Dimanche 1er décembre – Dichotomie
Premier jour d’un non calendrier de l’Avent, j’espérais m’en offrir un avec du thé noir, mais outre le fait qu’il est difficile d’en trouver sans vert, blanc ou roïboos, je n’ai même pas cherché : pas les finances. C’est de toute façon un vœu très enfantin qu’espérer apprécier autre chose que du thé avec des agrumes ou du gingembre – je suis une enfant.
Un réfugié (sans papier pour l’instant) est arrivé en milieu de journée, un sénégalais pris dans un circuit d’aide qui fait au mieux mais n’est pas au point. Une fois par mois il déménage de famille d’accueil, pour décembre il est hébergé dans ma belle-famille. Il est arrivé sans carte pour le transport de demain, sans aucune information, il n’a rien à manger pour le midi (le tout censé être prévu par un accompagnateur qui n’est pas venu), nous avons fourni pour un sandwich (et j’ai donné toutes les indications pour les bus notamment qu’il faut vérifier en montant, mais je ne peux pas lui donner ma carte, vu les problèmes qu’elle générerait avec un contrôleur). Et comme il n’y a que peu de transports ici, il va attendre deux heures dans le froid que ses cours de français ouvrent les portes à 9h.. Je demande à ma belle-mère, « mais deux petits sandwichs, ça va lui suffire ? » Elle me répond – et ça me cisaille – « surtout pas plus, je ne suis pas certaine qu’il supporterait ». Comment peut-il être accueilli en France et pour autant si mal nourri…
Quelque chose coince gravement dans le système, même si tout le monde fait de son mieux.
J’allais me poser et lire, oubliant complètement mon défi de dessiner une fois par jour, quand LeChat m’a proposé une séance à deux. Nous avons donc dessiné côté à côte, mêlant nos crayons dans le silence de cette fin de journée. Doux, très doux.
Bien sûr il occupe toute la page avec son dessin, quand je peine à l’investir.

2 décembre – la tête dans le mur
Je suis lourdement fatiguée. La journée passe et je somnole jusqu’à la sieste, l’épuisement m’a rattrapée en traître, comme ça. Peut-être le dos mais il va vraiment vers un mieux formidable (c’est seulement sensible), peut-être le manque de sommeil puisque ça reste assez chaotique. Je songe à la stèle mais non, elle n’est pas concernée ou alors d’une manière trop indirecte et là je pourrais donc dire, peut-être ma tante. Qui m’a envoyé un mail où elle me dit à peu près les mêmes choses qu’au téléphone et me raconte la journée de dimanche et termine sur un « quand ça sera fait, je t’enverrai le rib de maman », voilà, j’ai enfin le fond de l’histoire : c’est ma grand-mère qui paye la stèle, pas mes tantes. Et surtout, elle ajoute, « comme ça va être éloigné dans le temps, tu pourras peut-être donner davantage ».
Elle n’écoute dramatiquement pas.
Je suis fatiguée.
Je parle seule et je suis fatiguée.
3 décembre – And this hell is where I’ll stay
Bon anniversaire de mort. Mother.
Still wear the beatings from that belt.
Paroles
Hush – Silence
You pray for quiet
But inside your head
The screams won’t silence
I remember those days
The terror that’s the home
The fear that’s in your bones
It just won’t go away, no
The strangleholds
The insulting names
The wound-up shirt around his fist
The nose-to-nose, beer-stinking breath
Thrown down onto the floor
So battered, bruised, and sore
Choked down onto the bed
And thrash until you break your neck
Hell’s where I was born
Hell’s where I was raised
This hell is where I’m from
And this hell is where I’ll stay
The hush is all I need
To hush the misery
The hush that belongs to me
Like the hush inside a dream
Just be still and pray
And let the noise just fade away
Retain the violence
Locks up your heart like a secret closet
So no one can penetrate
Just can’t stand the touch
Affection weighs too much
You push everyone away
From…
The reckoning
The venom stings
Whipped so bad I pissed myself
Still wear the beatings from that belt
If this reminds you of home
You better know you’re not alone
Hold a gun up to my head
And I’ll pull the trigger on myself
Hell’s where I was born
Hell’s where I was raised
This hell is where I’m from
And this hell is where I’ll stay
The hush is all I need
To hush the misery
The hush that belongs to me
Like the hush inside a dream
Just be still and pray
These are the memories in me
You didn’t wanna know
You didn’t wanna know
These are the memories we keep
We don’t wanna show
We don’t wanna show
But now at least you know…
You’re not alone!
Hush is all I need
To hush the misery
The hush belongs to me
Like the hush inside a dream
Hell’s where I was born
Hell’s where I was raised
This hell is where I’m from
And this hell is where I’ll stay
The hush is all I need
To hush the misery
The hush that belongs to me
Like the hush inside a dream
Just be still and pray
And let the noise just fade away
Tu pries pour le silence
Mais dans ta tête
Les cris ne te feront pas taire
Je me souviens de ces jours
La terreur qui règne à la maison
La peur qui est dans tes os
Elle ne veut pas disparaître, non
Les étreintes
Les noms insultants
La chemise enroulée autour de son poing
L’haleine nez à nez, puante de bière
Jeté sur le sol
Tellement battu, meurtri et endolori
Étouffé sur le lit
Et se débat jusqu’à te casser le cou
L’enfer est là où je suis né
L’enfer est là où j’ai grandi
C’est de cet enfer que je viens
Et c’est dans cet enfer que je resterai
Le silence est tout ce dont j’ai besoin
Pour faire taire la misère
Le silence qui m’appartient
Comme le silence à l’intérieur d’un rêve
Reste juste tranquille et prie
Et laisse le bruit s’estomper
Retiens la violence
Enferme ton cœur comme un placard secret
Pour que personne ne puisse pénétrer
Je ne supporte pas le contact
L’affection pèse trop
Tu repousses tout le monde
De…
Le jugement
Le venin pique
Fouetté si fort que je me suis pissé dessus
Je porte toujours les coups de cette ceinture
Si ça te rappelle la maison
Tu ferais mieux de savoir que tu n’es pas seul
Pointe un flingue sur ma tête
Et j’appuierai sur la gâchette
L’enfer est là où je suis né
L’enfer est là où j’ai grandi
C’est de cet enfer que je viens
Et c’est de cet enfer que je resterai
Le silence est tout ce dont j’ai besoin
Pour faire taire la misère
Le silence qui m’appartient
Comme le silence à l’intérieur d’un rêve
Sois juste immobile et prie
Ce sont les souvenirs en moi
Tu ne voulais pas savoir
Tu ne voulais pas savoir
Ce sont les souvenirs que nous gardons
Nous ne voulons pas montrer
Nous ne voulons pas montrer
Mais maintenant au moins tu sais…
Tu n’es pas seul !
Le silence est tout ce dont j’ai besoin
Pour faire taire la misère
Le silence m’appartient
Comme le silence à l’intérieur d’un rêve
L’enfer est là où je suis né
L’enfer est là où j’ai grandi
C’est de cet enfer que je viens
Et c’est dans cet enfer que je resterai
Le silence est tout ce dont j’ai besoin
Pour faire taire la misère
Le silence qui m’appartient
Comme le silence à l’intérieur d’un rêve
Sois simplement tranquille et prie
Et laisse le bruit s’estomper
.
Have you noticed how alive you are?
.
Et puis je ne sais pas. Je n’ai rien vu venir. J’envoie chier LeChat (je n’ai pas d’autres mots) sur ce qui devient soudain épidermique, insupportable, je deviens une boule d’épines inapprochable et je fonds en larmes dans la foulée, sans rien en saisir. L’instant juste avant, j’allais parfaitement bien.
Je ne vais pas si bien.
Je pleure toute la soirée dans ses bras, je ne sais pas exactement au juste, ce qui s’effondre. Je retrouve le vide sous mes pieds et peut-être, je suis sur la base de l’insécurité. Comment bâtir du solide sur du mouvant, sur un gouffre. Comment tu t’arrimes à ce qui se construit droit, quand ce qui tient l’ensemble n’existe pas. Tu fais comment ?
4 décembre
Je vais à la fripe, et si au départ je vais bien, je ne tiens pas sur le temps. Tout le monde le voit et le met sur le compte de la douleur dans le dos qui s’est un peu réveillée, d’ailleurs. Mais si je ne les détrompe pas – aucune envie de développer – je sens que c’est émotionnel. Je suis en train de tomber, je ne sais pas comment me rattraper.
5 décembre – mécanique parfaite
Je mange un peu plus que de raison de la marmelade au gingembre que j’ai faite la semaine dernière – pas assez moulinée pour être une confiture, soit dit en passant, mais ça reste un truc dingue sur la langue. Je règle mes angoisses dans le sucre, donc. Et dans l’horlogerie. Je passe un temps pas possible sur ce site, ces créations me paraissent vivantes, en mouvement. Leur aspect frôlant la destruction est un écho qui me traverse. Me ressemble.
Si je déteste les tics-tacs qui me crispent, j’aime à la folie ces mécanismes crantés en tout genre. Pourquoi est-ce que ça m’apaise ? La précision associée à l’usure du temps, peut-être…
Je dessine une horloge détruite, y prend un plaisir fou. Je la repasse au stylo fin marron, il ne manque qu’un peu de couleur – demain.
6 décembre – l’équilibre à portée
Je rêve de Mylène Farmer (je ne l’avais jamais fait (ah si, juste après le concert !)), je n’ai absolument pas compris ce qu’elle pouvait bien représenter côté symbolique. Ma créativité peut-être. Il semble donc que ma créativité m’observe. Et elle est particulièrement insatisfaite.
La personne hébergée chez mes beaux-parents, a reçu hier un refus de sa demande d’asile, après une année en France (et une arrivée terrible). Je suis si consternée par mon pays. Mes beaux-parents sont derrière pour l’empêcher de sombrer, et voir ses recours…
L’angoisse me malmène, me serre la gorge et la poitrine. Un jour je vais me trouver à hurler comme une démente au bord d’un précipice. Juste pour évacuer.
Je réceptionne le courrier, le paiement de l’assurance voiture et habitation arrive, plus élevée que l’année dernière, rude à éponger bien que prévu.
Mon cerveau bug sur cette chanson depuis 5 jours. J’entraîne mon cerveau à entendre une fois « je t’aime je te hais » puis tout de suite après « je t’aime je t’attends ». Puis je remets au début et j’inverse. Tout convient. L’expérience est déroutante. Selon ce que tu t’attends à entendre, le cerveau te fait plaisir, je ne saisis pas. Cela m’explique un peu comment on peut se retrouver à entendre quelque chose qu’une personne n’a pas dit, la faute à la prédisposition du cerveau qui filtre selon son bon vouloir.
Certains sites entendent même « je t’aime je te quitte » qui fonctionne parfois aussi, juste un peu moins bien sur mon cerveau déjà bien entraîné aux deux premiers (ou juste, ils délirent encore plus que moi).
Ma préférence va pour « je t’aime je te hais », écho très personnel de ma vie avec S. Je garde.
Édit du dimanche : j’ai réalisé que cette dissonance, cette difficulté à entendre hais/attends était volontaire et finement joué par Stromae.
Dessin du jour, une femme en plein exercice physique (danse ?). Il se passe deux choses : je suis au bout du bout de la gomme-crayon, elle grave littéralement un sillon dans le papier, et le geste de la femme s’échappe de ma feuille : trop proche du bord. Je suis toujours trop proche du bord.
De toute façon, je recommence, la courbure n’est pas bonne.
Et ça ne va toujours pas.
Je ne me sens pas de recommencer encore et encore, je jette l’éponge.
Je pose une note pour le refaire dans quelques semaines ou mois. Lorsque j’aurai progressé. C’est le premier qui me résiste à ce point. Même si je vois exactement chaque trait qu’il faudrait reprendre, la jambe trop longue et en avant, le bras haut, le cou. Un peu tout.


C’est insupportable, finalement je reprends la jambe gauche, plus longue, au même niveau que la droite et bien sûr tout de suite, ça respire, la posture est mieux, elle a un corps plus esthétique et la femme ne tombe plus, ne s’effondre plus, ne bascule plus. De là à dire qu’il ne faut pas bouger beaucoup pour (re)trouver son équilibre…
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Alors j’espère qu’aujourd’hui, tu vas un peu mieux. Je suis allée au musée international de l’horlogerie en Suisse et questions magnifiques mécanismes, c’était absolument incroyable… j’aimerais en parler dans un article mais le temps file et file et…
Je remonte, mais c’est léger.
Oh la la s’il te plaît s’il te plaît s’il te plaît fais l’article et des photos et tout, même tardivement ce n’est pas grave 😀
😄 alors je vais plancher dessus, à classer dans les articles de blog à publier 😉
Yes 😀 Merci !
Merci pour le partage de mon article sur le Black Friday 🙂 Tu voudrais écrire un article sur notre magasine ?
Je dois dire que j’ai ri au début (mes excuses à ton ordi) et apprécié l’angle de la suite de l’article ^^
Ça serait une chouette expérience, mais sincèrement je crains de n’avoir rien à dire de pertinent..
Oh, je n’aurais jamais pensé à faire de la marmelade de gingembre maison ! Ça me fait bien envie maintenant. À quelle recette t’es-tu fiée ?
Je suis sur celle-ci qui a l’avantage de pouvoir changer les proportions : je fais donc en fonction de ce que j’ai en gingembre, et j’ai un pot à la fois dans le frigo. Je mets un citron classique (pas vert), et si tu aimes la cannelle n’hésite pas à en mettre, c’est fou comme ça va bien ensemble (la première fois j’ai fait tomber la cannelle en poudre dedans, j’ai cru à une catastrophe gustative mais pas du tout, délicieux). Par contre ej n’ai pas du tout cet aspect lisse qu’elle obtient en photo, mon mixeur laisse beaucoup de morceaux (mais c’est très bon comme ça).
Je ne sais pas du coup le goût de celle dans le commerce, mais cette confiture arrache grave ^^ (il faudrait tremper le gingembre beaucoup de fois dans de l’eau, pour l’atténuer).