Dans cette lumière et ce silence, des années de fureur et de nuit fondaient lentement. J’écoutais en moi un bruit presque oublié comme si mon cœur, arrêté depuis longtemps, se remettait doucement à battre. Et maintenant éveillé, je reconnaissais un à un les bruits imperceptibles dont était fait le silence : la basse continue des oiseaux, les soupirs légers et brefs de la mer au pied des rochers, le chant aveugle des colonnes, les froissements des absinthes, les lézards furtifs. J’entendais cela, j’écoutais aussi les flots heureux qui montaient en moi. Il me semblait que j’étais enfin revenu au port, pour un instant au moins, et que cet instant désormais n’en finirait plus.
Albert Camus
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Les mots de Camus sont toujours réconfortants. D’une manière ou d’une autre ils me touchent.
J’ai détesté le lire au lycée, sans doute je n’étais pas prête (jamais été à l’aise avec les lectures imposées de toute façon). Maintenant je trouve ses mots magnifiques.