J’ai mis très longtemps à réaliser que je lisais beaucoup et surtout très vite ; il m’a fallu attendre d’être adulte et mon installation sut Twitter (depuis j’ai déménagé) pour comprendre, aux réactions (allant d’étonnées à agacées), que j’étais un peu… boulimique. En général, un livre que je commence est lu dans la journée.
Il y a eu 203 lectures en 2023, notamment des bandes dessinées et des mangas (contre 245 en 2022, une année au quotidien plus apaisé).
J’ai presque l’impression de m’excuser, c’est un peu bête.
Si en décembre j’ai très peu lu – le choc, le deuil, l’appartement – je me suis rattrapée en janvier, avant que la douleur physique prenne toute la place en février.
Décembre 2023 : 6 livres, le seul intéressant étant le manga Les carnets de l’apothicaire (enquêtes à la cour). Même si je ne comprends pas l’intérêt d’avoir réécrit un manga très sympathique aux dessins très beaux dans la première monture, le second est plus sérieux dans son approche, plus vif aussi.
Je rajoute, bien qu’ils n’aient pas été lus en décembre, quelques livres lus en 2023 dont voici le top 6 :

. Les étincelles invisibles, magnifique livre pour comprendre l’autisme de l’intérieur. Si l’histoire est plus tranquille, la plongée dans ce que je vis au quotidien m’a bouleversée. Première fois qu’un livre sur ce sujet me fait cet effet-là, j’ai pleuré.
Je…je perçois les choses avec plus d’intensité. Les sons, les images. J’entends les gens marcher dans la rue, même sans tendre l’oreille. Je vois des tout petits détails que les autres ne voient pas. J’analyse les choses différemment. Et quelquefois (je shoote dans un caillou qui est au milieu du trottoir), quelquefois j’ai beaucoup de mal à « lire » les visages des autres. Parfois, s’ils ne sont pas sincères, je ne comprends pas.
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. Mahmoud et la montée des eaux, il est bouleversant, terrible de beauté et de délicatesse, difficile de souffrance. L’ écriture est magnifique.
Est-ce cela vieillir ?
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Mieux voir hier qu’aujourd’hui ?
Mieux voir jadis que maintenant ?
Chercher à oublier mais voir tout revenir ?
Le passé est une bombe. Il explose.
Eux, c’est cela qu’ils nomment oubli, qu’ils nomment vieillir.
. Le jour où, une série de bande dessinée très zen, reposante, empruntant le chemin du développement personnel. Il faut les lire avec un certain détachement (peu de personnes peuvent voyager autant sans que le compte en banque ait une crise cardiaque) pour profiter pleinement du discours et du graphisme. Avec une préférence très nette pour le tome 4.
Chacun décide de sa réalité… et du quotidien qui va avec.
Janvier 2024 : 26 livres et pas forcément de plus grandes réussites côté lecture. Quelques livres se sont démarqués, que j’ai disséminé dans mes ‘partages’ :
. Se libérer de nos traumatismes (titre original bien plus pertinent, Que vous est-il arrivé ?), un livre formidable et absolument indispensable pour comprendre le SSPT et ses conséquences. Le meilleur que j’ai pu lire sur le sujet pour son approche simple et complète.
. Je serai là ! une bande dessinée de L’homme étoilé. Il parle de sa vocation de soignant, notamment en soin palliatif. Si le premier tome ne m’a pas spécialement touchée, celui-ci est magnifique.
. Le bureau d’éclaircissement des destins, bouleversant. Une étonnante approche de la Shoah que ce livre.
Février 2024 : 11 livres. La douleur a mangé ma concentration, et de fait lorsque j’ai pu lire je me suis tournée vers des ouvrages frôlant le lamentable, mais ayant le mérite de ne pas me prendre la tête. J’ai regretté, c’est ma punition. Les antidouleurs m’ont permis un temps des lectures plus consistantes, heureusement…
. Bodyguards, tome 1 à 4, une catastrophe qui a oublié de passer par l’étape féminisme (et à notre époque c’est incroyable). Je ne sais plus sur quelle recommandation enthousiaste j’ai atterri dans cette série, mais ce n’était pas à suivre. Les couvertures auraient dû me mettre la puce à l’oreille, mais j’aime bien laisser une chance aux livres, on a parfois des surprises incroyables. Pas ici. Enfin, ils se lisent très bien en cas de cerveau indisponible, c’est au moins ça pour eux.
. Exister, un livre intéressant de psychologie sur le sentiment d’exister, l’appartenance au monde, la dépression, le déni de soi.
. Deux ouvrages reçus et lus pour une maison d’édition (méconnue) qui m’a contactée pour faire une critique de leur catalogue. Dispensables. Je doute d’en recevoir d’autres, mes critiques bien que douces, ne sont pas dans l’extase.
. J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry Potter, tout aussi dispensable pour ne pas dire « fuyez ». Un livre mal écrit (ou mal traduit) et pas du tout intéressant, l’ennui le dispute à la consternation.
. Le studio Ghibli, le beau livre où j’ai emprunté l’affiche de Nausicaä pour mon dessin. Une plongée passionnante dans un studio mythique, depuis ses débuts (35 ans !). Les animés sont tous repris, commentés, explorés. Un régal.
. Tracer sa voix : Une ethnocritique du cycle indochinois de Marguerite Duras, j’en ai parlé lors d’un partage. Complexe à lire bien que fort intéressant, il s’agit d’un extrait de thèse. Impressionnant – dans tous les sens du terme.
. Chères douleurs, le meilleur livre que j’ai pu lire jusque-là pour agir sur ses douleurs et les comprendre depuis l’inconscient.
Et parce que mon mari vient de me l’offrir, j’ai terminé le mois en entamant un livre que j’ai déjà lu 15 fois auparavant, je suis définitivement happée par L’élégance du hérisson. Une lecture où je prends mon temps, que je reprends le plus souvent lorsque j’ai besoin de me rassurer, que je ne vais pas très bien. Si certains y voient de l’élitisme, je n’y rencontre pour ma part que l’élégance de son écriture, sa délicatesse dans ses vies abîmées.
Il faut vivre avec la certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas bon, pas gai. Et se dire que c’est maintenant qui importe : construire maintenant quelque chose, à tout prix, de toutes ses forces.
L’élégance du hérisson – Muriel Barbery

C’était un petit tour de mes lectures, où je vous ai globalement épargné les livres à éviter. Comme Le verbe libre ou le silence, longue plainte égocentrée (la préface est écrite par l’autrice, ce n’est donc pour moi plus une préface mais passons) et mal écrite où les premières pages suffisaient amplement à entendre le message. Mais n’ayant globalement pas fait de très bons choix, ou des choix moyens, et qu’il y a le plus souvent beaucoup de livres lus, je préfère les taire – enfin sauf pour ce dernier, visiblement – et me concentrer sur les réussites.
Comme j’aime beaucoup vos articles de blogs concernant vos lectures, j’ai eu l’envie de partager un peu plus les miennes, pour une fois. Je recommencerai peut-être. Je crois que j’avais surtout besoin d’écrire un article éloigné de mes préoccupations actuelles – à refaire, certainement, donc.
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Le Bureau d’éclaircissement des destins a été ajouté à ma wishlist de médiathèque. 🙂 (J’aurais bien ajouté aussi Les étincelles invisibles, mais il n’est pas au catalogue.)
Le « très peu lu » en décembre m’a fait sourire : cela correspondrait plutôt à un pic de lecture dans ma vie actuelle. ^^
Si vous avez une liseuse, je peux vous envoyer l’epub : )
J’aime découvrir de nouvelles et belles lectures.
Merci pour ces partages variés.
Je lis moins que je le voudrai, mais la vie est foisonnante et j’en profite sur le moment. Il y aura un jour des temps plus calmes pour cela.
Belle semaine et au plaisir
Ravie d’avoir partagé, alors : )
Ce n’est pas simple de créer la place dont on a besoin, pour la lecture, la création ou simplement pour soi. Le monde va bien vite, parfois, l’important finalement est d’y être bien.
Belle semaine à toi aussi !