) C’était exactement la même chose que les films masculins, ça m’avait beaucoup surprise. Son meilleur film c’était celui co-réalisé avec Jack Tyler, qui lui en revanche, fait du s*x*e avec une poésie dingue (j’essaie de contourner la probable censure de wordpress :D)
J’ai la sensation que tout est à lire, chez elle.
Côté p*rn* (trop bien vu ^^), visionné aussi mais tu vois je n’arrive pas à me souvenir vraiment en dehors de un, il y avait un mec avec des ailes d’ange, carrément pas ma tasse de thé. Je ne me souviens pas de celui dont tu parles (j’ai cherché), je n’ai pas du le regarder.
Par contre, j’avais vu le film (pas p*rn*) sur les prostituées en Suède (Là où les putains n’existent pas), et lui m’a marquée.
J’adore lire ces carnets de lecture qui donnent à sentir un parcours de lectrice, sans s’en tenir à des avis distants. C’est encore plus amusant quand j’ai moi-même lu certains des livres évoqués (ici ceux de Claire Marin et Ovidie) ; je perçois mieux ce qui résonne de manière similaire ou au contraire les pas de côté.
Je te souhaite une belle année 2025 de lectures ! Se focaliser sur ce qui nous attire et pas ce qui « devrait » nous faire plaisir, ce n’est pas être trop select, juste écouter ses affinités.
C’est vrai que moi aussi j’aime beaucoup les échos, lorsque j’ai lu le même livre ! Du coup là je me demande si J’ai vu Claire Marin chez toi.
Merci 🙂 Je te le souhaite aussi, avec plein de pas de danse !
Toujours agréable de découvrir les lectures des uns et des autres. Parfois il y a des résonnances.
Je te souhaite que 2025 soit riche de bons moments de lecture, je crois que se forcer ne sert à rien, il faut au moins là savoir se faire plaisir. Et savoir laisser passer quand on n’accroche pas.
Cela me fait tellement plaisir de partager les résonances !
« au moins là » c’est vrai, on ne peut pas toujours ailleurs..