Je ne sais pas, ce qui a changé, je veux dire, le point de départ.
Est-ce ma colère, violente, à la lecture de Trois (Valérie Perrin, un très bon livre au demeurant), suivi de très proche par un film avec le même résultat : le harceleur-violeur-mari-violent meurt. Comme si c’était la seule option possible pour s’en sortir, et j’en sais quelque chose. Et peut-être bien que ça l’est, et c’est ça justement qui m’a mise dans une grande rage. On s’en sort comment, dans la vraie vie, à part en crevant sous leur folie ? La rage, bordel. Je ne suis pas représentative de ce qui se joue réellement, la mort n’est pas de leur côté, mais du nôtre.
Est-ce la diminution de l’anti-dépresseur, me permettant d’avoir accès à mes émotions justes, davantage réelles, de toucher du doigt les larmes retenues depuis près de trois ans.
Est-ce d’être retombée dans les livres, de renouer avec cet accompagnement si fin de celle que je suis, d’apprendre encore et toujours.
Est-ce la maison qui s’approche, devient tangible, et la promesse de jours meilleurs, plus solitaires, la ruche bientôt prête, l’habitat pour les chauves-souris installé par mon beau-père suite à mon souhait exprimé à haute voix, le nid pour oiseau en préparation.
Est-ce le froid qui emporte tout et la tiédeur légère qui prend sa place, le soleil qui apaise et les envies créatives inhérentes.
Je ne sais pas. Je sais qu’il y a eu un déclencheur précis, la rage, peut-être bien.
Un coup de pied tout au fond de la mare.
Je remonte.
Je crochète, je lis, j’apprends, je me rapproche des arbres, je découpe, je colle, j’écris.
Peut-être ai-je eu besoin de tout ce silence et qu’à la fin, ce silence, il était si fracassant j’ai eu besoin de le briser.
Je ne sais pas. Je crois, je me suis empêchée de m’entendre, c’était trop douloureux.
Je sais, je sais que ce n’est pas la première fois que je me relève ni que je tombe ni que je me remets debout.
Je le sais.
Je sais aussi que cette fois, jamais jamais je n’étais tombée si bas, au point de devoir avaler des pilules, des silences, des larmes, avec du fracas plein les rêves.
Je croise les doigts peut-être un peu trop fort ; j’ai tant de choses à vivre, et mes mains se réveillent..

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Il y a des livres, des récits, des histoires qui viennent nous remuer les tripes et alors on plonge et ça nous bouscule et c’est compliqué de savoir où on se situe dans ce marasme.
Courage
Et puis on s’aperçoit de tout ce que ça a bouleversé, changé de place, et on prend toute la mesure de la claque de ce livre. Cela me fascine chaque fois.