Ce n’est plus du retard à ce stade – un magicien n’est jamais en retard, ni en avance d’ailleurs. Il arrive précisément à l’heure prévue – mais qu’importe, voici les livres lus durant cette période. Trois mois, ça ferait un article trop long pour tout développer et il y a fort à parier que j’ai oublié la moitié de ce que j’ai lu, je vais donc tenter de faire assez simple. Si vous avez une question sur un livre dont je n’ai pas discuté (ou trop en surface) mais visible en photo de groupe, n’hésitez pas à me demander en commentaire !
Juin, 7 livres

Ayant apprécié Nos plus belles années (pour des raisons que je ne développerai pas, mais non objectives de fait) sans que ce soit le livre le plus formidable non plus, j’ai tenté L’effet boule de neige de la même autrice : mal m’en a pris. Le livre est un tel cliché sur pattes, il avance tout seul. Relation toxique, intrigue ridicule, personnage sans caractère, aucun intérêt.
J’ai lu Le parfum des poires anciennes par un forum qui l’avait élu pour le mois de juin, parmi d’autres titres. Il aurait pu recevoir 4 étoiles, n’était-ce quelques phrases qui m’ont dérangées. Un livre qui parle de liberté, de femmes, de solidarités, d’une rencontre entre deux femmes qui n’arrivent pas à communiquer et qui vont devoir s’apprivoiser. La nature y est immersive.
J’ai écrit sur Babélio une critique pour Une place à prendre de J. K. Rowling, je vous encourage à la lire là-bas (ça allégera cet article qui promet d’être long). Lecture (mitigée) pour le challenge solidaire.
Hôtel Berlin 43 est un peu vieillot mais d’une grande finesse. Il a été écrit avant la fin de la seconde guerre mondiale, ce qui lui donne un caractère prophétique très particulier (lu dans le cadre du challenge solidaire, ma critique est ici).

Pour que chantent les montagnes est une histoire terrible, familiale et historique, au cœur du Vietnam, entre 1930, 1970, 2017. Le pays traverse les guerres, l’humanité s’effrite.
Souviens-toi, ma chérie. Les épreuves auxquelles le peuple vietnamien a fait face sont aussi hautes que les plus hautes montagnes. À se tenir trop près, on ne peut distinguer leur sommet. Mais lorsqu’on s’éloigne des tourments de la vie, on en voit le tout…
L’occupation est française, japonaise, américaine, la guerre est civile, la famine de 1945 est nationale, les réformes communistes. Nous suivons une famille sur plusieurs générations, c’est bien écrit (même si parfois j’ai eu de la difficulté à changer d’époque), passionnant pour qui aime l’Histoire comme moi, poétique même.
Moi qui pensais que nous étions les maîtres de notre destin, j’ai appris qu’en temps de guerre, les citoyens ordinaires ne sont plus que des feuilles balayées comme des milliers d’autres par la tempête.
L’écriture est fluide, belle, attentive aux détails, et j’en suis ressortie marquée par la résilience. Là réside la force de cet ouvrage, face à la cruauté et l’enfer.
Les guerres ont le pouvoir de transformer en monstres des peuples élégants et cultivés.
Je vous encourage à le lire. Ses 456 pages se lisent très facilement.
Et puis Babel… Ce livre, cela faisait des mois qu’il était dans ma PAL et que je ne me décidais pas. Ses 768 pages et quelques critiques négatives ne m’aidaient pas. Lorsque je l’ai vu apparaître chez Kalys, je me suis décidée et ne l’ai pas regretté. Il m’a agrippée sur toute sa première partie. Je me suis passionnée pour la traduction, l’étymologie, les notes de bas de page, j’avais la sensation d’être une étudiante parmi les autres et j’ai savouré pleinement l’effet. Du coup lorsque la seconde partie est arrivée, j’ai basculé de ma chaise et j’ai bien moins apprécié l’ouvrage avant de finalement réintégrer le propos une fois la situation stabilisée, et d’aimer de nouveau ce que je lisais.
C’est exactement ce qu’est la traduction, je crois. Tout ce qu’est la parole. Écouter l’autre et tenter de dépasser ses propres préjugés pour entrevoir ce qu’il cherche à dire. Se montrer au monde et espérer que quelqu’un comprendra.

Un livre nécessaire pour ses messages, la dénonciation de la colonisation, le racisme, les droits sociaux, la place des femmes dans la société, cette vision très juste « personne ne se sent concerné par un problème tant qu’il n’est pas touché directement ». La justesse des propos est telle qu’elle est transposable à tous les sujets problématiques de notre époque.
Les réseaux de commerce étaient gravés dans la pierre. Rien ne ferait dérailler cet arrangement, il y avait trop d’intérêts privés, trop d’argent en jeu. Chacun voyait où cela menait, mais ceux qui auraient eu le pouvoir d’y remédier avaient été placés dans des positions d’où ils tiraient des bénéfices, et ceux qui souffraient le plus n’avaient aucun pouvoir.
Et oui, traduire c’est trahir…
Juillet, 11 livres et 1 abandon

Pas tellement motivée ce mois-ci, j’ai stoppé Le Cycle de Syffe vers la moitié de l’ouvrage (quel emmerdement, pardon hein mais voilà).
J’ai testé Une grande fille de Danielle Steel par curiosité (me l’a-t-on conseillé ? je ne sais plus mais je ne pense pas), l’accumulation de clichés m’a fait frémir et l’écriture n’en parlons pas, c’est à jeter. Je ne connaissais pas, j’y ai remédié et ce fut expéditif (marquée par le fait qu’une taille 40, c’est être grosse, je n’ai retenu que ça).
Fouth Wing aurait pu être intéressant mais s’égare dans des clichés (les dragons sont très bien, qu’ils ne se vexent pas de mes propos surtout). Son potentiel échappe complètement à l’autrice qui s’enfonce dans le tome 2 en produisant un navet. Je ne lirai pas le tome 3, évidemment, rien qu’à lire la fin du 2 on sait que ça va être une torture.
Les mangas sont intéressants, sans plus, pour diverses raisons plus ou moins oubliées.
Il ne se passe jamais rien ici, le dernier ouvrage de Olivier Adam. Si ses derniers (beaucoup, beaucoup de derniers) livres n’ont pas la qualité attendue depuis ses premiers, celui-ci remonte la pente. On ressent l’ambiance lente et étouffante du huit-clos, l’atmosphère des villages, les secrets, les tabous. Reste les clichés malgré tout, toujours, et les changements de personnages sont à la fois agréables et égarants.
Si vous cherchez un livre dérangeant, La pêche du jour est parfait. Il est glauque, affreux, immonde. C’est fait pour. Il est là pour qu’on s’indigne, qu’on réagisse (enfin !) devant tous ces migrants morts en méditerranée dont on ne connaîtra jamais l’histoire, pour qu’on plonge à deux pieds dans notre lâcheté. Il aurait mérité davantage d’étoiles, mais il est si glauque, je ne peux pas. J’ai failli le reposer, j’ai dû sauter quelques passages pour aller au bout (à cause du sujet, l’idée que je peux bien faire ça, moi sur la terre ferme).
La Méditerranée est devenue le plus grand mouroir du monde à ciel ouvert. Elle est aussi notre miroir, dans lequel nous pouvons nous regarder, si nous avons le cran.

Funérailles célestes
Lu dans le cadre du challenge solidaire, il m’a soufflée. Parce que je ne suis pas arrivée à le chroniquer tout de suite, j’ai arrêté mes lectures imposées.
L’autrice, journaliste chinoise, rencontre un jour Wen qui lui raconte une bien étonnante histoire, celle d’une femme amoureuse qui va tout quitter pour comprendre comment (ou si réellement) son mari est mort. Elle va traverser la Chine et le Tibet dans un silence lourd et une immensité que je peinerai à retransmettre. Et surtout elle va écrire, pour rester en vie, écrire à son mari entre les lignes d’un livre puisqu’elle n’a pas de papier, puis écrire par-dessus les lignes parce qu’il n’y a plus de place ; « écrire peut être une source de force » lui dira un supérieur dans l’armée.
Ce livre est un voyage dans tous les sens du terme, et je vous souhaite d’y plonger. Il est magnifique par son écriture, par son histoire, par sa générosité humaine et son message de paix. La postface est tout autant importante (ne faites pas l’impasse), elle éclaire ce que le livre a laissé dans l’ombre de l’histoire tibétaine et chinoise – et c’était inévitable par la nature même de l’histoire.
Août, 13 livres et 1 abandon
Je n’ai pas vraiment redécouvert le plaisir de la lecture ce mois non plus. La canicule, insupportable, la pression de certaines choses que je devais faire mais repoussais, les nombreuses sorties à la rivière, et la série House of Dragon qui m’appelait, tout ça a produit des lectures disparates et peu accrochantes. Avec tout de même trois ouvrages qui rehaussent l’ensemble.

La maison des soleils m’a ennuyée à mourir. Lorsque je songeais à l’abandonner, un passage retenait mon attention et je suis repartie comme ça jusqu’à la fin, consternée. Il semble que je sois passée à côté d’un bijou, si l’on en croit les avis sur Babélio (mais je commence à me méfier de leurs avis, en fait). L’idée de départ était très bonne, c’est la réalisation, le problème, ainsi que l’écriture ennuyante. Bref, un fiasco personnel.
C’est quoi mon genre est le seul livre trouvé en rayon à la médiathèque de ma ville, concernant la transidentité. L’ouvrage est orienté jeunesse, et il a aidé Chouette à se positionner (donc, merci le livre). Il va peu au fond des choses, ce que j’ai regretté (mais peut être expliqué par la cible de son lectorat). Par contre son principal défaut, tellement évitable : encore un ouvrage produit par une personne non concernée. C’est quoi l’idée, là encore ? C’est fatiguant.
Tout le bleu du ciel, de Mélissa Da Costa : j’en ai parlé dans un article précédent, l’écriture est inégale, l’ouvrage à réduire de moitié (800 pages), tout le monde est trop gentil on frôle l’overdose, l’écriture est inégale et les synonymes sont beaucoup oubliés, mais l’histoire a le mérite d’être originale et traitée sans pathos.
Lu sur les conseils de Blanche.
Je revenais des autres, même autrice (et même conseillère enthousiaste), une calamité. Je n’arrive pas à dépasser la situation de départ, ubuesque. Rien que de penser aux 700 pages de la jeune adulte rebelle (de quoi, on ne sait pas trop malgré la tentative d’explication) puis suicidaire, des répétitions évitables (les synonymes s’il te plaît, les synonymes), l’histoire tirée par les cheveux.. je n’ai pas pu. Livre abandonné.
Le manga Terrarium est inégal dans ses tomes, intéressant sans être passionnant.
La toute petite reine est du pur Agnès Ledig : idée de départ why not puis très rapidement ennuyeux, j’ai terminé en diagonale accélérée. Je dois arrêter de faire plaisir à ma belle-mère en lisant cette autrice.. (mais je devrais lui conseiller Mélissa Da Costa).
Feu et Sang, tome 1 et 2 : peu engageants, des faits historiques alignés. Le premier n’aurait pas été si mal s’il avait été seul. Deux d’affilée, j’ai lu mais je me suis ennuyée. Cela reste très intéressant pour comprendre Game of Thrones et en cela, je ne regrette pas ma lecture.
Comint out
Un livre témoignage tirée du podcast du même nom (d’où l’apparition de Spotify sur la couverture). J’ai beaucoup apprécié le style, les conseils, les témoignages de personnes connues et pas, la religion qui complique encore les choses. Que l’un des intervenants soit un grand-père de, qu’il témoigne de son refus puis de sa honte d’avoir refusé l’enfant pour ce qu’iel est.
J’ai regretté qu’il y ai peu de diversité, peu de personnes trans (deux, de mémoire). C’est finalement beaucoup axé sur l’homosexualité. Les autrices parlent d’ailleurs de leur difficulté à obtenir des témoignages, notamment par des personnes racisées (on ajoute une minorité sur une minorité, donc des peurs de parler).
Très touchant.


Écrire comme une abeille
Ce livre est à la fois un ouvrage très sérieux pour comprendre (dans le sens, « apprendre à lire ») la littérature jeunesse et donc par là même savoir comment l’écrire. Il peut sans mal être lu par les personnes voulant écrire pour adulte, les conseils sont largement transposables. Très instructif et bourré d’humour, ça a participé à mon engouement. J’aime vraiment la manière d’écrire de Clémentine Beauvais – j’ai ri plusieurs fois.
À la toute fin, un petit atelier d’écriture est posé (je me suis promis de le faire, j’ai une semaine avant de le rendre à la médiathèque). Je ne songeais pas à l’écriture et n’y songe toujours pas (plus qu’avant), mais quel plaisir à lire !
Pars vite et reviens tard
Je n’ai jamais lu cette autrice, tout simplement parce que les romans policiers ne m’intéressent plus depuis plus de vingt ans (j’en ai trop lu). Je suis, par la force des choses, complètement passée à côté. Pourtant lorsque je travaillais à Relay, je crois que c’était ce que je vendais le plus (j’y ai d’autant fait une résistance).
Celui-ci est donc mon premier de cette série, et lu par l’intermédiaire du challenge solidaire.
Et j’ai compris l’engouement pour Fred Vargas. Pourtant cette histoire est.. étrange, biscornue, difficile de se dire que ça pourrait être une véritable enquête (ça ne tient pas, en fait). Mais côté lecture ça fonctionne, c’est le plus fou mais ça fonctionne.

Les personnages sont bien campés, les répliques excellentes et pleines d’humour, l’ambiance est là, le style est appréciable et j’ai même appris qu’en 1920 il y avait eu la peste à Paris.
Je crois qu’on peut dire que l’histoire est au final peu crédible, mais que les bons moments qu’on passe en la compagnie de Adamsberg et des autres personnages est finalement bien plus important. Je lirai donc bientôt les autres !
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. Littérature : Les incohérences (de Clémentine Beauvais)
. Interview : R.F. Kuang, author of Babel (où il est question des notes de bas de page)
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Ravie que tu ais aimé Babel, d’autant plus que les mauvaises critiques m’avaient vraiment marquée par leur refus de voir.
Je n’ai rien lu d’autres dans ta liste – ah, si, le Vargas, d’ailleurs j’avais tenté de le faire lire à des quatrièmes. Un échec total 😀
Comme d’habitude, je garde ton article sous le coude pour y piocher des idées. Je n’ai strictement rien lu ce mois-ci… (enfin, j’ai deux livres en cours, la lenteur de ma progression, c’est incroyable.)
C’est incompréhensible pour Babel (ou la force du déni…).
Mince pour Vargas, ce bouquin est top ^^ Tu en as lu d’autres, d’elle ?
Il y a des mois à lectures, et des mois à « autre chose ». Et des mois pas faciles, qui relèguent tout le reste fort loin, aussi…