Depuis la mort maternelle, toutes les nuits je rêve ou cauchemarde, c’est selon l’intensité, qu’un de mes enfants, les deux, mon mari, ou les trois, meurent (premières semaines) ou disparaissent (semaines suivantes).
Cette nuit j’ai eu une variante qui me laisse profondément perturbée : j’ai disparu. Au départ imposé – je me faisais enlever – c’est ensuite volontairement que j’acceptais de disparaitre pour sauver ceux que j’aime. Et cette disparition n’était pas un simple retirement, j’acceptais de basculer dans la mort et m’effacer aux yeux des vivants.
Je ne sais pas quoi faire de ça.
Je veux dire. Je sais ne pas exister correctement, je sais comme je me retire parfois d’amitiés, je sais comme j’ai de la difficulté à vivre dans la société et n’avoir que peu d’activités, de fait, sociales. Je sais aussi que souvent les amitiés se retirent sans moi, et que je ne sais pas, ne comprends pas le silence de certains – et ne sais pas me rendre visible auprès d’eux.
Je revois cet effacement dans mon rêve, comme à devenir fantôme puis rien, absente. Le vide. Jamais été là. Et je ne sais pas quelle partie de moi je suis en train, actuellement, d’effacer. Ni même s’il s’agit d’un fait ou d’une mise en garde, d’ailleurs. Je me connais suffisamment pour savoir que ma remise à l’écriture est certainement liée à ce soudain changement de direction onirique – puisque nous y sommes, travaille donc là-dessus.
Est-ce qu’on peut disparaitre d’être trop dans sa tête, est-ce qu’on peut disparaître d’autisme, est-ce que le monde peut arrêter de nous voir simplement parce qu’on se tait trop souvent, qu’on ne sait pas jouer selon les codes ? Est-ce cela la vie, une disparition avant la mort réelle ? Est-ce que vivre m’effraie, alors ? Est-ce qu’on peut disparaître d’avoir des nuits trop vastes et pas suffisamment de regards où se poser ? Je sens comme c’est à mettre en lien avec tous les autres rêves où je les perds eux et où visiblement je n’ai rien compris puisque, chaque nuit. Je ne saisis pas davantage celui-là, pourquoi ça blesse autant, ce qui est mort. J’ai appris à me tenir en objet, en chose invisible, pas à vivre. Est-ce là juste, ce qu’il me faut entendre..? Comme je suis invisible ?
Je marche entre les morts et les absents, me demande où poser les pieds.
– et pourtant je sens comme je n’approche pas de ce que mon inconscient cherche à me dire depuis 45 jours.
Je dors par éclats de sommeil, il se disperse au matin sombre. Je le nommerais ainsi si je devais poser des mots, le dénuement face aux rêves et l’enfance en lambeaux. Je devrais les retenir en les écrivant mais je m’obstine à penser que je vais me rendormir et je ferme les yeux sur ce vide d’eux, ou cette fois de moi, dans un manque flagrant de lucidité. Mes rêves n’attendent sans doute que d’être écrits.
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. En lecture : Le bureau d’éclaircissement des destins, Gaëlle Nohant
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J’écoute ta playlist de janvier.
Jim Perkins m’a aimantée tout de suite, je l’ai ajouté à ma playlist (hivernale, évidemment) ; là c’est Cathedrals puis Dillon, merci pour ce partage ! (en revanche Riders Connection était beaucoup trop ragga-lumineux-funky-bruitiste pour moi :P) J’ai aussi ajouté Le bureau d’éclaircissement des destins à mes livres à lire sur Babelio.
Je ne peux pas commenter ton billet, mais ton écriture ne cesse de créer des échos en moi.
Merci d’avoir écouté, Spotify est pénible d’accès par le blog..
Je suis contente que certaines t’aie plu ! Ah je reconnais, j’écoute parfois des ovnis. Celle de Riders Connection est un pont entre la musique que j’écoute et celle de mon mari (plus jazz, reggae et d’autres inclassables qui ne sont pas ma tasse de thé habituellement).
Concernant le livre, si tu as une liseuse je peux t’envoyer l’epub (il mérite d’être lu, vraiment).
J’espère que les échos sont une belle chose ?
Les échos sont toujours une belle chose 🙂
J’ai une liseuse en effet, ce serait avec grand plaisir ! Et merci de proposer, c’est adorable !
Parfois les échos peuvent être douloureux..
C’est avec plaisir ! Je t’ai envoyé le livre : )
C’est vrai que les échos peuvent être douloureux. Mais ce que je trouve beau, c’est de résonner avec autrui. Je préfère avoir mal par effet-miroir que de me croire seule.
Merciii pour le livre ! Je voudrais t’envoyer un petit mot par mail, mais ce weekend c’est Portes Ouvertes au bahut, et la semaine prochaine inspection, j’ai peur de trop tarder, alors je profite de mon passage ici, pour l’instant. Merci donc, pour cette attention <3
Je comprends tellement.. c’est précieux.
Avec plaisir pour le livre ! We et semaine bien chargée ^^