16 novembre – Schrödinger dans toutes les boîtes
(expo Chat, cf les commentaires suite à la disparition des expos présentes et pas)
Les photos sont toutes du jour (au cadrage suspect (tout comme la netteté), mais du jour). Cette petite trouve toujours un nouvel endroit à investir, et si parfois ça fonctionne parfaitement… (tiroir dépossédé de son placard dans lequel je stocke mon papier à lettres, le tout sur un meuble d’appoint sous mon bureau) :

… parfois non, ça ne veut pas, il manque la place pour sauter (tiroir dépossédé du même placard détenant beaucoup de bric-à-brac dont mes disques-durs externes et des bijoux, ne cherchez pas), et c’est là sans doute que nous arrivons à ce fameux débat sur la présence ou non des expos, il s’agit simplement d’un double état de présence et d’absence en même temps, de même que ce chat est (dans sa tête) dans la boîte et en-dehors, tant qu’elle en est à l’observer :

Le soir, Corail trouve d’abord refuge dans une boite que je lui apporte (histoire qu’elle arrête de jouer avec nos pions). Celle du jeu était trop petite pour qu’elle s’y pose, elle restait donc au milieu de la table en mode câlin-relou à balayer les cartes avec sa queue, entre autre problème soulevé : il fallait une solution.

Un peu plus tard, elle s’impose avec bonheur dans le carton des jeux donnés par le frère de LeChat, elle a réglé seule le problème des boîtes trop petites pour l’accueillir. Mais une nouvelle fois Schrödinger frappe, la photo a disparu de mon téléphone. Elle a pourtant existé…
Si l’Exposition Provisoire de Schrödinger (EPS) vous a plus, n’hésitez pas à laisser à l’entrée quelques pièces ou billets afin d’acheter d’autres boîtes pour ce chat assez malheureux (promis, je n’achèterai pas de livres à la place).
Dimanche 17 – Vivre en harmonie
Nous discutons pratiquement trois heures avec Blanche – qui a dit que je n’aimais pas le téléphone. Pendant ce temps, LeChat va taper à la porte des voisins. Et ça se passe bien. Ils trouvent un compromis qui satisfait un peu tout le monde sauf la nature, c’est techniquement une réussite un peu amère côté verdure – selon à qui tu demandes, hein.
Ma belle-sœur L. – celle qui n’a pas de cancer (à priori, conclusion définitive après l’opération), il s’agit d’une bactérie qui grignote les os de sa mâchoire, là où elle a déjà eu nombre d’opérations… – nous a transmis par mes beaux-parents (de chez qui ils revenaient hier) des arbres fruitiers. Le travail était trop colossal pour une si petite journée (la lumière tombe vite…), mais le framboisier remontant et le mûrier sans épine ont été tous les deux plantés. Il reste trois groseilliers, deux cassissiers (dont un à planter au printemps, ses racines ne sont pas encore bien faites), un goji et un pêcher.

LeChat coupe. La viorne, les lilas, tous les buissons. Il sécate tout ce qui a besoin de l’être pour apaiser les voisins (être en bons termes est toujours une priorité intéressante). Il récupère les branches, certaines sont broyées pour le compost, d’autres sont déposées sur le muret côté rue (certains montent des briques, nous on monte des branches). Parce que je déteins fortement sur les personnes qui m’entoure, il prévient l’arbre qu’il va devoir scier ses branches, dont une assez épaisse. Je suppose que je dois expliquer : il est prouvé scientifiquement que les plantes réagissent à nos voix et ma sensibilité personnelle m’a amenée à d’autres découvertes pas le moins du monde scientifique (pour l’instant) mais que je défends avec ardeur. Et entre autre, prévenir un arbre qu’on va le couper c’est lui permettre de se retirer et se protéger autant que possible. C’est prendre soin de qui il est en tant qu’être vivant.
LeChat donc, le prévient. Au moment où il va pour couper la branche, un rougequeue noir se pose devant lui, sur la branche, et entame un chant d’alerte… C’est trop pour cet homme qui rentre me raconter, les larmes aux yeux – cette grande sensibilité, c’est de famille. Triste, je lui demande si la branche pourrait être sauvée, mais il me répond « c’est la branche de la discorde », on ne peut rien, ils sont dans leur droit. Ils s’y mettent à deux avec une corde, LeChat s’attache avec son matériel d’escalade et la branche cède lentement sous la scie (il a refusé la tronçonneuse) jusqu’à se rompre d’un seul coup, brisée. Le toit des voisins, si propre, se recouvre de feuilles et de petites branches, je ne peux retenir un rire nerveux.. (il faut voir leur sol aussi, forcément).


Je peux à peine supporter,
l’arrachage
la brisure
le frisson dans la branche
Je veux traverser la douleur et m’échappe
sur le chemin rougeoyant,
dans le soleil
la splendeur du monde

18 novembre – Froissée, il semble
C’est une journée mouvementée de ménage (rendre propre la maison, cette gageure), de passages (l’homme de l’oxygène, un nouveau resté cinq minutes maximum je l’apprécie déjà), de mots à déposer (commentaires à droite à gauche et ici), de mots reçus (des commentaires à droite à gauche et ici, plus un mail de ma tante pour des photos de la stèle et le devis de la gravure sur la stèle, c’est merveilleux maintenant j’ai la photo de la tombe de ma mère, l’indélicatesse toujours et de préférence).
Je lave mon assiette, essore l’éponge et dans le geste j’essore la main avec, il semble, vu la douleur du muscle froissé.
Montpellier nous attend à 16h30 à Arnaud de Villeneuve. A l’accueil, une femme toute en sourire et gentillesse enregistre nos papiers et nous redirige : ça fait tellement du bien, elle est un soleil dans l’hôpital.
Nous continuons notre parcours côté transidentité, pour l’instant toujours très bien reçus.
19 novembre – Prémices
Nous nous déplaçons à la Biocoop juste pour lui, même si nous en profitons pour rentabiliser le voyage et acheter assez en avance nos litres de lait de riz : je peux enfin donner le duvet à l’homme sdf. Je vois tout de suite que quelque chose ne va pas, il donne l’impression d’avoir pris dix ans – en 2 semaines. Je pense d’abord au froid, mais il explique qu’il est tombé d’un pont et s’est fêlé sept côtes. Je ne sais pas comment c’est arrivé, il a peut-être été poussé par l’alcool, je ne sais pas. J’y ai pensé parce que présentement il sent, et que je me tiens un peu à distance, du coup. J’en suis mortifiée, mais vraiment l’alcool et moi c’est compliqué. J’espère qu’il arrivera à maintenir son projet, dans tous les cas il est heureux du duvet et je suis heureuse qu’il soit heureux – la boucle est bouclée. J’ai constaté que j’étais un petit peu soulagée qu’une autre personne ne le lui ai pas trouvé avant moi (je ne sais même pas s’il a demandé à d’autres, et puis je réalise que pour ça il faudrait que d’autres lui ai demandé de quoi il avait besoin), et ça m’a déstabilisée que mon égo (est-ce lui ? sans doute) en ait besoin – détestable.
Trois heures passent avant que je ne me demande s’il n’aurait pas utilité d’antidouleur..
19°6 – Nous changeons nos goûters. Nos biscuits (des lunettes) ne demandent que 10 minutes de cuisson : on ne réchauffe pas une maison avec des lunettes, j’ai testé pour vous (et j’adore la phrase). Par contre le gâteau au yaourt (au chocolat) est une réussite (et nous en faisons deux en même temps pour rentabiliser le four), il a besoin de quarante minutes, lui. La maison y gagne 0.2°C et je jure que c’est important. Il faudrait beaucoup de gâteaux pour remonter aux 21° confortables, par contre (et les conserver)(utopie).
Le soir, pour les mêmes raisons, nous cuisinons des lasagnes (heureusement que nous sommes trois à couper les légumes). Et pendant que ça cuit, il se passe deux choses. Une crise d’angoisse me balaye physiquement par sa violence, et je lis cet article qui me met soudain les larmes aux yeux. Tadaima, et la maison de mes grands-parents, cette maison qui a été la mienne un temps, que j’ai de toute façon toujours considéré comme mienne et qui dans quelques temps ne le sera plus jamais. J’espère une vente qui me met les larmes aux yeux, donc.
L’intensité de l’angoisse me fait dire qu’il va falloir que je m’occupe très rapidement de la somme à donner pour la stèle avant d’être dévorée de l’intérieur, entre le plexus et la gorge. La zone est large, je vais en crever.
20 novembre – Fatigue
Je m’habille mal, j’en ai conscience (pour une fois, pourrais-je ajouter). Mon jean est mort depuis que je l’ai éclaté d’huile, mon sweet à capuche est un machin sportif, je n’ai pas envie de faire un effort et ça se voit. Aucune envie de porter mon seul autre pantalon, noir et rouge, qui m’a accompagnée au concert et en avait les couleurs (sans le vouloir), il est devenu précieux (c’est n’importe quoi mais j’assume).
À la fripe, je trompe le froid en bougeant très vite d’une pièce à l’autre, en accélérant mes gestes. Hirondelle fait une mine de dix pieds de long quand An.Ma. vient alors que ce n’est pas son jour, pourtant ce matin ça se passe très bien. Elle est enjouée et ne critique rien, matinée fort agréable. Elle abat comme d’habitude un gros travail bienvenue (notamment la mise en place des vêtements pour les fêtes), qui ne va pas m’empêcher de devoir y retourner avant samedi : la tonne de sacs apportés entre le jour de vente et celui de tri (qui se répète depuis plusieurs semaines-mois) me fait penser qu’il va falloir insérer un deuxième jour fixe dans la semaine pour le tri. Aucune idée quant à ma capacité à gérer deux demi-journées de travail, sans parler de la trottinette, et l’hiver. Pour l’instant j’apprécie de m’y rendre, la seconde fois, le jour qui me convient, en rapport avec ma fatigue et la météo, et peut-être que c’est bien de le laisser ainsi, flottant. Tant que personne ne se plaint, ai-je envie d’ajouter, mais la réalité est que tant qu’il n’y aura pas de deuxième jour attitré, il n’y aura pratiquement que moi pour m’y rendre : ça n’intéresse personne.
21 novembre – Repli
Il fait 18,5° dans la maison, et la journée a disparu dans la douleur et le canapé, pliée sous une couverture et proche du craquage. Faites comme si je n’étais pas là – moi, c’est ce que j’ai fait. Enfin.. J’ai tout de même trouvé l’énergie d’acheter un carnet de voyage, un CD et un livre photo de Mylène Farmer, tous les trois d’occasion. Tellement d’occasion, le livre était à 2,80 €, c’était criminel de le laisser.
Vendredi 22 novembre – Solitude
Je me rends à la fripe en trottinette, et seule. Je n’ai même pas envoyé de mail pour prévenir. Je suis malade depuis maintenant trois semaines, une espèce de rhume-mal-de-tête-conjonctivite qui ne passe pas. Par définition, ce n’est pas un simple rhume (ça passe en quelques jours, ça) et je n’ai pas envie de voir du monde, je n’ai pas envie de parler, je n’ai pas envie de porter un masque. J’ai besoin d’être seule (le soir, LeChat se moquera, « tu n’y allais pas pour la sociabilité, un peu ? », un peu alors).
En trois heures c’est bouclé, j’ai même glissé le tri des chaussettes enfant et vidé la moitié du stock pour cause de « c’est lamentable comme elles sont sales » que je lorgnais depuis des semaines comme tâche à faire.
Je porte un sac (un seul, une fois) en me demandant si c’est une bêtise, et le simple questionnement est une réponse évidente, si on y réfléchit. Je n’ai juste pas voulu réfléchir, seulement aller vite.
Je repars en trottinette, croise de nouveau le chien noir ; je m’arrête, je marche doucement, il me grogne dessus, je lui crie en réponse et il s’écarte en aboyant grognant. Il veut bien me céder la victoire, mais il ne faudrait pas que ce soit trop éclatant – ça me rappelle certaines personnes.
Je stresse pour demain, j’hésite entre y aller et me terrer dans ma maison.
Et je vais être en retard pour le cadeau de Blanche, alors que je suis dessus, sans rien trouver, depuis deux semaines.
Les nuits sont glaçantes, il fait 18° dans la maison et -1° dehors. Comment ça se passe, pour toutes les personnes à la rue ? Est-ce que tous les foyers suffisent, est-ce qu’il y a des enfants sous des ponts, est-ce qu’il y aura assez de duvets ?
Les punaises, qui rentraient chez nous par dizaines il y a quelques semaines, l’avaient bien senti : Novembre est plus froid que les autres années, l’hiver est en avance.
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. Street art : Quand les statues deviennent pères (sur l’égalité parentale)
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C’est toujours douloureux, la coupe, d’un arbre, d’une partie de vie. Et pouvoir le dire, prévenir, c’est aussi honorer quelque part cette même partie de vie.
Je me pose la question aussi pour les sans abris et ceux qui vivent dans des endroits insalubres et froids. C’est terrible le froid. Ca grignote les forces. Ca anesthésie tout et ça tue aussi.
Belle semaine à toi, avec les hauts, les bas, les points d’interrogation et les espaces entre.
Oui.. c’est entendre, reconnaître cette vie comme existante. Prendre soin du vivant, de l’autre, quelle que soit sa dimension. Comme pour les sdf, que l’humanité a tendance à essayer d’ignorer…
Belle semaine à toi aussi 🙂
Magnifique expo de Schatdinger ! (Ma préférée reste le couvercle de la boîte de jeu ; les tiroirs, je connaissais, et le chat de mon père et le chat du boyfriend affectionnent le tiroir à chaussettes.)
Et vivent les gâteaux et la chaleur !
Cette minette adore aussi le tiroir à chaussettes (et l’étagère à pulls) ^^ Elle court dès qu’elle m’entend l’ouvrir et se jette dedans (une fois, l’étagère est tombée, forcément).