Aujourd’hui, mon plus jeune devient un peu plus grand encore : il fête ses douze ans d’existence en ce monde. C’est un enfant décidé, sûr de lui et fragile, fonceur et inquiet. Il a quelques traits autistiques marqués, profondément littéral, passionné par les dinosaures au point de corriger les erreurs dans des livres ou des documentaires, il est complètement décalé mais suffisamment ancré pour être hyper sociable. Il a créé et anime son propre jeu de rôle, adore l’univers de Dungeons & Dragons. Il aime beaucoup les bijoux, il porte des bagues et des pendentifs, il souhaite se faire percer les oreilles. Il a les cheveux longs, une seule fois coupés aux pointes, d’immenses yeux bleus, et puis… une petite taille. Il grandissait, grandissait tant et plus, portait du six ans à deux ans et demi et soudain il s’est arrêté de grandir. Juste comme ça. Et j’ai manqué de creuser une piste mentale, je n’ai pas réalisé qu’il pouvait y avoir quelque chose à chercher, et peut-être, il n’y a pas…? toujours est-il que la dernière fois que nous avons changé de vêtements c’était il y a deux ans et qu’il a désormais un décalage de trois ans attendus pour son âge. Dans un mois et demi, jour de mon anniversaire (les coïncidences parfois…), nous avons rendez-vous avec un spécialiste sur les retards de croissance, à 1 h 30 de chez nous. Il n’y a rien d’inquiétant dans ce retard à priori, il s’agit d’un simple rendez-vous de contrôle pour être sûr que nous ne passons à côté de rien.
Tout ceci ne change rien au fait qu’il continue de grandir en âge et que finalement, c’est la seule chose qui importe vraiment. Souvent j’ai cette pensée que c’est un miracle que nous l’ayons mené jusque-là, cet enfant casse-cou sans aucun sens du danger. Le nombre de fois où on a eu peur, où on a pensé que là il allait passer par-dessus bord, où on a couru comme des fous pour l’attraper au dernier moment. À le surveiller comme le lait sur le feu et à le voir nous échapper, pourtant.
Un feu follet, ce gamin.
Il avait huit heures de vie lorsqu’il s’est retourné sur le matelas à la force de ses bras, passant de « sur le ventre », à « sur le dos ».
À deux mois et demi, il tenait assis.
À un an et demi, il se baladait en trottinette.
Tu fais quoi d’un enfant aussi éveillé et tonique ? Eh bien, tu peines à suivre et tu cours sur quelques années, jusqu’à ce qu’il s’apaise – un peu. Parfois je me demande, est-ce qu’il a senti mes crises de douleurs, lorsque je l’attendais ? Est-ce qu’il y a un lien dans son urgence de vivre ? Je ne le saurai jamais.
Si j’avais eu, à l’époque, le recul que j’ai aujourd’hui sur l’état de la planète ou si j’avais su de quelle maladie j’étais atteinte et le risque pour eux, il est certain que je n’aurais jamais envisagé de faire un second enfant (pas davantage de premier). Mais alors je n’aurais jamais rencontré cet être merveilleux et câlin, et ce n’est tellement pas envisageable..

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<3
Très très beau et touchant.
Oui, quand je pense au « si j’avais su » je me fais la même réflexion. Il y a des rencontres qui changent fondamentalement le cours de nos destins.
Bel anniversaire à lui avec plein de belles choses à aimer encore et découvrir toujours.
Mais tellement..
Merci, à ton grand également <3