Les larmes d’hier (sur un documentaire qui m’a replongée dans mes 14 ans, essayez donc de comprendre le lien et le pourquoi des larmes, moi je n’y suis pas arrivée) ont dénoué quelque chose, un trop-plein sans doute qui ne craquait pas, ne s’échappait pas, restait coincé là, entre les heures noires passées (les nuits, anciennes) et présentes (la nuit). Je me suis réveillée à 7 h 30, j’avais donc réellement dormi cette fois bien qu’il me manque encore du repos. Je crois, il reste quelques vagues à écouler – et de l’encre.
J’ai (dé)laissé le travail en cours, évidemment. Comme je ne sais pas comment l’attraper, je m’enferre et lâche. Maintenant que je suis en train de voir comme je me disperse, je vais au moins commencer par m’attaquer à cet angle : me canaliser. Je m’observe depuis quelques jours et je suis consternée. Ce que j’ai toujours mis sur mon côté tête en l’air est proprement aliénant.
Hier, je rentre du jardin avec des plantes que je pose sur la table, et que j’oublie. L’homme me demande de m’en occuper, je reviens en cuisine, je gère le thym, tombe sur un brin de mélisse échappée, me pose une question sur la mélisse et vais m’asseoir à l’ordinateur pour obtenir une réponse. Sauf qu’à la place, je réponds à quelqu’un. L’homme me rappelle les herbes, je retourne en cuisine… et retombe sur la mélisse. Je retourne à l’ordinateur, je fais ma recherche (je suis concentrée cette fois), mais je ne reviens pas pour les herbes -_- La suite s’est mieux passée, j’ai fait un effort de concentration poussée. Il dit que je fais ça tout le temps, pour tout. La fatigue dûe au manque de sommeil a dû m’aider, ceci dit, à perdre le fil.
Ce qui m’a permis de réfléchir aux situations où je m’en sors très bien, comme écrire. Sauf que j’ai développé des astuces sans m’en apercevoir : je fais des listes (beaucoup), j’écoute de la musique, casque sur les oreilles. Elle me canalise, je n’entends rien de ce qu’il se passe autour qui pourrait me détourner de ce que je fais, je reste concentrée, c’est simple.
J’ai du travail, en somme…
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. PDF : Autistes et non-autistes, mieux se comprendre
. Citation : Levi strauss dans Le monde, en 1979
J’ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d’abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d’extermination, cela s’inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirai-je, presque dans son prolongement naturel. Puisque c’est, en quelque sorte, d’une seule et même foulée que l’homme a commencé par tracer la frontière de ces droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s’est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l’espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines d’autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer entre espèces vivantes humaines et non humaines. Véritable péché originel qui pousse l’humanité à l’autodestruction. Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières que l’humanité s’attribuerait en propre, car, alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres. Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle : l’homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait ainsi à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l’humanité même.
. Musique : Tief im ward – Kiki Rockwell
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