29 août
Je plonge dans mon ancien-très-vieux blog (2009), découvre mon Flikr à la fois consternée et ravie, et plus je manipule les photos plus j’ai envie de créer un article à part, ce que je finis par faire. Cette plongée en arrière est bouleversante, douce et finalement perturbante lorsque j’accroche ensemble appareils photo et périodes de ma vie. Est-ce qu’on se souvient jamais vraiment de qui on est, de ce qu’on a traversé, avant de regarder depuis un point précis ? L’angle de l’objet est intéressant.
Je bois un thé d’automne, orange sanguine. Je prends le temps d’écouter une vidéo de peinture et de prendre des notes en même temps dans le carnet que j’inaugure, « Ce que je crois avoir oublié » (j’ai par contre bel et bien oublié le premier titre que je voulais lui donner, qui était presque ça, mais pas ça). Je procrastine beaucoup trop.. Je n’ose pas écrire celui-ci parce que ce n’est pas le bon. Le carnet n’est pas nommé.
La plus jeune sœur de LeChat m’appelle, elle me dit sa joie pour mes filles, elle est heureuse d’avoir des nièces (elle a trois garçons, une fille et encore plus de garçons côté neveux). Lorsqu’elle en a parlé à ses enfants, ils ont répondu « ok d’accord, elles. » limite s’ils n’ont pas demandé « et on mange quoi ce soir ? » dans la foulée. Un non-sujet.
J’aime profondément cette famille. Et ça met d’autant plus en relief la violence de la mienne.
Nous regardons un épisode de Les routes de l’impossible, découverte totale pour ma part. Nous sommes d’accord pour dire que le ton dramatique est un peu pénible (mais bien moins que National Geographic qu’on a dû abandonner), que c’est impressionnant à voir et à vivre, et que les paysages sont complètement dingues, quand est-ce qu’on part ?
À la nuit tombée, un gros hérisson traverse notre terrain pratiquement sous les moustaches de Corail, et en pleine nuit le hibou grand duc est de nouveau là, à quelques arbres des nôtres.
30 août
Mes beaux-parents partent pour deux semaines en Bretagne – je les envie. Durant leur absence, je m’occupe du poulailler, de ramasser quelques légumes et fruits dans leur jardin et de surveiller le niveau d’eau de la fontaine. C’est du travail en plus pour moi, mais j’aime beaucoup le faire. Une des poules, élevée sur l’épaule, se laisse encore caresser, les autres observent nos faits et gestes, curieuses mais de loin.
J’ai soudain la surprise de voir que Corail nous a suivies en douce ^^

La factrice me dépose mes trésors et le pensée me vient que – si on met de côté la planète évidemment – j’aurais adoré en recevoir un par semaine (ou même par mois), plutôt que tous ensemble. Et savourer le cadeau de moi à moi, l’un après l’autre.

31 août
Je me lève mais ce matin ça ne va pas. J’arrive à découper les fruits, puis lancer une machine que je vais étendre avec difficulté. Je me pose sur le canapé pour lire et alors rien. Épuisée, je ne bouge plus. Je ferme les yeux parce que ça se fait tout seul, ils abandonnent l’idée de voir le monde et je ne peux pas lutter. Pendant des heures je ne dors pas les yeux fermés. Je somnole cette semaine trop rapide, trop remplie, trop. Je suis figée, il y a tout ce qu’il faudrait que je fasse, et moi à l’autre bout, qui n’a plus d’existence propre.
Je récupère vers la fin de la journée un semblant d’énergie, qui me permet de visiter le poulailler avec Kira, changer l’eau, inonder la fontaine, ramasser quelques tomates et une courgette du jardin de mes beaux-parents – le raisin est cueilli par Chouette.
Le soir nous regardons sur Arte Samuel et contre toute attente (j’y allais vraiment à reculons) c’est doux et parfois drôle. La simplicité du dessin fait qu’on se concentre davantage sur les émotions, les paroles, la tonalité des voix, les enjeux. Il a un petit quelque chose d’intéressant, et j’aime particulièrement lorsqu’ils dansent, la fluidité des mouvements. On accroche.
Pour être amoureux il faut être quelqu’un d’autre.
Parce que le sommeil ne vient pas, j’entame À vivre avec, je ne sais plus sous quelle recommandation passée sous mes yeux. Je n’étais pas prête. Le warning de l’autrice étaient pourtant bien là mais ça ne dit rien de la manière dont elle va le traiter et j’ai tourné les pages avec une grande naïveté. Mais non, je n’étais pas prête et ne pouvais pas l’être. Je le poursuis en me pensant que je fais une large erreur, confirmée jusqu’à la date balancée comme ça, du 19 octobre (longue histoire où S. est mort le 17, découvert le 18, et la banque a considéré que c’était arrivé le 19 (impossible de les en bouger), ce qui a eu pour effet dans ma tête de créer une distorsion du temps où il est mort sur trois jours, ou trois fois, selon). J’avale le SSPT lignes après lignes et tente de maintenir le mien à distance.
La nuit je ne dors pas (vu sous cet angle, aussi..) et j’entends farfouiller dans les feuilles sèches, un boucan impressionnant. J’adore l’automne, pour ça. On découvre plein de bestioles qui passent habituellement inaperçues, comme si elles n’avaient jamais été présentes et avaient surgi juste là, comme ça, paf.
Je me doutais que ce serait le hérisson et ça me met en joie profonde. Je tente une photo, ça ne ressemble pas à grand chose malgré la lampe extérieure. Il tente de passer inaperçu et je ne veux pas l’inquiéter davantage, je rentre, ravie de l’avoir vu.

Juste avant de m’endormir vraiment je rêve presque, je me sens tomber, glisser, je ne peux me retenir à rien, les parois m’échappent et je reviens dans ma chambre en sursaut.
Dimanche 1er septembre
Deux chats (Caramel et Charlie, voisins de gauche et de presque droite) décident de se faire la guerre sur un troisième territoire, celui de Corail. Celle-ci, prudente, a gonflé son pelage tout en restant dans la maison – aussi téméraire que moi. Nous avons libéré Charlie, coincée en haut du frêne par Caramel (qui a fuit effrayé devant LeChat, tout ça est donc une large histoire de félins), et laissé la bataille vaguement suivre son cours un peu plus bas.
Sortir, marcher, m’asseoir, marcher, m’asseoir, marcher. Je ne suis pas en grande forme, mais nous faisons la promenade à quatre sur la piste cyclable à quelques tours de roues de chez nous. Deux piétons, deux patineuses. Nous entendrons un rossignol chanter, un seul, juste quelques notes et peut-être pour me rassurer, moi qui me demandais s’ils étaient toujours là…
Lorsque nous rentrons, je n’en peux plus de fatigue. Je suis ravie de la sortie, et claquée. Dans la douche, un coléoptère s’était perdu et nous attendait pour retrouver son chemin vers l’extérieur.
Je découvre par hasard cette variation de Ah vous dirais-je maman, complètement charmée. Si on m’avait dit qu’un jour j’écouterais ça.
Le soir je termine À vivre avec, et ça ne va pas, ce bouquin. Intéressant mais trop, aussi. Et j’ai détesté le doudou.
2 septembre
Aujourd’hui est une non-rentrée pour nous. Nous n’avons pas réussi à accompagner suffisamment Chouette pour qu’elle démarre le CNED, c’est trop. Nous continuons donc notre manière de travailler, dans ce qu’elle est capable de gérer. Je suis assez triste pour elle, elle s’est heurtée à ses limites et je me demande si ce n’est pas ce qui a déclenché son eczéma sur le cuir chevelu.
Je me lance enfin dans les dossiers MDPH – cette paperasse me mine – et je commence par celle de Kira, qui m’accompagne pour cocher les cases, sans aide, avec aide, compliqué, pas réalisé. J’en fais finalement plus que ce que j’avais envisagé au départ, et j’en ressors laminée alors que je ne l’ai même pas terminé. Dire qu’il va falloir que je le refasse pour moi, puis pour Chouette.
Les mains ne suivent plus, une douleur s’est installée au mouvement dans la droite (. Je prends du CBD et je découpe les fruits avec maladresse, Kira me remplace sur la pomme que je n’arrive pas à peler. Elle me propose d’inverser la prochaine fois des étapes entre elle et moi pour que j’en ai de plus faciles, j’accepte avec une pointe d’angoisse. Je dois garder en tête que l’été, mon corps s’apaise, mais qu’ensuite ça se déchaîne. Ça disparaît trop tôt.
Je crois que chaque fois j’oublie que ça va revenir, l’enfer.
Il me reste quatre doigts violets, bien abîmés.. il faudrait que je songe à retirer le vernis mais j’ai toujours eu la flemme sur ces choses-là. Pendant ce temps, LeChat joue avec une IA de portraits – oui, au travail. Il s’amuse, c’est drôle, on rit bien, il m’envoie le lien, et je suis foutue. Complètement accro (et maintenant, je veux aller chez le coiffeur, merci).


Forcément je me trouve assez jolie (il n’y a qu’à voir les autres photos), mais c’est faux, lissé, retouché, je me vois moi sans que ce soit moi. J’ai des tumeurs sous les yeux, un nez bosselé depuis l’accident, la fatigue s’est incrustée, mon visage n’est jamais maquillé ainsi (je ne sais tout simplement pas faire) et merci mais j’ai quelques kilos et rides par-ci par-là vu que j’ai aussi quelques années de plus. Et comme j’en viens à ressembler de plus en plus à ma mère, ça n’aide pas à apprécier ce que je vois. N’empêche, il ne va pas falloir me pousser trop loin pour que je passe chez un coiffeur afin qu’il arrange un peu « ça » – alors que je déteste y aller.
Au-delà du problème que pose ce site concernant nos apparences, j’en tire une conclusion : il serait temps que je prenne soin de moi.
Nous découvrons l’Université Populaire, le programme de l’année dernière semble intéressant (un cours de dessin entre autre), LeChat se renseigne mais celui de cette année n’est pas terminé.. un peu d’attente donc.
3 septembre
Je me tâte à supprimer ma présence sur un forum (ça fait huit mois que j’y songe) et finalement, j’y partage une astuce naturelle pour le jardin – bien qu’en dehors d’une personne ou deux, ça ne va pas les intéresser – : déposer le guano des poules au pied des agrumes en pots (et c’est valable pour presque tout le potager), ça remplace plus qu’efficacement l’engrais liquide industriel noir et puant. Une merveille.

Une longue ambivalence, ce forum. Je ne sais pas ce que j’y fais encore, ce n’est pas cohérent. J’ai de la difficulté à tourner le dos aux lieux, aux gens, c’est sûr, mais là il me semble que ça dépasse la chose et je ne saisis pas ce qui se joue. J’ai compris pourquoi j’y étais revenue et pourquoi je me suis mise à distance ensuite (une fois clarifié ce que j’étais venu y régler inconsciemment), mais je ne vois pas pourquoi je ne demande pas la suppression de mon compte. Que reste-il en suspens ? Parce que vraiment, chaque fois que je les lis, l’exaspération monte. Il y a un truc qui m’échappe.
Avec l’idée de prendre soin de moi – franchement bienvenue – j’extirpe de mes marques-pages un cours de TaiChi. Très vite, les douleurs dans le dos apparaissent, mélange de posture sans doute mal reproduite et de il-est-temps-de-refaire-du-sport. Je me sens comme une vieille dame assez souvent, et là je n’y coupe pas. Mais qu’est-ce que je vais faire de moi ?
4 septembre
LeChat est de mauvais poil, tout en assurant que non, pas du tout.
Premier jour de la fripe, nous sommes finalement quatre (mais sans Maa. du foyer, qui a dû égarer le papier que je lui avais donné). Je découvre la manière de travailler de la nouvelle AnMa. (on va différencier ainsi les deux A.M., désolée) et je m’aperçois vite que ça ne va pas être simple. Je dois, très gentiment, lui dire quoi faire en permanence (elle est pourtant venue deux mois avant la fin de l’été, elle connaît la méthode maintenant), et souvent alors même qu’elle avait déjà la consigne je lui répète ce qu’elle doit faire. Elle garde tous les vêtements tachés (elle ne le voit pas), et je suis repassée donc l’air de rien derrière son travail – j’ai horreur de ça, j’essaye d’être discrète. J’ai discuté avec I., on ne la mettra pas au tri mais au rangement, ça sera plus simple pour tous et plus chouette pour elle.
Nous sommes arrivées au bout du travail visible, l’ouverture peut se faire samedi. Par contre il nous faudrait revenir avant le mercredi suivant pour améliorer la réserve dans laquelle on entre toujours à peine. J’ai eu l’idée de caler quelques cartons, pour l’été prochain, sous les étagères de vente, afin de désengorger ce qui a déjà été trié ; ça aidera peut-être un peu.
Je termine la journée sur les rotules et m’endors comme une masse. Cette semaine est à mon image, épuisée.
Pendant que je n’étais pas là, les enfants ont admiré un écureuil venu manger nos amandes. Cet animal me fuit, ça fait deux fois qu’il passe alors que je suis absente !
Et l’université Populaire a envoyé son programme et s’avère décevante : plus de dessin (pas de prof), et de toute façon tout est payant et fort cher. Encore pas cette année que je prendrai des cours de quelque chose.
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. Un conte : Les ruines du grand duc, une histoire, un dessin, une aquarelle
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Serions-nous atteintes du même syndrome ? Toi aussi, tu te vernis les ongles une fois tous les 36 du mois, et après tu attends qu’il s’écaille entièrement ?
Mais oui ! Et je l’écaille volontairement de temps à autre pendant des semaines (mais il commence toujours tout seul ^^).